Ils étaient des centaines de policiers relevant des Unités Républicaines de Sécurité (URS) à passer la nuit du mardi à mercredu devant devant l’entrée du Palais du Gouvernement à Alger pour exprimer leur ras-le-bol à l’égard de leurs conditions de travail et de leur hiérarchie.
A l’instar de leurs collègues qui ont organisé lundi 13 octobre un sit-in devant le siège de la sûreté de la wilaya à Ghardaïa, les policiers des URS de la capitale et ses environs ont manifesté leur colère dans un évènement sans précédent. Certains ont marché plus de 15km sous la pluie depuis la caserne de la DGSN d’El Hamiz, dans la banlieue est d’Alger ainsi que d’autres communes de la capitale. D’autres sont arrivés par train des wilayas adjacentes de la capitale comme Blida, Bouira.
A l’entrée du Palais du Gouvernement, ils ont tourné le dos, littéralement, au Wali d’Alger, Abdelkader Zoukh et à d’autres responsables sortis leur parler. Ils n’acceptent de parler qu’au Premier ministre Abdelmalek Sellal ou au ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaiz, qui se trouvait à Ghardaïa pour discuter avec les policiers protestataires .
« Le système 3×8, une punition pour soldats du temps de Hitler ! «
Les policiers protestataires ont refusé au début de parler à la presse mais ils ont néanmoins fini par distribuer des copies d’une liste de revendications adressée au Premier ministre.
Etablir un syndicat indépendant, des augmentations de 100% sur les salaires mensuels qui doivent atteindre les 70.000 DA, des frais de missions de 1000DA par jour, une allocation mensuelle de 10.000 DA pour l’épouse non-employée d’un agent et d’autres indemnisations sont réclamées par les URS. Ils veulent aussi de meilleures horaires de travail ainsi qu’une annulation du système » 3×8″.
« Selon ce système, nous travaillons 8 heures et nous nous reposons 8 heures pendant trois shifts de suite (24 heures de travail sur 40 heures) pour ensuite nous reposer un jour et demi. Ce schéma était une punition des soldats allemands lors de la deuxième guerre mondiale ! » s’indigne un jeune policier originaire de Sidi Bel Abbés.
Le droit au logement social, la réinsertion de près de 6000 agents suspendus et la réduction de la durée du service de 32 ans à 20 sont par ailleurs d’autres revendications dont il est question.
« Appliquer la loi sans distinction »
Ils réclament également les prérogatives nécessaires pour pouvoir faire face aux pressions et aux humiliations qu’ils subissent en essayant d’accomplir leur travail de la part des responsables.
» Nous voulons pouvoir appliquer la loi à tout le monde sans distinction et non sur le simple citoyen. Un responsable ne doit pas pouvoir y échapper en abusant de son pouvoir, tout le monde doit être égal devant la loi ! » s’emporte un policier.
« A un barrage ou dans un commissariat, un directeur ou un homme d’affaires se croit au dessus de tous, ‘ vous ne pouvez rien me faire’ nous disent-ils. Sur qui doit s’appliquer la loi ? Uniquement sur le citoyen qui n’a pas de maarifa ? », ajoute un autre élément des URS.
« Hamel Irhal! »
En face du Palais du Gouvernement et tard dans la soirée encore, près de 500 membres des URS scandaient des slogans hostiles à leur hiérarchie, notamment au chef de la DGSN, le général-major Abdelghani Hamel dont ils réclament le départ. « Hamel irhal (dégage) ! » pouvait-on les entendre répéter.
Le départ du chef de la DGSN est d’ailleurs à la tête de leur liste de revendications. Pourquoi ? » Parce que nous avons marre de sa hogra, de l’humiliation subie de la part des membres de sa famille qui abusent de sa position aux barrages et postes de police ! », s’indigne un policier.
Dans la soirée d’hier, le ministre de l’Intérieur Tayeb Belaiz déclarait sur la chaine nationale que le gouvernement a répondu favorablement « presque » toutes les revendications des policiers protestataires à Ghardaïa. Malgré les mots de Belaiz, des centaines d’agents des URS ont passé la nuit devant le Palais du Gouvernement attendant d’être reçus par le Premier ministre.