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Contributions

[Contribution] Les facteurs déterminants du cours des hydrocarbures (Pr Mebtoul)

Par Abderrahmane Mebtoul
février 26, 2021
[Contribution] Les facteurs déterminants du cours des hydrocarbures (Pr Mebtoul)

Les hydrocarbures en 2020 représentent avec les dérivées pour l’Algérie environ 98% des recettes en devises de l’Algérie irriguant tout le corps social : taux de croissance via la dépense publique, taux de chômage, taux de l’inflation fonction des importations comblant le déficit de l’offre, et les réserves de change, n’oubliant pas que 33% proviennent du gaz naturel à travers le GNL et les canalisations Medgaz via l’Espagne et Transmed via l’Italie.

Le cours du pétrole le 26 février 2021 à 13h gmt, le cours du Brent a été coté à 64,98 dollars et le Wit à 62,26 dollars et celui du gaz naturel sur le marché libre le MBTU.à 2,780 dollars pour un cours euro/dollar à 1,21

1.-Les 11 déterminants du cours des hydrocarbures

Premièrement: l’élément central de la détermination du prix du pétrole est la croissance de l’économie mondiale. Aucun expert ne pouvant prévoir au-delà de 2025, du fait des importantes nouvelles mutations du modèle de con sommation énergétiqsue. Selon le rapport Perspectives de l’Économie Mondiale, en cas de la maitrise de l’épidémicité du coronavirus, le taux de croissance pour 2021 se situerait à 5% contre un taux négatif de plus de 6% en 2020. Mais un taux de croissance se calcule par rapport à la période précédente : ainsi, un taux de croissance de 5% en 2021 par rapport à un taux négatif de 6% en 2020 donnerait en termes réel un taux de croissance entre 0 et 1%.. Mais le plus inquiétant c’est le prix de cession du gaz traditionnel qui a chuté de près de 70% ayant atteint son cours le plus bas en douze ans en raison de l’affaiblissement de la demande, de nouveaux producteurs, des réserves russes plus de 45.000 milliards de mètres cubes gazeux, 30.000 pour l’Iran, plus de 15.000 pour le Qatar, du gaz de schiste américain ainsi que l’entrée de nouveaux producteurs comme le Mozambique en Afrique, avec des prix concurrentiels hors de portée pour l’Algérie, du Qatar, de l’Iran et de la Russie en direction l’Asie, le marché naturel de l’Algérie étant l’Europe ou avec l’expiration des contrats à long terme l’Europe a fait savoir à l’Algérie qu’elle devra s’aligner le marché spot.

