Fondateur et pilier, avec Ali Belhadj du Front islamique du salut (FIS), Abassi Madani est décédé aujourd’hui à Doha au Qatar à l’age de 88 ans.
Ancien combattant de la guerre de libération nationale, il s’engage dans l’action politique islamiste après l’indépendance. En 1963 il crée l’association El Qiyam EL Islamia, qui sera interdite en 1970 par Houari Boumediène. Il poursuit en parallèle des études en sociologie à Alger et obtient un doctorat en 1978 à Londres.
En novembre 82, accompagné de milliers de personnes, Abassi Madani présente aux autorités une revendication en quatorze points qui réclame notamment l’application de la Charia et la suppression de la mixité. Il sera arrêté et emprisonné pendant deux ans.
Il crée le FIS, en compagnie d’Ali Belhadj et annonce sa naissance le 18 février 1989 dans son fief, la mosquée Al-Sunna de Bab El-Oued. Ce fut sous le gouvernement de Kasdi Merbah et du ministre de l’Intérieur Aboubekr Belkaid.
En 1990 le FIS triomphe lors des élections locales et Abassi Madani se voit déjà en grand leader d’une Algérie nouvelle. Cette perspective disparaîtra avec l’interruption du processus électoral en janvier 1992. On se rappellera ensuite de son arrestation rocambolesque par le Groupe d’intervention spécialisé (GIS) le 30 juin 1992 au siège du parti. Il sera condamné à 12 ans de prison, qu’il purgera pour
« complot contre l’autorité de l’État, sabotage économique et distribution de tracts de nature à nuire à l’intérêt national ».
Relaché en 2003 sous la présidence Bouteflika, il lancera un appel pour la fin de la lutte armée. Puis obtiendra l’autorisation de l’ancien président de quitter l’Algérie. Il partira en Arabie Saoudite puis en Malaisie avant de poser ses bagages à Doha au Qatar.
Abassi Madani, à l’Instar de son acolyte Ali Belhadj, ne demandera jamais pardon au peuple algérien pour sa responsabilité dans le déclenchement de la guerre civile, qui fera des dizaines de milliers de morts.