Comment Ouyahia chante les exportations en bloquant les exportateurs - Maghreb Emergent

Comment Ouyahia chante les exportations en bloquant les exportateurs

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Ahmed Ouyahia fait dire aux chiffres des vérités qu’il est le seul à croire.  En effet, dans une déclaration à la presse à l’ouverture de la 27ème édition de la Foire de la production algérienne (FPA) au Palais des expositions à Alger, il a déclaré que « les exportations algérienne sont en bonne santé » et que « l’exportation figure aujourd’hui dans la culture de l’entrepreneur algérien aussi bien public que privé ».

 

 

Ce faisant, il s’est félicités des résultats obtenus en citant, entre autres exemples de réussite en matière d’exportation, l’exportation de ciment et de produits électroménagers, notamment par les Groupe Gica et Condor, considérés par le Gouvernement comme étant les géants algériens de l’exportation. Or, ces exportations sont très modestes.  « En 2018 nous avons réalisé 26 millions de dollars d’exportations, soit une croissance de 100%, par rapport à l’année 2017, où on avait fait 13 millions de dollars à l’export », affirme Adel Hadji, responsable chez Condor. Quant au Groupe Gica, il a fait une première opération d’exportation de ciment qui a été évalué à seulement 1.6 millions de dollars. Mais pas seulement.

Car, en plus de leur modestie en valeurs et en quantités, ces exportations sont très discutables, voire contestables, selon l’expert financier Ferehat Ait Ali qui y voit une opération « de pillage pur et simple de l’économie ». « Les entreprises dont parle Ahmed Ouyahia importent des produits finis en dollars de la Banque d’Algérie, et les réexportent en l’état sans aucune transformation, au même prix majoré de 1 ou 2% et ils partagent 50/50 les devises de l’exportation avec la Banque d’Algérie. Ce qui fait qu’ils achètent de la devise au cours officiel par importations et exportation du même produit.

Lafarge exporte du ciment moins cher que son prix local et même celui importé en même temps. Je  mets au défi quiconque, y compris le Premier Ministre, de rendre publics les chiffres effectifs de ces exportations : quantités, positions tarifaires et prix d’exportation, et le prix d’importation des Kits électroniques des mêmes produits exportés. Les chiffres sont éloquents. Pour l’électroménager, quand je dis Kit, c’est juste le nom douanier, sinon c’est des produits finis et même emballés. Quant au ciment, qu’il nous éclaire sur le prix de la tonne exportée, et pas la peine de mentir puisque  j’ai les chiffres exacts pour 2017,» explique-t-il en soulignant qu’il existe un seul exportateur algérien à avoir exporté plus d’un milliard de dollars ces dix dernières années, Cevital en l’occurrence, et c’est tout le monde qui lui tire dessous.

 

« Débloquer Cevital est un message d’encouragement aux exportateurs »

 

Au moment où le Premier ministre chante les exportations effectués par certains groupes privés et publics auquel il promets toutes les facilitations, il garde les yeux fermés sur le blocages des projets du Groupe Cevital qui est le deuxième exportateur après la Sontarach . En effet, avec plus de 150 millions de dollars par an d’exportations et un potentiel permettant d’attendre les 2 milliards de dollars en 2022, le Groupe Cevital peut constituer la locomotive de la stratégie algérienne d’exportation. Or, la majorité des ses nouveaux projets d’investissements sont bloqués et le groupe est sans cesse attaqué, ce qui va à l’encontre du discours volontariste du Gouvernement. «  Il n’est pas crédible de parler de la promotion des exportations quand on bloque, on sabote le premier exportateur algérien. Le Groupe Cevital fait ce que toutes les entreprises algériennes ambitieuses auraient du et doivent faire, raisonner marché mondial. Il représente aujourd’hui un modèle à suivre et il est le seul à pouvoir développer sensiblement ses exportations puisque il maîtrise tous les mécanismes d’exportation et il a la force de frappe nécessaire pour s’imposer à l’international. Débloquer les projets de Cevital est le meilleur message d’encouragement à adresser aux exportateurs, » recommande Lounes Hami, enseignant d’économie à l’Université de Tizi-Ouzou.

 

 

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