Deuxièmement: le respect des accords de l’OPEP mais qui ne représente pour le pétrole qu’environ 35% de la commercialisation mondiale , 65% se faisant hors OPEP, étant utopique pour l‘instant de parler d’un marché mondial de gaz, plus de 65% étant des marchés régionaux segmentés se faisant par canalisation.Rappelons les accords décidé en décembre 2016 à Vienne où la répartition des quotas de l’Opep a été la suivante :l’Algérie 1,089 million de barils jour, avec une réduction de 50.000 barils/jour son quota passe à 1,039 million barils/j, L’Angola passant de 1,751 million barils/jour à 1,679 barils/j,’Arabie Saoudite passant de 10, 544 million barils/j à 10,058 barils/j, les Emiraties Arabes Unies passant de 3,013 barils/j à 2,874 barils/jour, l’Equateur passant de 548.000 barils/jour à 522.000 barils/j, le Gabon de 202.000 barils jour à 193.000 barils/jour, l’Iran de 3,975 millions barils/jour à 3,797 millions barils/j, l’Irak de 4,561 millions barils/j à 4,351 millions barils/j, le Koweït de 2,838 millions barils/j à 2, 707 millions barils/j, le Qatar (pays essentiellement gazier 3ème réserve mondiale de gaz traditionnel après la Russie et l’Iran), 648.000 barils/j à 618.000 barils/j, le Venezuela, paradoxe le premier réservoir de pétrole mondial avant l’Arabie Saoudite mais un pétrole lourd actuellement en semi-faillite, de 2,067 millions de barils/j à 1,972 millions de barils jour. Les autres pays hors OPEP concernés par l’accord conclu sont : la Russie 300.000 barils jour de réduction dont la production russe de pétrole, le Mexique (2,1 Mb/j en octobre/novembre 2016)le Kazakhstan (1,7 Mb/j), Oman (1 Mb/j), l’Azerbaïdjan (0,8 Mb/j,) la Malaisie (0,7 Mb/j), la Guinée équatoriale (0,2 Mb/j), le Soudan du Sud (0,1 Mb/j), le Soudan (0,1 Mb/j) et le Brunei (0,1 Mb/j). Dans les faits, l’essentiel de cette baisse est assuré par les deux plus grands producteurs de ce groupe hétérogène : la Russie (- 0,3 Mb/j) et le Mexique (- 0,1 Mb/j). Il faut signaler, les rivalités au niveau de l’OPEP dont certains ne respectent pas les quotas, de la rivalité Iran-Arabie Saoudite (plus de 35% de la production OPEP), ainsi qu’une chute de la production drastique du Venezuela pourtant première réserve de pétrole du monde, certes avec un pétrole lourd. L’Arabie Saoudite est le seul pays producteur au monde actuellement qui est en mesure de peser sur l’offre mondiale, et donc sur les prix, tout dépendant d’une entente entre les USA et l’Arabie Saoudite, la Russie et l’Arabie Saoudite, pour déterminer le prix plancher, encore que cette entente pourrait se déplacer dans un proche avenir avec une entente avec l’Iran, avec la nouvelle politique du gouvernement américain

Troisièmement: du côté de l’offre, nous assistons à une hausse plus rapide que prévu de la production de pétrole (non conventionnel) des USA qui a bouleversé toute la carte énergique mondiale. Ils sont passés de 5 millions de barils/jour de pétrole à un niveau fluctuant entre 8,5 et plus de 10 millions de barils jour entre 2014/2020. Les Etats-Unis, importateur par le passé, devraient devenir le plus grand producteur de pétrole brut (tenant compte de la consommation intérieure) devant l’Arabie Saoudite et la Russie. Selon The Telegraph, les Etats-Unis, devraient pénétrer fortement le marché mondial avec des quantités sans précédent de gaz naturel liquéfié (GNL) 30 projets sont en cours de réalisation, grâce au gaz et le pétrole de schiste pesant ainsi sur le marché mondial du GNL.

Quatrièmement: la stratégie expansionniste russe dont le géant Gazprom, pour le gaz (45.000 milliards de mètres cubes gazeux de réserve) à travers le North Stream et le South Stream (ce dernier gelé actuellement) d’une capacité prévu de plus de 125 milliards de mètres cubes gazeux pour approvisionner l’Europe, sans compter les nouvelles canalisations vers l’Asie. La Russie a besoin de financement, les tensions en Ukraine n’ayant en rien influé sur ses exportations en Europe où sa part de marché a été de 30% entre 2013/2020. un accord circonscrit à l’OPEP, sans la Russie, ne suffirait pas à peser sur les cours. Dès lors la stabilisation du cours du pétrole passe par une entente septembre, Russes et Saoudiens qui au cours des différentes réunions OPEP+ ont appelé à un contrôle de la production. Cependant récemment, la Russie a accru sa production, et ouvert de nouveaux gisements en Sibérie ou dans l’Arctique, témoignant d’une stratégie agressive. En outre, les compagnies russes assument des coûts en roubles (dont le cours a chuté), mais vendent en dollars, de sorte qu’elles restent rentables aux alentours de 30 à 40 $. Idem avec la réduction des couts des gisements de pétrole et gaz de schistes moyens américains dont la rentabilité est entre 50/55 dollars pour les petits gisements, 40 /45 dollars pour les gisements moyens et pour les grands gisements 30/35 dollars.

