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Hydrocarbures

Congrès mondial de l’Energie à Istanbul: quelles perspectives pour le prix du pétrole? (Opinion)

Par Maghreb Émergent
octobre 9, 2016
Congrès mondial de l’Energie à Istanbul: quelles perspectives pour le prix du pétrole? (Opinion)

Le Congrès Mondial de l’Energie (CME), se tient à Istanbul en Turquie les 10/13 octobre 2016, le dernier congrès s’étant déroulé à Daegu (Corée du Sud) en octobre 2013, et ce à la veille de la COP22, qui se tiendra prochainement Maroc, la majorité des pays ayant ratifié les accords de la COP21 qui s’est tenu à Paris. Que faut-il en attendre?

 

 

Il est  le premier événement multi-énergétique mondial et  rassemblera environ 5 000 participants venus des différentes régions du monde : des membres du CME, des leaders et des spécialistes de l’exploitation du secteur énergétique, des ministres, des dirigeants d’organisations internationales, des chercheurs, des dirigeants et décideurs politiques mais aussi les médias et les personnes concernées par le développement énergétique durable. A cette occasion, mais rien n’est encore décidé il est prévu une réunion informelle des pays OPEP et non OPEP notamment avec la Russie

 1.-Bien que les pays membres de l’OPEP se sont entendus à Alger d’aller vers une stabilité du marché, il est reconnu au vu des réactions du marché, bien qu’ayant gagné 5/6 dollars que la baisse de 700.000 barils est insuffisante pour une stabilisation des prix entre 50 et 60 dollars le baril, encore que la répartition de ce quota se fera à Vienne lors de la réunion officielle de l’OPEP à Vienne le 30 novembre 2016.

 La réunion extraordinaire de l’OPEP, tenue fin septembre à Alger, qui a été une réussite de la diplomatie économique de l’Algérie, a décidé de réduire la production globale de l’Organisation à une fourchette comprise entre 32,5 et 33 millions de barils par jour. Les décisions prises lors de cette réunion n’engagent jusqu’à l’heure, que les pays de l’OPEP.

 Aussi, en   marge de ce Congrès, une réunion informelle entre l’OPEP et la Russie pourrait se tenir afin de tenter de trouver un accord entre les producteurs OPEP et non-OPEP de nature à stabiliser les marchés de brut.

 La Russie, deuxième producteur mondial de pétrole, est disposée à coopérer avec les pays OPEP à condition selon les officiels russes qu’s’ils s’entendent entre eux notamment entre l’Iran et l’Arabie saoudite, n’étant pas question pour l’instant que la Russie abaisse sa production.  Le quota théorique retenu (mais rarement respecté) par l’OPEP représentant entre 33/35% de la production commercialisée mondiale, 67 à 65% se faisant hors OPEP est le suivant sur un total programmé de   33,106 millions barils jour

 

-Arabie saoudite 10,447 millions de barils/jour

-Irak                       4,320

-Iran                       3,629

-Emiraties              2,946

-Koweït                 2 ,783

-Venezuela            2,095

-Angola                 1,782

-Nigeria                 1,508

-Algérie                 1,087

-Indonésie             0,737

-Qatar                    0,662

-Equateur               0,548

-Libye                    0,304

-Gabon                  0,320

 Soit au total 33,106 millions barils jour

 

 

2. Qu’en est-il de la réunion d’Istanbul et les perspectives pour le marché pétrolier ?

Cette réunion sera axée comme celle d’Alger souvent oublié par les médias sur la transition énergétique 2020/20360/2040, avec la publication d’un rapport consacré aux énergies renouvelables intermittentes.

 

Le rapport note que les énergies renouvelables représentent en 2016 plus de 30% de la capacité totale de production électrique installée dans le monde et 23% de la production totale d’électricité. Le financement des EnR est d’environ 286 milliards de dollars en 2015 représentant 154 GW de nouvelles capacités en 2015, dépassant de loin l’investissement dans la production conventionnelle (+97 GW).

