« Dire que l’Algérie pourrait faire comme les États-Unis du point de vue de la réglementation et du contrôle relève de l’utopie, mais cela pourrait se construire dans le temps », conclut le docteur Tahchi Belkacem dans la 4ème et dernière partie de sa contribution « Défis environnementaux du gaz du schiste : Du modèle américain à l’aventure algérienne »
Conclusion
En somme, la fracturation hydraulique a permis aux États-Unis d’accéder aux ressources de gaz et de pétrole non conventionnels, modifiant radicalement la scène énergétique américaine[1].La productivité des puits de gaz non conventionnel s’est améliorée[2] au fil des évolutions technologiques, augmentant de manière considérable les capacités de production des Etats-Unis. Depuis 2009, les États-Unis sont devenus le premier producteur mondial de gaz, devançant la Russie. Les gaz non conventionnels représentent aujourd’hui près de 60%
de la production nationale, une part qui pourrait atteindre 75% d’ici 2035. Avec une croissance estimée à 1% par an, la production pourrait dépasser la consommation intérieure en 2020: les États-Unis deviendraient exportateurs nets de gaz naturel[3]. Cette possibilité est vivement encouragée par les groupes gaziers tels que Devon et Exxon Mobil qui sont à la recherche de nouveaux relais de croissance. Mais à quel prix ? Au détriment d’un environnement déjà fragilisé par une trentaine d’année d’exploitation sans compter les centaines d’années d’exploitation d’hydrocarbures conventionnels. Drôle de vision dans un pays qui a investi des millions voire des milliards de dollars afin de découvrir l’existence de l’eau dans l’univers, alors qu’elle est entre nos mains et on ne la préserve pas.
L’industrie pétro-gazière vise désormais d’autres pays ayant des réserves considérables et jouissant de situations géographiques prometteuses proche des marchés gaziers internationaux. Sans expérience et ayant capital environnemental à préserver qui est à la limite vierge, ces nouvelles cibles ne possèdent pas de cadre réglementaire abouti ni institution de contrôle environnemental, ce qui constituent un risque environnemental majeur.
Un pays comme l’Algérie reste une cible potentielle pour cette industrie. L’Algérie qui a accepté d’ouvrir son secteur à l’exploration dans le Sahara algérien au risque et au péril des 40 000 à 60 000 milliards de mètres cubes d’eau souterraine douce et malheureusement fossiles.
Un danger environnemental majeur qui guète et menace ce potentiel hydrogéologique du Sahara algérien à travers ces deux types de gisements d’eau ; l’albien terminal et l’albien intercalaire qui reste un très bon exemple d’étude dans le futur.
La réalité c’est que le secteur algérien des hydrocarbures traverse une crise de production et de découverte. Même avec un ratio de 55 ans de réserves, l’accès à certains gisements reste conditionné. Du coup, le recours au gaz de schiste n’est pas un choix mais une obligation.
Par ailleurs, n’est-il pas osé d’ouvrir tout le territoire algérien à la prospection de gaz de schiste ? La question reste posée et à première vue elle le restera pour toujours. Il aurait été plus judicieux d’ouvrir des zones de prospection témoins au niveau du Sahara, des régions Centre et Nord et de mesurer le degré d’impact sur l’environnement ainsi que la capacité des organismes de contrôle, l’engagement environnemental des entreprises d’exploration et enfin le degré de conscience et d’information du citoyen. En termes de contrôle, les États-Unis disposent d’un arsenal de lois et d’organismes qui œuvrent à la préservation de l’environnement et de la qualité de vie du citoyen, et puis afin que la logique économique ne l’emporte pas sur le bien-être commun. Dire que l’Algérie pourrait faire comme les États-Unis du point de vue de la réglementation et du contrôle relève de l’utopie, mais cela pourrait se construire dans le temps. Or malheureusement, le problème c’est justement le temps. C’est là qu’il faut laisser ses projets de loi parvenir à maturité et faire bâtir des plateformes de contrôle solides. Que faire ? Y aller doucement, mais sûrement.
Défis environnementaux du gaz du schiste : Du modèle américain à l’aventure algérienne (1ère partie)
Défis environnementaux du gaz du schiste: Du modèle américain à l’aventure algérienne (2ème partie)
Défis environnementaux du gaz du schiste: Du modèle américain à l’aventure algérienne (3ème partie)
Tahchi Belgacem
Ph.D Géographie politique
Université de la Sorbonne Paris IV Mail : [email protected]
[1]SylvieCornot-Gandolphe.«ImpactdudéveloppementdugazdeschisteauxÉtats-Unissurlapétrochimie européenne».Octobre2013.Disponiblesurwww.Ifri.org
[2]Laproductivitéaétémultipliéepar7surlegisementdeFayettevilleentre2007et2012
[3]G.Lapiche.LesEtats-Unis,bientôtexportateursdeGNL.Disponiblesurwww.energie.sia-partners.com