Cinquièmement: du retour sur le marché de la Libye, sous réserve d’une stabilisation politique avec les nouveaux accords de Genève, 42 milliards de barils de pétrole, plus de 1500 milliards de mètres cubes gazeux, pour une population ne dépassant pas 6,5 millions d’habitants, pouvant aller facilement vers 2 millions de barils/jour, de l’Irak avec 3,7 millions de barils jour, réservoir mondial à un coût de production inférieur à 20% par rapport à ses concurrents, pouvant aller vers plus de 8 millions/jour. Et surtout l’Iran s’il ya accord sur le nucléaire avec la nouvelle administration américaine ayant des réserves de 160 milliards de barils de pétrole lui permettant facilement d’exporter entre 4/5 millions de barils jour, le deuxième réservoir de gaz traditionnel mondial, sans compter qu’il aura alors accès aux quelques 100 milliards de dollars bloqués dans les banques étrangères, qui pourront augmenter ses exportations et attirer les investissements étrangers.

Sixièmement: les nouvelles découvertes dans le monde notamment en offshore notamment en Méditerranée orientale (20.000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région) et en Afrique dont le Mozambique qui pourrait être le troisième réservoir d’or noir en Afrique et les nouvelles technologies permettent l’exploitation et la réduction des couts des gisements marginaux de gaz et pétrole de schiste d’environ 30/40%, en n’oubliant l’important gisement qui est rentré en production au Kazazthan fin 2016.

Septièmement: les USA/Europe qui représentent actuellement plus de 40% du PIB mondial pour une population inférieure à un milliard d’habitants poussent à l’efficacité énergétique avec une prévision de réduction de 30% et l’urgence d’aller vers la transition énergétique afin de luter contre le réchauffement climatique car si les chinois, les indiens et les africains avaient le même modèle de consommation énergétique que les USA et l’Europe il faudrait cinq fois la planète actuelle où je rappelle que selon le rapport de l’ONU une sécheresse sans précédent frappera l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne entre 2020/2025. Cela d’autant plus que la majorité des pays ont entériné l’Accord de la COP21 avec le retour des américains aux accords qui repose sur des efforts de limitation du recours aux énergies fossiles, charbon et pétroler horizon en tête, le monde s’orientant vers un Mix énergétique, l’énergie de l’avenir horizon 2030/2040 étant l’hydrogène où la recherche développement connait un réel essor.

Huitièmement: les tendances à sont à une nouvelle division et spécialisation internationale avec la concentration de l’industrie manufacturière forte consommatrice d’énergie en Asie qui absorbera 65% de la consommation mondiale horizon 2030, notamment l’Inde et la Chine. Les relations clients –fournisseurs seront à leurs avantages, pour avoir des avantages comparatifs et pousseront à la baisse des prix.

Neuvièmement: l’occupation par les terroristes de champs pétroliers et gaziers les écoulements au marché noir notamment en Irak pour un baril entre 30/40 dollars ainsi que l’Iran avec l’embargo surtout en direction de l’Asie.

Dixièmement: l’évolution des cotations du dollar et l’euro, toute hausse ou baisse du dollar, pouvant entraîner un écart de 10/15%. Le cours euro-dollar ayant été coté le début de l’année 2020 à environ 1,10 dollars et dépassant actuellement à plus de 1,21 dollar, cette dépréciation du dollar, du fait du déficit budgétaire américain a conduit à augmenter le cours du Brent entre 10/15%.

Onzièmement: les stocks américains et souvent oubliés les stocks chinois, en mentionnant qu’il soit le cinquième producteur mondial, la baisse des prix du pétrole ayant permis à la Chine d’économiser pour sa facture énergétique.

2.-Face à cette dépendance des hydrocarbures, dont le prix échappe à toute décision interne, que faire ?

Sans bonne gouvernance et de profondes réformes structurelles, l’Algérie restera éternellement dépendante de cette ressource éphémère. En cette période difficile de tensions budgétaires, personne n’ayant le monopole de la vérité et du nationalisme, l’Algérie doit mobiliser tous ses enfants sans exclusive, favoriser le dialogue productif, évitant les dissensions inutiles ou pouvoir, opposition et experts non organiques, doivent contribuer au redressement national dont une croissance négative ou faible, devant être supérieur au taux de croissance démographique, peut avoir des répercussions tant nationales, sociales, politiques que géostratégiques au niveau de la région existant un lien dialectique entre sécurité et développement.

