Pour le Koweït, qui produit 3,126 millions de barils/jour (3,7 % de la production mondiale en 2014), un tel sommet serait inutile en l’absence d’engagement des Etats non-membres de l’Opep à baisser leur production dans le but de stabiliser les prix.
« L’organisation d’un sommet des pays de l’OPEP et des producteurs de pétrole non OPEP, comme suggérée par le Venezuela, serait inutile, étant donné que les producteurs indépendants (hors Opep, NDR) ne sont pas soumis à la réduction de la production », a déclaré lundi le ministre koweitien du Pétrole, Ali Al Omair, Kuwait News Agency. Pour lui, le problème est « l’absence d’engagement de la part des pays hors OPEP sur ce qu’ils offriraient pour la stabilité des prix ».
« Si jamais on arrivait entre pays de l’Opep à nous accorder sur une réduction de la production pétrolière, les pays hors cartel ne seront tenus par cette réduction. Cela nous ferait perdre des parts de marché et des possibilités qui seront difficiles à compenser », a expliqué Ali Al Omair à l’agence de presse koweïtienne.
Pour rappel, en ce mois de septembre, beaucoup de pays, à l’instar de la Russie, du Qatar, de l’Iran et du Mexique, ont fait part de leur disponibilité pour l’organisation de ce sommet d’urgence.
Les revenus du Koweït ont enregistré entre avril et août 2015 une baisse de 42,5% par rapport à la même période de 2014, à cause de la division par deux du prix du baril de brut sur les marchés mondiaux. La chute des revenus extérieurs de cette monarchie pétrolière l’a poussée à établir son budget sur la base d’un prix de 45 dollars le baril, contre 75 dollars pour le précédent exercice. Les observateurs, rapporte l’AFP, prévoient un déficit de son budget pour 2015/2016 de 7 milliards de dinars koweïtiens (23.17 milliard de dollars), le premier déficit depuis 1999/2000.
Les monarchies pétrolières souffrantes mais opiniâtres
Hormis le Qatar, qui s’est déclaré favorable à l’organisation d’un sommet d’urgence entre les pays de l’Opep et les pays hors Opep, les autres Etats pétroliers du Golfe trouvent « inutile » la tenue d’une telle réunion. Pourtant, ils ne sont pas au meilleur de leur forme économique.
La semaine dernière, le Bahreïn, qui ne produit que 42.000 b/j, a décidé de réduire le nombre de ses ministères par mesure d’austérité. Selon le ministre bahreïni de l’Information, « le gouvernement mène déjà des consultations sur la nouvelle structure ministérielle, ainsi que sur ceux qui seront réduits ou réformés », rapporte la chaîne Russia Today, qui précise que le pays s’attend à un déficit de 3,8 milliards d’euros en 2015, tandis que le budget initial adopté en juillet dernier tablait sur un déficit de 800 millions d’euros seulement.
Fidèle allié de l’Arabie saoudite, ce pays reste aligné sur la position de son grand voisin, lequel, en dépit d’un énorme déficit budgétaire annoncé par le FMI pour 2015, refuse toujours un sommet d’urgence des producteurs mondiaux de pétrole.