JISR-France-Djazaïr a organisé samedi son premier séminaire au MDI Alger Business School à Alger autour du thème « Révolution numérique : innover, entreprendre, valoriser et partager ».
Jean-Louis Levet, Haut responsable à la coopération industrielle et technologique franco-algérienne a été l’un des participants à la rencontre qui a proposé aux deux pays (la France et l’Algérie) de ne pas regarder l’avenir « dans le rétroviseur » ce qui commence à se faire, selon lui, à se concrétiser depuis l’accord de 2012 entre Bouteflika et François Hollande.
Pour établir un « état des lieux et des perspectives de la coopération franco-algérienne », Jean-Louis Levet souligne que sa conviction en est que « la France et l’Algérie sont en phase de construire une alliance d’égal à égal afin de se construire dans l’avenir ».
« Nous avons des proximités et des intérêts importants en matière d’emploi et de sécurité et un avenir commun », a-t-il argumenté pour appuyer sa conviction tout en soulignant que les deux pays ont aussi des défis de même nature dont celui de « la gigantesque transformation numérique qu’il faut maîtriser ».
L’orateur a aussi insisté sur les « atouts complémentaires car il y a des compétences dans le numérique dans toutes les régions en Algérie qui se développent avec de plus en plus d’entrepreneurs qui travaillent avec les universités ».
C’est un domaine dans lequel il existe des coopérations entre les deux parties notamment avec le ministère de l’Industrie représenté par Abdelaziz Guend, directeur général de la compétitivité industrielle.
Nouveau mode de pensée
Evoquant l’évolution de la coopération entre les deux pays, il a indiqué que des structures d’échanges sont créées pour faire le point sur les projets économiques avec des investigations sur les projets à entamer. Il a aussi mentionné le fait que des rencontres bilatérales sont consacrées à l’évaluation des projets tout en se déclarant convaincu qu’il y a un besoin « d’un nouveau mode de pensée pour construire l’action dans la durée et avoir une place dans le monde lors des 20 prochaines années ».
« Nous agissons grâce à des projets de long terme avec un nouveau mode d’action pour passer de l’importation de machines et de céréales et l’exportation d’hydrocarbures pour passer à la coopération », suggère-t-il. « Dans la mondialisation, nous avons besoin de travailler ensemble pour des projets communs et nous avons besoin d’avoir une démarche pour partir des besoins et de projets de Algériens » et changer d’approche, a jouté M. Levet.
« Dans le passé, les entrepreneurs français disaient comment il faut faire et c’est une pensée dépassé. Il faut une démarche innovante et il faut définir les priorités notamment dans la formation continue », a proposé l’orateur. Il y a aussi l’assistance technique et la création de joint-venture qui sont des enjeux importants à ses yeux tout en exprimant son souhait que la règle 49/51 puisse « évoluer ».
Néanmoins, M. Levet a présenté quelques exemples de coopération en citant les secteurs du téléphérique, l’agroalimentaire et la construction de bateaux de pêche. Il a précisé qu’il faut développer les structures d’appui aux PME pour sortir de l’informel et de la contrefaçon qui « est à 30% dans le marché algérien » et dont 80% sont de ces produits sont fabriqués par la Chine.
Cela pose la question de la protection des marques avec des enjeux de métrologie, domaine sur lequel l’Algérie travaillant avec les instituts français. M. Levet a souligné qu’une start-up a déposé un brevet en Algérie. D’ailleurs, lors de la rencontre une table ronde a aussi été organisée sur le thème « Protéger l’innovation : perspectives franco-algériennes »
Martine Clémente, directrice de l’action économique de l’Institut national de la propriété industrielle et Djamel Djedat, directeur des brevets à l’Institut algérien éponyme ont animé la rencontre. Les deux responsables ont développé l’idée selon laquelle il faut se concentrer sur les pôles de compétitivité (clusters) et sur les incubateurs pour suivre les innovations et le dépôt de brevets.
Les divers intervenants ont expliqué que les enjeux de la coopération résident dans la nécessité de construire des consortiums assez puissants pour défendre des intérêts communs sur d’autres continents come l’Afrique. D’ailleurs, Jean Pierre Mignard, président de Jisr France est intervenu sur le thème « Défis, menaces et opportunités pour l’Afrique et l’Europe : le rôle stratégique de l’Algérie et de la France ».