Les primes d’assurance marocaines ont poursuit leur croissance au premier semestre 2015, d’après des données publiées fin septembre par l’organisme représentant le secteur, la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurances et de Réassurance (FMSAR).
La multiplication des crédits et une meilleure connaissance des produits d’assurance ont entrainé une solide croissance du marché des assurances au Maroc, notamment pour ce qui est des segments vie et capitalisation, affichant d’excellents résultats au premier semestre 2015.
Si le marché national de l’assurance continue d’enregistrer des bénéfices stables, les institutions marocaines s’attèlent néanmoins également au développement de leurs réseaux en Afrique sub-saharienne, où les faibles taux de pénétration et le développement économique rapide laissent entrevoir des perspectives de croissance considérable.
Les efforts d’expansion déployés ces dernières années ont porté leurs fruits et les assureurs marocains font désormais figure d’acteurs incontournables sur le continent : selon un classement récent publié dans le magasine Jeune Afrique, cinq compagnies d’assurances marocaines figurent dans le Top 15 des assureurs du continent, en fonction du total des primes émises.
Le segment vie en tête
Les primes d’assurance marocaines ont poursuit leur croissance au premier semestre 2015, d’après des données publiées fin septembre par l’organisme représentant le secteur, la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurances et de Réassurance (FMSAR).
Le chiffre d’affaires du secteur s’élevait à 16,78 milliards de dirhams (1,6 milliard d’euros) sur la période en question, soit une hausse de 6,3% en glissement annuel et une légère augmentation par rapport au taux de croissance annuel composé enregistré depuis 2008.
Cette expansion est tirée par une croissance notable des contrats d’assurance vie et de capitalisation, qui ont vu leurs primes augmenter de 13,9% en glissement annuel, atteignant 5,24 milliards de dirhams (486,5 millions d’euros), selon des données publiées par la FMSAR. Si ce segment représente près d’un tiers (31,2%) du chiffre d’affaires du secteur, c’est de l’avis général dans cette direction que le marché de l’assurance semble se développer.
« La forte croissance des produits d’assurance vie est tirée en partie par des facteurs économiques s’exerçant sur le court terme, notamment la croissance des crédits fonciers et des crédits à la consommation – deux catégories qui contribuent à faire grimper les ventes dans le segment, » a expliqué à OBG Ali Harraj, PDG de Wafa Assurance, premier assureur marocain en termes de primes émises sur le marché national.
Il a ajouté que les facteurs à long terme, notamment une meilleure connaissance des produits d’épargne tels que les plans d’épargne retraite et le climat économique incertain suite à la crise mondiale contribuaient également au développement du segment.
Ce sont en particulier les produits d’assurance-vie individuelle, déjà en tête du segment, qui ont joué un rôle moteur dans l’expansion constatée, affichant une hausse de 19,7% en glissement annuel pour atteindre 3 milliards de dirhams (278 millions d’euros). Les contrats collectifs d’assurance-vie se sont quant à eux contractés de 2%, passant à 1,1 milliard de dirhams (102,7 millions d’euros), après avoir enregistré une croissance de 13,2% l’an dernier. Les ventes de contrats de capitalisation affichent également une forte progression : en hausse de 18,9%, elles s’élèvent à 906,1 millions de dirhams (84,2 millions d’euros).
Pour ce qui est du segment non-vie, c’est l’assurance automobile qui occupe la première place en termes de primes, représentant 32,6% des ventes totales du secteur. Le segment affiche une croissance légèrement inférieure à celle du secteur dans son ensemble, de 5,1%, pour un montant de 5,47 milliards de dirhams (508,6 millions d’euros). La majorité des autres produits non-vie enregistre toutefois des résultats moins solides sur la période, les primes d’assurance transport se contractant par exemple de 8,5% pour atteindre 300 millions de dirhams (27,9 millions d’euros).
Ambitions africaines
Si le potentiel de croissance du marché national de l’assurance n’est pas encore épuisé au Maroc, surtout comparé à d’autres marchés plus matures, le pays affiche déjà l’un des taux de pénétration de l’assurance les plus élevés du monde arabe (3,2% du PIB l’an dernier), devancé seulement par le Liban, selon Swiss Re.
De nombreuses compagnies d’assurances marocaines ont par conséquent pu se constituer des capitaux importants, avec à la clé la possibilité d’étendre leurs activités sur des marchés d’Afrique sub-saharienne.
Une telle stratégie présente des avantages de taille, non seulement en termes de diversification du portefeuille mais aussi en termes de résultats. Selon Swiss Re, le marché africain des assurances a enregistré en moyenne une croissance de 10,2% en 2013, contre une croissance mondiale moyenne de 2,5%.
En septembre, Saham Finances, qui contrôle Saham Assurances, numéro 4 de l’assurance au Maroc, a annoncé l’acquisition d’une participation de 53,6% dans le réassureur nigérien Continental Reinsurance, suite à la sortie du gestionnaire de fonds d’investissement Emerging Capital Partners.
Avec une population de 170 millions d’habitants et un taux de pénétration des assurances inférieur à 1%, le Nigéria offre un potentiel de croissance considérable, selon Saham Assurances.
« Le Nigéria a un énorme potentiel de par sa population, son faible taux de pénétration et son économie en pleine expansion, » a expliqué à OBG Mehdi Tazi, PDG de Saham Assurances.
Cette acquisition marque le deuxième investissement de la compagnie dans le pays, après son entrée dans le capital de la compagnie d’assurances non vie nigériane Unitrust Insurance à hauteur de 40% l’an dernier. D’autres acquisitions en Angola (2012), au Kenya (2013) et au Rwanda (2014) ont permis à Saham d’accroître son rayonnement sur le continent, portant à 31 le nombre de compagnies d’assurance et de réassurance dans son giron.
D’autres grands acteurs du secteur marocain des assurances s’attèlent à développer leur présence sur le continent.
A.Harraj a confié à OBG que Wafa, qui est déjà implantée en Tunisie, au Sénégal et au Cameroun vise actuellement une expansion dans plusieurs grands marchés de la Conférence Interafricaine des Marchés Assurance : parmi les 14 membres que compte cette dernière, son choix s’est notamment porté sur la Côte d’Ivoire, le Gabon et le Congo.
La compagnie entend avoir recours au réseau de succursales de sa société sœur, Attijarawafa Bank – actuellement présente sur 23 marchés – pour vendre ses produits d’assurance. Contrairement aux autres assureurs marocains, qui d’une manière générale ont misé sur une stratégie d’acquisition, Wafa compte développer son réseau africain en mettant sur pied de nouvelles entités. Harraj a toutefois déclaré à OBG que la stratégie de la compagnie sur le long terme n’excluait pas que ses filiales procèdent à l’acquisition de concurrents locaux.