Bien qu’essentiellement économique, la finalité du Plan d’Urgence de Nabni 2016-2018, est d’engager le virage qui permettra au pays d’atteindre ses objectifs de justice sociale et d’emploi. De permettre de financer le développement social, de maintenir l’idéal de justice sociale et de juste redistribution des richesses. D’autres secteurs, tels la santé, l’éducation et le logement mériteront néanmoins un plan d’urgence dédié, selon Nabni.
Le collectif Nabni a proposé, ce mardi au siège de Interface Médias l’éditeur du site économique Maghreb Emergent, un ensemble de réformes économiques et sociales à même de contrecarrer les conséquences de la baisse des cours mondiaux du pétrole sur l’économie nationale. Baptisé « Abda' » (Je commence), ce plan, suggéré pour la période 2016-2018, propose de concentrer les efforts sur une liste de douze chantiers prioritaires liés notamment à la promotion de l’investissement productif, la révision de la politique des subventions et la modernisation de l’administration, a indiqué Abdelkrim Boudraa un des membres de ce collectif lors d’une conférence de presse. Pour les concepteurs de ce plan, ces actions doivent être menées de façon à mettre fin aux dépenses « inefficaces et coûteuses », bâtir les fondations d’une action publique transformée, engager les réformes les plus difficiles et accélérer les chantiers en suspens. Pour renforcer l’investissement productif, le collectif met l’accent sur l’accélération des réformes bancaires et l’engagement d’une « profonde réforme » de la gouvernance des entreprises publiques.
Les experts du Think Tank alertent que » la chute du prix du baril ne rend que plus visible l’iceberg ou les sérieuses difficultés auxquelles le pays sera confronté. Nous faisons face, comme en 1985, à un nouveau choc pétrolier et les indicateurs économiques suffisent à prendre la mesure de l’urgence de la situation ». Pour eux, le statu quo n’est pas soutenable : le Fonds de Régulation des Recettes s’épuisera autour de 2017, de même que les réserves de change -qui fondraient à $9 milliards dans quatre ans si le baril chutait à $50. Le solde de la balance des paiements est devenu négatif en 2014. Les tentatives de diversification ont échoué, selon Nabni. La compétitivité et le climat des affaires ne cessent de se dégrader. Les investissements directs étrangers sont en baisse.
En 2020 l’Algérie n’aura plus de gaz à exporter!
Ces universitaires déplorent que la réaction des pouvoirs publics face à la crise n’augure pas d’une prise de conscience de la gravité de la situation. « Peut-être qu’au cours de la décennie 2020 nous n’aurons plus de gaz à exporter », préviennent-ils. Pour aussi catastrophique que la situation du pays soit, il n’est pas question d’agir dans la précipitation pour remédier aux symptômes de cette baisse durable de nos recettes d’exportation, recommandent les experts de Nabni. « Il ne s’agit pas non plus d’entamer un plan d’austérité et de freiner les investissements et les projets de développement de notre économie. Le problème est plus profond et n’est pas conjoncturel », alerte Abdelkrim Boudraa membre de Nabni et co-présentateur du rapport.
Dans le chapitre social, Nabni propose un ciblage dans les subventions et les transferts sociaux: « Il y a trop d’argent public qui est distribué », a relevé Mabrouk Laïb, autre membre de Nabni, estimant que la politique des subventions actuelle profite plus aux plus riches qu’aux nécessiteux. « Nous ne suggérons pas de renoncer au soutien des catégories démunies et nous ne proposons pas des mesures libérales drastiques. Bien au contraire, nous disons qu’il faut bien gérer l’argent public car nous n’avons plus les moyens pour gaspiller », a estimé de son coté Abdelkrim Boudraa, porte-parole du Think Tank.
Mettre en place les jalons d’un changement de voie durable
Conformément aux propositions du rapport NABNI 2020, il s’agit pour Lies Kerrar et Mabrouk Laib deux experts du think Tank, de commencer à mettre en place les premiers jalons d’un changement de voie durable. Avec le défi d’obtenir des résultats tangibles au bout de trois ans. Pour cela, ces experts proposent un plan qui vise à contribuer trois objectifs : le premier consiste à amorcer la diversification économique— impulser la diversification économique par l’investissement productif et accroître la création d’emplois et la croissance des revenus ; le second objectif consiste à rétablir la soutenabilité budgétaire et financière de notre économie —développer de nouvelles sources de recettes pour l’Etat, réduire les dépenses à un niveau soutenable par exemple, en ramenant le prix d’équilibre du budget de l’Etat à 65-70 dollars d’ici 2018 ; et rééquilibrer notre commerce extérieur ;
Le troisième objectif vise à améliorer sensiblement l’efficacité des politiques publiques et la gouvernance— amorcer des changements dans la gouvernance publique qui permettent d’avoir un impact dans tous les domaines des politiques publiques. Les experts de Nabni exhortent les pouvoirs publics d’arrêter ses politiques inefficaces et coûteuses. Ils suggèrent par exemple de décaler la programmation de certains grands projets d’infrastructure et geler la croissance réelle des dépenses de fonctionnement jusqu’en 2018. D’interrompre les subventions indues, les niches fiscales et autres transferts inefficaces aux entreprises privées et publiques. et bâtir les fondations d’une action publique transformée en engageant un bond de transparence et d’accès à l’information publique.