Des ONG marocaines de défense des droits des migrants ont lancé mardi un appel urgent aux autorités marocaines et aux organisations onusiennes pour venir en aide à des milliers de subsahariens en détresse, ramenés de force dans des bus à Rabat, depuis les environs des enclaves espagnoles de Sebta et Melila.
Dans un communiqué reçu par la rédaction de ME, ces ONG indiquent que »depuis le début du mois de décembre 2013, nos organisations ont constaté l’arrivée quotidienne de dizaines, puis de centaines de migrants (dont des mineurs) déposés dans divers lieux de l’agglomération de Rabat par des bus réquisitionnés par les forces de l’ordre, en provenance des régions environnant les enclaves espagnoles de Sebta et Melilla ». Selon les témoignages de certains de ces subsahariens recueillis par des ONG marocaines, beaucoup de ces candidats l’immigration clandestine ont reconnus avoir été interpellées lors d’une tentative de franchissement de la frontière avec Sebta et Melilla. Mais, ajoute le communiqué, »nombre d’entre eux témoignent avoir été arrêtés dans la rue, sur leur lieu de résidence en forêt ou en territoire espagnol ». Selon des ONG, il s’agit vraiment de »déplacement forcé en dehors de toute procédure judiciaire individuelle » effectué par les forces de police du Maroc.
Des blessés et des sans abri
»Parmi ces personnes, laissées sans-abri à Rabat, nous portons assistance à un nombre croissant de blessés présentant des fractures et divers traumatismes qu’ils attribuent en grande partie à des violences exercées par les Forces Auxiliaires Marocaines ou la Guardia civil lors de leur arrestation, » ajoutent ces ONG, composées notamment du Conseil des Migrants Subsahariens au Maroc (CMSM), du Groupe d’Accompagnement et de Défense des Etrangers et Migrants (Gadem),de la Fondation Orient Occident (FOO), d’Oum el Banine et de Terre des Homme.
L’ampleur des secours à ces »naufragés » est immense, estiment-elles, dés lors que le centre d’accueil des migrants de Caritas a dû fermer ses portes mardi, ses capacités ne lui permettant pas de prendre en charge une centaine de migrants par jour, dont beaucoup sont blessés. Pour éviter une »catastrophe humanitaire », ces ONG demandent une aide urgente des autorités marocaines pour prendre en charge des migrants subsahariens.
En outre, elles lancent un appel pressant aux autorités marocaines et espagnoles pour que cessent les violences aux frontières contre ces migrants, et appellent dans la foulée l’ONU à envoyer des observateurs internationaux, de part et d’autre des frontières de Sebta et Melilla, pour »relever les violences et les violations graves des droits de l’homme » contre les subsahariens. Le SOS de ces ONG pour le respect de la vie des migrants intervient après celui lancé en février dernier après la mort par noyade de 12 subsahariens en voulant rejoindre par mer l’enclave espagnole de CSebta.