Les ménages marocains sont pessimistes sur leurs capacités à financer dans un futur proche certaines dépenses, et estiment que leur niveau de vie est menacé. Des enquêtes du Haut-Commissariat au Plan (HCP) et de la Banque centrale notent que les ménages marocains ont tendance à s’endetter pour vivre.
L’Indice de confiance des ménages (ICM) marocains a encore baissé au 3eme trimestre 2016 à 73,8 points contre 75,7 points au second trimestre 2016 et 76,3 points à la même période en 2015, indique le HCP.
L’ICM porte sur la perception par les ménages de l’évolution du niveau de vie, du chômage, de l’opportunité à effectuer des achats de biens durables et de leur situation financière. 44,8% des ménages marocains ont évoqué une dégradation de leur niveau de vie tandis que 27,4% ont noté une amélioration.
Le »solde d’opinion sur l’évolution du niveau de vie est resté toujours négatif, à moins 17,4 points, au lieu de moins 15,2 points le trimestre précédent et de moins 15,1 points une année auparavant », explique le HCP.
Pour 2017, 33,2% des ménages s’attendent à une dégradation de leur niveau de vie, 40,7% à un maintien au même niveau et 26,1% à une amélioration. Ces appréhensions sont motivées par »une persistance d’une perception négative de l’évolution du chômage », écrit le HCP qui relève qu »’au troisième trimestre, 77,5% contre 6,9% des ménages s’attendent à une hausse du chômage au cours des 12 prochains mois ».
La conjoncture économique actuelle et à venir est perçue comme peu propice à l’achat de biens durables. 59,8% des ménages contre 19,3 % considèrent que »le moment n’est pas opportun pour effectuer des achats de biens durables ».
S’agissant de l’évolution de leur situation financière au cours des 12 derniers mois, 39,3% des ménages considèrent qu’elle s’est dégradée et 12,3% qu’elle s’est plutôt améliorée, souligne l’enquête du HCP, selon laquelle 84% des ménages ne s’attendent pas à épargner au cours des 12 prochains mois.
Un marocain sur trois obligé de s’endetter
Quant aux produits alimentaires, 88 % contre 0,3 % des ménages estiment que leurs prix ont augmenté au cours des 12 derniers mois. Ils ‘’devraient continuer à augmenter’’ selon 78,6% des ménages contre 0,7%, qui s’attendent à une baisse des prix.
Dans sa dernière enquête de conjoncture auprès des ménages relative au deuxième trimestre de 2016, le HCP avait noté qu’un ménage sur trois au Maroc est obligé de s’endetter ou de puiser dans son épargne pour boucler les fins de mois.
L’enquête révèle une dégradation de la situation financière et des revenus des ménages marocains et montre qu’ils ont appris à vivre »endettés » et avec d’importants découverts bancaires.
Selon le HCP, l’encours des comptes débiteurs et crédits de trésorerie aux particuliers et Marocains résidents à l’étranger (MRE, immigration) a augmenté de 8% à fin juin 2016 et s’est établi à 6,6 milliards de DH, soit 2,5% du total des prêts à ce type de clientèle.
Globalement, 15% des clients de banques recourent chaque mois au découvert bancaire, alors que les taux pratiqués par les banques sont à deux chiffres, mais pas au-delà des 14,30% fixés à fin 2017.
Le même niveau d’endettement des ménages est également enregistré par la Banque centrale marocaine. Dans sa 11eme enquête annuelle sur la dette bancaire des ménages pour les crédits à l’habitat et à la consommation, Bank El Maghrib note que le niveau d’endettement moyen par ménage a encore progressé à la fin de 2015. Il s’est établi à 40.700 DH contre 38.600 DH une année auparavant, en hausse de 5,4%.