Les grandes firmes, qui dominent l’activité minière au niveau international, ne s’accommoderont certainement pas de la règle des 49/51%.
Sur le marché officiel, un euro vaut 117,33 dinars tandis que sur le marché parallèle, la monnaie nationale continue à dégringoler : un euro valait 150 dinars puis 165 dinars et actuellement il vaut plus de 180 dinars.
Environ 70% de la valeur du dinar est corrélée aux réserves de change, elles-mêmes provenant des hydrocarbures. Il existe une corrélation entre, d’un côté, la baisse des recettes de Sonatrach, la baisse des réserves de change (du fait de l’incompressibilité de la majorité des rubriques des importations de biens et services) et, de l’autre, la baisse du cours officiel du dinar, le marché parallèle amplifiant la dépréciation. En cas de baisse des réserves de change à 20 milliards de dollars, et en cas de non-dynamisation de la section hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, le cours officiel du dinar s’effondrera davantage avec un écart encore plus grand avec le marché parallèle.
Il faut éviter, toutefois, la sinistrose et les discours alarmistes. L’Algérie, du fait de ses réserves de change et avec une dette extérieure inférieure à 4 milliards de dollars, peut dynamiser les sections hors rente (agriculture, tourisme, nouvelles technologies, certains segments de l’industrie). Elle peut le faire sous réserve d’une bonne gouvernance et d’une réorientation de la politique socio-économique, et dans le cadre des valeurs internationales car nous sommes à l’ère de la mondialisation.
Où trouver l’argent promis par le gouvernement ?
A un cours moyen du baril de brut de 50 dollars les recettes de Sonatrach s’établiraient à 27 milliards de dollars et son profit net (après la déduction de 20% de coût) à 21-22 milliards de. A 40 dollars le baril, le prix de cession du gaz étant indexé sur celui du pétrole, ses recettes s’établiraient à 21 milliards de dollars et son profit net à 16-17 milliards de. Or, Sonatrach a prévu un investissement de 100 milliards de dollars sans compter 30 milliard de dollars de Sonelgaz pour 2015-2020 et le ministre de l’Industrie, après des dizaines de milliards de dollars d’assainissement depuis 1970, pour El Hadjar a annoncé un investissement de 2 milliards de dollars. En plus, où avoir le capital argent, des dizaines de milliards de dollars, qu’annonce le ministre de l’industrie dans les mines, avec la règle des 49/51%.
La règle 49/51% une entrave à l’investissement étranger dans les mines
La filière mines est internationalisée et quatre à cinq firmes internationales contrôlent le marché mondial pour ces produits, qui sont régis par les règles de l’Organisation mondiale du commerce (85% de la population mondiale et 97% du commerce international). Devant éviter les utopies des années 1970 se pose cette question : quelle part le montant de l’investissent supporté par l’Algérie, et à quel coût produira-t-on ? Certainement, ces firmes ne s’accommoderont pas de la règle des 49/51%.
Le risque est fort d’une dépendance plus accrue
Entre 1978 et 1979, pour le gouvernement de l’époque, j’ai eu l’honneur de rédiger, avec bon nombre d’experts, le bilan du processus d’industrialisation : beaucoup de réalisations mais également beaucoup d’insuffisances. La vision « autarcique », mécanique de certains responsables actuels, qui croient qu’un changement d’organisation et le capital-argent résolvent tout, a besoin d’être réexaminée car il s’agit d’une vision bureaucratique rentière du passé.
L’Algérie doit tenir compte des nouvelles mutations mondiales, où l’économie de la connaissance et la bonne gouvernance sont le fondement de tout processus de développement durable. Autrement, le risque est fort d’accélérer l’épuisement des réserves de change et de conduire le pays vers une dépendance plus accrue.
(*) Pr Abderrahmane Mebtoul est expert international.