Nouveau face à face entre les syndicats et le gouvernement marocains. Le terrain de ce nouveau bras de fer est le plan de réforme du régime des retraites proposé par le chef du gouvernement, Abelilah Benkirane, que les syndicats refusent.
L’union marocaine du travail (UMT), la CDT (confédération marocaine du travail) et la FDT (fédération marocaine du travail) sont montées au créneau pour faire front commun pour refuser le plan de réforme du régime des retraites, qui entrera en vigueur à partir de 2014. Le chef du gouvernement marocain a déjà annoncé que cette réforme du régime des retraites sera entamée en 2014 avec un prolongement de deux ans de l’âge de départ à la retraite, qui sera porté de 60 à 62 ans dès 2015 et sera relevé progressivement à 65 ans. Selon la presse marocaine, le régime des fonctionnaires sera le premier à être réaménagé et dans lequel tous les paramètres seront retouchés: l’âge de départ à la retraite, le taux de cotisations ainsi que l’assiette et l’annuité de liquidation de la pension. Or, l’UMT, la CDT et la FDT rejettent à ce plan et affirment leur opposition « à toute atteinte aux acquis des retraités ainsi que tous les droits et libertés », qualifiant d' »unilatérales » les décisions gouvernementales. Dans un communiqué conjoint, les trois syndicats estiment que les décisions du gouvernement sont « hostiles à la classe ouvrière, en particulier celles relatives aux libertés et aux droits syndicaux, aux acquis sociaux, au pouvoir d’achat et à la caisse de compensation « .
Dilemme
De l’autre côté de la barrière, le directeur de la Caisse marocaine de retraite (caisse des fonctionnaires) Mohamed el Alaoui Abdellaoui a indiqué que le coût financier du retard dans la mise en place de la réforme du régime des retraites au Maroc est évalué à près de 20 milliards de dirhams (environ 1,8 Mds d’euros), pour chaque année au-delà de 2012. « Plus on tarde dans la prise de décision, plus les mesures à prendre deviennent compliquées et accentuent la charge à répartir sur les trois paramètres de la réforme de retraite (âge de la retraite, prestation de la retraite et taux de cotisation) », selon M. Abdellaoui. « Vu l’ampleur des déficits, agir sur un seul ou deux paramètres s’avère insuffisant pour équilibrer la situation financière du régime », a-t-il dit, relevant qu’ »en cas de statu quo et en l’absence de réforme, le régime puisera dès 2014-2015 dans les produits générés par ses réserves et les épuiserait en 2021″.
Situation critique
Selon des statistiques données par des caisses de retraite marocaines, leur situation est critique. Il y a en fait une hausse du nombre de retraités par rapport à celui des assurés sociaux durant les dernières années avec proportion de 3,9 assurés sociaux qui cotisent aux différents régimes de sécurité sociale au Maroc pour un seul retraité en 2009-2010. Une étude du Haut-commissariat au Plan (HCP) relève de son côté que la dépense totale des retraites représenterait 10% du PIB marocain à l’horizon 2050, contre 3% en 2010, tandis que les recettes ne représenteraient que 2,6% du PIB, soit un déficit de 7,4%. Une situation d’autant plus critique que le gouvernement éprouve les pires difficultés pour relancer la croissance économique et stopper le déficit public, qui a atteint en 2012 7% du PIB et au moins 5% en 2013.