 

 Ainsi le rapport met en relief trois facteurs essentiels. Premièrement, la définition de règles du marché assurant un système d’énergie durable en accord avec les objectifs du trilemme énergétique, y compris les règlementations clairement définies en matière d’émission de CO2.

Deuxièmement, l’instauration des marchés de capacité pouvant « permettre d’assurer la sécurité en termes d’approvisionnement en complément de marchés basés uniquement sur les énergies qui se révèlent « souvent insuffisants pour garantir un approvisionnement fiable » et enfin, le développement plus poussé des méthodologies en matière de prévisions météorologiques pour garantir une meilleure fiabilité et faire rapidement face à la variabilité du vent et du soleil.

 Quant aux perspectives pour le marché pétrolier, elles sont aléatoires. Selon l’AIE dans son rapport mensuel de septembre 2016, le marché pétrolier devra prendre son mal en patience, la perspective d’un rééquilibrage prochain s’éloignant sous l’effet d’une demande pénalisée par des incertitudes économiques et d’une offre qui reste abondamment alimentée. 

 En effet, la stabilisation des prix est difficile car la dynamique offre-demande ne change pas significativement au cours des prochains mois et le premier semestre 2017, du fait que la production continuera à surpasser la demande.  

 C’est que la production de l’or noir en Russie s’est chiffrée à plus de 10,5 millions de barils par jour, tandis que celle du royaume saoudien a atteint 10,3 millions de barils ces derniers mois. Sans compter le bouleversement de la carte énergétique par le pétrole et le gaz de schiste américain dont les couts ont baissé de 30/40%. La stratégie de l’Arabie saoudite, qui chercherait à « tuer » les producteurs de schiste américain, ayant atteint ses limites et il n’est pas certain que les extractions de pétrole non conventionnel s’effondrent réellement outre-Atlantique – en tout cas pas au rythme attendu, la production variant durant l’année 2016 entre 8,5 et 10 million de barils/jour. 

 Par ailleurs, si le 30 septembre 2016, les réserves commerciales de brut ont diminué de 3,0 millions de barils à 499,7 millions de barils, à ce niveau, les réserves américaines de brut s’affichent tout de même en hausse de 8,4% par rapport à la même période en 2015 (idem pour la Chine qui a profité de la baisse des prix pour augmenter ses stocks).

 Elles restent à des niveaux historiquement élevés, pouvant jouer tant à la hausse ou à la baisse les stocks pour faire baisser ou remonter les prix.  Avec un baril allant vers 55/60 dollars, bon nombre de gisements de schistes américains deviennent rentables accroissant l’offre.

 Des facteurs conjoncturels peuvent peser sur la hausse des prix comme les incendies autour de Fort McMurray dans l’ouest du Canada en mai 2016 qui ont fait baisser la production pétrolière du pays (environ 1,2 million de barils en moins chaque jour).  Les troubles dans la région du delta du Niger au Nigeria et d’autres petites perturbations comme la baisse des exportations pétrolières irakiennes transitant par le Kurdistan ; ou la grève de trois jours qui a touché l’industrie pétrolière au Koweït ayant  fait chuter la production du pays d’environ 1,7 million de barils par jour  et la hausse  transitoire  de la demande en Chine qui a reconstitué ses stocks(1).

 3.-Face à la nouvelle transition énergétique inévitable les pays de l’OPEP ne doivent plus vivre de l’illusion de la rente éternelle, pouvant jouer comme facteur de stabilisation, en cohabitation avec d’autres acteurs, mais ne pouvant jouer un rôle déterminant comme dans les années 1974.

 Aussi entre 2017/2020, aucun expert ne pouvant prévoir au-delà, le prix du pétrole, devrait fluctuer, fonction du taux et de la structure de la croissance de l’économie mondiale entre 45/65 dollars : croissance faible entre 40/45 dollars, croissance moyenne entre 50/60 dollars. Et au plus, 60/65, 70 dollars maximum, en cas de croissance très forte, hypothèse à prendre avec une extrême précaution et en cas d’une grave crise mondiale en dessous de 40 dollars.

