La Tunisie est au bord du gouffre. La Banque mondiale appelle à des réformes urgentes pour stabiliser les finances publiques.
« Une lente reprise économique post-COVID et des retards dans la mise en œuvre de réformes essentielles, y compris en matière de subventions, risquent de grever encore davantage des finances publiques déjà sous tension et de creuser les déficits budgétaire et commercial », lit-on dans le dernier Bulletin de conjoncture économique de la Banque mondiale consacré à la Tunisie.
Le pays est fortement exposé aux effets néfastes de la montée des prix des produits de base sur les marchés mondiaux, alors que la trésorerie publique souffre d’importants déficits. La Banque mondiale a octroyé, dès la fin du mois de juin, un prêt de 130 millions de dollars à la Tunisie afin d’atténuer les répercussions de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire.
Ce financement permettra au gouvernement de financer ses achats de céréales tout en engageant les réformes annoncées, souligne l’institution de Bretton Woods dans son rapport de suivi de la situation économique en Tunisie. La guerre en Ukraine et l’envolée des cours des produits de base sur les marchés mondiaux a provoqué des difficultés en série à l’économie tunisienne.
La Banque mondiale fait constater que le taux d’inflation a augmenté de 6,7 à 8,1 % entre janvier et juin 2022, ce qui a poussé la banque centrale à relever son taux directeur pour la première fois depuis 2020. Le déficit commercial s’est creusé de 56 % pendant le premier semestre de 2022, pour ressortir à 8,1 % du PIB, tandis que le déficit budgétaire devrait atteindre 9,1 %, contre 7,4 % en 2021, sous le poids de la hausse des subventions énergétiques et alimentaires.
Cette situation appelle à des réformes urgentes, faute de quoi le paquebot foncerait droit vers l’iceberg. Les analystes de la Banque mondiale estime que le système de subventions alimentaires constitue l’un des principaux facteurs de la montée des déficits commercial et budgétaire.
Plutôt que de subventionner les prix alimentaires, le rapport de l’institution financière multilatérale préconise de « verser des allocations monétaires compensatrices aux ménages vulnérables, ce qui permettrait d’améliorer l’efficacité du système, de réduire les coûts budgétaires et d’importation et de renforcer la sécurité alimentaire face aux chocs futurs ».
Ali. T.