Depuis l’émission de la note d’avertissement du Quai d’Orsay, comptant le Maroc et la Tunisie parmi les 40 pays à risque pour les ressortissants français, les incertitudes planent sur le secteur touristique des deux pays maghrébins où la clientèle française la plus « affluente ».
Depuis l’enlèvement et la décapitation du touriste français, Hervé Gourdel dans les montagnes de Kabylie en Algérie, le secteur du tourisme au Maroc et en Tunisie, principales destinations des touristes français, a accusé le coup.
Conséquence de ce drame, revendiqué par un groupe terroriste se réclamant de Daech, les deux pays ont enregistré une baisse d’environ 15 % des fréquentations des touristes, selon les professionnels du secteur.
Et Le Quai d’Orsay en serait responsable, après avoir appelé les touristes français à faire preuve de la plus grande vigilance dans une quarantaine de pays, dont la Tunisie et le Maroc, au lendemain de la capitation d’Hervé Gourdel.
Les voyagistes français étaient les premiers à avoir exprimé leurs inquiétudes en appelant à « clarifier la situation sur la Tunisie, le Maroc ou l’Egypte ». « Il y a un risque d’amalgames nuisible au tourisme », avait réagi Jean-Pierre Mas, président du syndicat national des agents de voyages (SNAV) au lendemain de la publication du warning français.
Le Maroc monte au créneau
Les deux pays du Maghreb dont la principale clientèle vient de France ont réagi différemment à cette chute du secteur touristique qui représente une entrée importante de devise. Le Maroc a aussitôt installé une cellule de veille pour scruter les implications du warning du Quai d’Orsay, avant de monter au créneau.
L e ministre de l’Intérieur du Maroc, Mohamed Hassad a appelé, jeudi, la France à retirer le Maroc de la liste des pays où elle appelle ses ressortissants à une « vigilance renforcée » en l’assimilant à une « réparation » d’une « injustice ».
Le ministre qui fustige une décision « totalement incompréhensible », a estimé qu’« avant de déclasser le Maroc, il faudrait d’abord s’occuper du classement des risques en France ». « Aujourd’hui, je ne suis pas certain que la France soit plus sûre que le Maroc. », a-t-il déclaré dans un entretien au journal l’Economiste.
Si le Maroc s’alarme tant, c’est que le secteur du tourisme qui représente près de 8 % du PIB national a besoin des touristes français, la première clientèle du Maroc avec près de deux millions de visiteurs par an, soit près de 20 % des flux touristiques attendus cette année.
Ne pas rompre la reprise fragile du secteur
La Tunisie n’est pas en reste. Le développement du secteur du tourisme est placé parmi les priorités de la stratégie du gouvernement ainsi que dans les programmes électoraux des partis politique ; sa contribution dans le PIB avoisine les 7 % et fait vivre un demi million de personnes dans le pays.
Une baisse des flux touristiques romprait la reprise déjà fragile du secteur après la révolution de 2011, ce qui aurait un effet d’entrainement sur toute l’économie du pays. Conscient de cet enjeu, le gouvernement a multiplié les assurances et les campagnes de promotion.
«Depuis la révolution, il y a trois ans, aucun touriste n’a été touché, et nous mettons tout en œuvre comme gouvernement pour que ça reste comme cela», a déclaré la ministre tunisienne du Tourisme, Amal Karboul quelques jours après la note du Quai d’Orsay.
Le gouvernement a martelé aussi que les dispositifs sécuritaires ont été renforcés autour des zones touristiques qui sont « particulièrement » protégées.