 En plus selon, nos informations et comme annoncé dans le dernier rapport du Forum Economique Mondial (2016/ DAVOS) le monde est à l’aube d’une nouvelle révolution industrielle qui modifiera les rapports de force au niveau mondial et une recomposition du pouvoir énergétique mondial.

 La Russie et l’Arabie saoudite bien qui disposant des plus importantes réserves, investissent dans l’après-pétrole. La Russie a investi dans les nanotechnologies (l’infiniment petit) et l’Arabie Saoudite qui a prévu 2000 milliards de dollars d‘investissement pour préparer l’après pétrole.

 Si le monde est passé de l’ère du charbon à l’ère du pétrole, cela ne signifiait pas que n’existait plus de réserves de charbon (200 ans de réserves contre 40/50 ans pour le pétrole), mais que des nouvelles technologies ont été mises en place renvoyant toujours au fondement du développement l’économie de la connaissance (1).

  Les réserves sont fonction du   vecteur prix international cout, pouvant découvrir des milliers de gisements non rentables au vu des mutations énergétiques mondiales. Aussi c’est une  erreur stratégique de raisonner sur un modèle de consommation énergétique linéaire, en misant  sur la rigidité de l’offre, qui provoquerait à moyen terme, faute d’investissement,  une montée inexorable des prix vers des sommets, 100, 200, voire 250 dollars le baril.

C’est que l’analyse des nouvelles mutations énergétiques est à contrepied de tous ces raisonnements. Par le passé les tensions au Moyen Orient provoquaient une hausse des prix, alors que nous avons assisté à un effondrement du prix du pétrole, sans véritable changement de la structure de la demande…

 Et c’est là qu’entre la géostratégie et notamment la stratégie européenne, chinoise et surtout américaine qui oriente la R&D vers les énergies nouvelles, vers lesquelles s’engagent dès à présent la moitié des nouveaux investissements et ce afin de conserver le leadership énergétique au niveau mondial.

En résumé, attention à l’euphorie. Selon le rapport Perspectives de l’Économie Mondiale du 4 octobre 2016, présenté par le Fonds monétaire international (FMI), contrairement aux prévisions euphoriques de certains experts le cours du pétrole s’établirait à 51 dollars en moyenne annuelle pour 2017. Mais le plus inquiétant c’est le prix de cession du gaz traditionnel représentant un tiers des recettes de Sonatrach avec une prévision de 50% en 2020.

 Or, selon le FMI, il a atteint son cours le plus bas en douze ans en raison certes à la chute des cours du pétrole, mais également par la vigueur de l’offre russe en gaz naturel et par l’affaiblissement de la demande asiatique. Le pétrole n’étant qu’une ressource de financement transitoire, l’objectif stratégique pour les pays de l’OPEP est de réaliser une économie diversifiée qui s‘adapte aux nouvelles mutations mondiales.

 

Professeur des Universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL

[email protected]

  

(1)- Voir Interviews et contributions du Pr Abderrahmane Mebtoul – www.maghrebemergent.com ((2014/2016)

 –  Chorouk TV 07 octobre 2016 du professeur Abderrahmane Mebtoul  sur les huit solutions proposées et le 07/10/2016 interview à Beur TV sur la réunion informelle OPEP/OPEP à Istanbul le 10 octobre 2016 en marge du congrès mondial sur l’énergie

 – agence internationale chinoise -OPEC, non-OPEC nations to meet to boost prices Xinhua, October 7, 2016- (30/09/2016- OPEP-Alger : gare à l’euphorie sur l’impact du prix du pétrole- (magazine international -Paris/Genève Les Afriques – Sie Mnea forum (Bruxelles diffusion internationale en anglais)

 -OPEC’s Algiers Informal Meeting by Dr A. Mebtoul | Sep 26,  – Algeria’s 2017 Finance Bill Enacted  by Dr A. Mebtoul | Oct 5, 2016 |

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