Plusieurs rassemblements distincts se sont tenus à Paris à l’occasion de l’ouverture de la Conférence sur le climat (COP21) malgré l’interdiction de manifester et ont donné lieu à de brefs heurts entre manifestants et forces de l’ordre.
La police dit avoir interpellé 149 personnes à la suite d’altercations avec des protestataires, parmi lesquels certains étaient cagoulés, sur la place de la République et dans ses environs. En début de journée, des manifestations s’étaient déroulées dans le calme en dépit des mesures de précaution prises par le gouvernement, qui avait interdit tout rassemblement durant le week-end et ce lundi comme le permet l’état d’urgence décrété dans la nuit du 13 au 14 novembre. « Afin d’éviter tout risque supplémentaire » après les attaques qui ont fait 130 morts il y a deux semaines, il avait notamment décidé d’annuler la tenue d’une marche sur le climat dans les rues de la capitale française.
Des défenseurs de la planète ont contourné cette interdiction en formant une chaîne humaine entre les places de la République et de la Nation, sur le trottoir du boulevard Voltaire. Cette opération a réuni 4.500 personnes, selon la préfecture de police, et de 9.400 à 11.200, selon l’association Alternatiba, qui avait appelé avec Attac et Avaaz à ce rassemblement.
Manifestation violente
D’autres étaient venus déposer sur le parvis de la place de la République plusieurs milliers de paires de chaussures censées symboliser les manifestants qui n’ont pu se rassembler. Parmi les chaussures rangées en lignes droites figuraient une paire déposée au nom du secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, qui a également laissé un bref texte manuscrit, et une autre au nom du pape François. La police dit ne pas avoir décidé d’intervenir dans la mesure où les manifestants n’ont pas entravé l’espace public, ni provoqué de débordements, avant de se disperser en milieu de journée. Plus tard dans l’après-midi, des altercations ont éclaté entre la police et des petits groupes de manifestants, dont certains étaient réunis derrière une banderole portant l’inscription « le bon climat, c’est l’anti-capitalisme ». « Des petits groupes assez organisés avec le visage masqué, avec souvent des projectiles par destination, se sont portés directement sur les forces de l’ordre pour chercher à forcer des barrages », a déclaré le préfet de police de Paris, Michel Cadot, lors d’une conférence de presse. « C’est une manifestation qui a été un peu violente à certains moments, mais qui a été parfaitement maîtrisée dans des conditions où la force a été utilisée de manière proportionnée », a-t-il ajouté.
Selon Michel Cadot, certains protestataires ont jeté sur la police des bougies qui avaient été déposée au pied du monument à la République, au centre de la place, en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre. Toujours d’après la police, seul un manifestant souffre d’une blessure superficielle à la suite de l’usage de gaz lacrymogènes.
Les Maasaï pour le développement durable
La tenue des marches initialement prévues ainsi que le sort réservé à certains militants écologistes depuis l’instauration de l’état d’urgence ont soulevé la polémique. La France a assigné à résidence 24 écologistes jugés susceptibles de manifester violemment à l’occasion de la COP21, avait annoncé samedi le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, qui a dit assumer cette décision. Laurent Fabius a salué la tenue de manifestations et autres concerts et promenades à bicyclette à l’étranger. « C’est très positif » que les différents gouvernements sentent une pression pour agir, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères. Plus de 2.000 manifestations avaient lieu dimanche, à Berlin, Londres, Sao Paulo ou New York. Une marche d’un millier de Maasaï en Tanzanie pour le développement des énergies renouvelables était même prévue. A Sydney, où 45.000 personnes ont défilé dans le quartier d’affaires en direction de l’opéra, la maire de la ville, Clover Morre, présente dans le cortège, a écrit sur Twitter qu’il s’agissait de la plus importante marche en faveur du climat jamais organisée dans la plus grande ville d’Australie. La manifestation la plus importante sur le climat jamais organisée a eu lieu en septembre 2014 à New York où elle a réuni 310.000 personnes.