Evitons de fonder une politique économique sur des modèles économétriques appliqués aux pays développés déconnectés des réalités nationales. Devant l’ex premier ministre et les membres de son gouvernement dans ma conférence au Club de Pins le 26 novembre 2014, dans plusieurs interviews les médias publics et privés nationaux et médias internationaux (voir www.google.com Mebtoul 2014/2016), j’avais proposé un comité de crise de crise chargé de proposé des mesures opérationnelles de réformes au sein du conseil économique et social en léthargie depuis des années.

Induit en erreur par certains experts ou intellectuels organiques aux ordres, les responsables ne nous ont pas écoutés et nous en payons aujourd’hui les conséquences de cette imprévision. Car, les enjeux géostratégiques mondiaux, le nouveau modèle de consommation qui devrait faire émerger un nouveau pouvoir énergétique mondial horizon 2020, et es facteurs techniques économiques sont les déterminants du cours du pétrole. les réserves sont fonction à la fois du cout et du vecteur prix international, plus le prix est élevé plus certaines réserves marginales deviennent rentables.

Pourrat-i elle profiter d’une éventuelle hausse des prix avec la baisse de la production exportable en volume physique ? Pour 20202021, il faudrait un cours supérieur à 100 dollars le baril pour équilibrer le budget en n’oubliant pas que selon le bilan de 2018 nous avons la structure d’exportation suivante : GN, 32,9%, GNL, 14,4%,(au total gaz 47,3%) pétrole brut 25,2%, condensat 4,4%, produits raffinés 15,6%, Gpl 7,6%. Une hausse d’un dollar en moyenne annuelle procure entre 300-400 millions de dollars supplémentaires à l’Algérie permettant de limiter le déficit budgétaire car l’artifice comptable du dérapage du dinar par rapport au dollar réduit artificiellement le déficit du trésor par l’augmentation de la fiscalité hydrocarbures, idem pour la fiscalité ordinaire via les importations tant en dollars qu’en euros.

Il ne faut pas être utopique, l’Algérie dépendra encore pour de longues années des hydrocarbures pour ses entrées en devises selon un bilan en conseil des ministres de 2015, l’Algérie aurait seulement entre 2500/3000 milliards de mètres cubes gazeux de réserves et 10 milliards de barils pour le pétiole données reprises par l’ex ministre de l’énergie en 2020, avec une très forte consommation intérieure qui risque de dépasser els exportations actuelles. D’où l’importance de profondes réformes tant politiques, sociales, qu’économiques afin de dynamiser les exportations hors hydrocarbures. Un bon développement allège le poids sur les forces de sécurité ; un frein au développement par une mauvaise gouvernance accroit les tensions sociales et donc l’insécurité.

L’Algérie n’a pas d’autres choix : réussir les réformes qui seront douloureuses à court terme mais porteuses d’espoir à moyen et long terme pour les générations présentes et futures, possédant toutes les potentialités pour réussir supposant une autre démarche où le Politique, l’Economique, le Social, le Culturel sont dialectiquement liés. Ou rester en statut quo en retardant les réformes structurelles avec le risque sans correction de l’actuelle politique économique et notamment dont le résultat est mitigé, contrairement à certains discours démentis par le terrain, est d’aller droit vers le FMI horizon 2022 ou cohabiteront crise financière et crise de gouvernance, ce qu’aucun patriote ne souhaite.

J’ose imaginer une Algérie où les nouvelles générations vivront confiantes et heureuses dans leur pays et où nous assisterons à un retour volontaire progressif des cadres expatriés. Aussi, l’Algérie qui a d’importantes potentialités sera ce que le peuple algérien et les responsables chargés de gérer la Cité voudront qu’elle soit.

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Dr Abderrahmane MEBTOUL, professeur des universités, expert international, directeur d’études Ministère Industrie-Energie 1974/1979-1990/1995- 2000/2008-2013/2015, représentant l’Algérie président de, la commission transition énergétique de la société civile des 5+5+ Allemagne, Membre du conseil scientifique du Forum Mondial du Développement Durable

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