La libération du journaliste, Ihsane El Kadi, a suscité un écho retentissant dans les médias internationaux. Son élargissement, survenu dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 2024, à la faveur d’une grâce présidentielle, a été unanimement salué comme “la fin d’un cauchemar”, selon les termes de son avocate Nabila Smail, repris par de nombreux médias occidentaux.
Au-delà de l’événement lui-même, la presse internationale a particulièrement mis en exergue le contexte symbolique de cette libération, intervenue lors du 70e anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance. Les médias anglophones, notamment ABC News, ont souligné le rôle d’El Kadi pendant le Hirak, le qualifiant de “voix du Hirak”, en référence au mouvement pro-démocratie qui a secoué l’Algérie en 2019.
Cette couverture médiatique n’a cependant pas été uniforme. En effet, le traitement médiatique révèle une approche différenciée selon les zones géographiques. Les médias occidentaux, tels que Libération et Le Monde, ont particulièrement insisté sur la dimension des droits de l’homme, tandis que les médias régionaux ont davantage contextualisé sa situation dans la politique intérieure algérienne.
Une couverture médiatique aux multiples facettes
Cette divergence d’approche se manifeste notamment dans la scène poignante de sa libération, décrite par Libération, qui illustre la dimension humaine de l’événement. “Ihsane apparaît, chemise blanche, pantalon sombre, visage amaigri mais sourire intact”, écrit le journal. Cette description personnelle contraste avec le traitement plus politique d’Al Jazeera, qui a mis l’accent sur les implications juridiques et politiques de sa détention.
Dans cette même veine politique, Le Monde présente El Kadi comme le “symbole de la répression de la presse en Algérie” et souligne la dimension symbolique de sa libération, survenue lors du 70e anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance.
Apportant un éclairage plus personnel à cette affaire, La Croix se démarque en rappelant qu’El Kadi était leur ancien correspondant dans les années 1990, tout en soulignant “les vingt-trois mois passés derrière les barreaux”. Cette proximité éditoriale offre un éclairage particulier sur le parcours du journaliste.
Sur le front de la mobilisation internationale, RFI met en avant la portée symbolique de la date de libération, le 1er novembre, et s’attarde sur la mobilisation internationale qui a précédé sa libération. La radio internationale rappelle qu’une “pétition lancée par l’ONG Reporters sans Frontières (RSF) avait recueilli plus de 10 000 signatures”.
Parallèlement à ces aspects symboliques, France 24 insiste sur le contexte juridique, détaillant le rejet du pourvoi en cassation en octobre 2023 qui avait rendu sa condamnation définitive, avant cette grâce présidentielle “inattendue”.
De l’autre côté de l’Atlantique, ABC News propose une analyse approfondie du rôle d’El Kadi pendant le Hirak, le qualifiant de “voix clé lors des manifestations pro-démocratie de 2019”. Le média américain contextualise sa libération dans le paysage plus large de la liberté de la presse en Algérie, citant le classement de RSF qui place le pays au 139e rang sur 180.
Un symbole d’ouverture pour l’Algérie ?
Dans une perspective régionale complémentaire, Al Jazeera souligne l’importance d’Interface Medias dans le paysage médiatique algérien. La chaîne qatarie rappelle le montant précis des amendes infligées : “11,7 millions de dinars” et s’attarde sur les implications financières de cette affaire.
À travers cette mosaïque médiatique se dessine une couverture internationale aux angles d’approche variés : les médias occidentaux privilégient l’aspect droit de l’homme, quand les médias régionaux contextualisent davantage l’événement dans la politique intérieure algérienne. Les médias anglophones, eux, insistent particulièrement sur son rôle pendant le Hirak.
Cette diversité de traitement médiatique reflète non seulement l’importance internationale du cas El Kadi, mais aussi son inscription dans un contexte plus large de changement en Algérie. En effet, sa libération s’inscrit dans un mouvement d’ampleur, comme le soulignent l’ensemble des médias, avec une grâce présidentielle touchant plus de 4 000 détenus, dont plusieurs figures du mouvement pro-démocratie.
Une décision qui, selon RSF, citée par de nombreux médias, pourrait marquer “la fin des restrictions à la liberté de la presse” en Algérie, bien que le chemin vers une presse totalement libre reste encore incertain.