Les terroristes ont visé des étrangers dans un musée ; ils veulent affaiblir le tourisme en visant par cet acte l’économie tunisienne, soutient Hakim Benhamouda, ancien ministre de l’économie et des finances de la Tunisie.
L’attaque terroriste du Musée du Bardo a vidé les rues de Tunis. Tout le peuple est accroché aux chaines de télévision, de radio ou aux réseaux sociaux pour tenter de comprendre cette tragédie, qui est loin d’être un simple acte perpétré par des djihadistes, selon ce qu’à déclaré le politologue tunisien Rhida Tlili à Maghreb Emergent. Cette attaque qui visait aussi bien le Musée du Bardo que le siège du Parlement Tunisien, est à la fois « attristante et inquiétante », car ces gens là, sont bien formés, rodés et obéissent à des stratégies. « Leur mode opératoire n’est pas classique, local comme celui appliqué par les djihadistes du Mont Chaanbi, mais plutôt similaire à celui des attentats de Madrid ou de Charlie Hébdo. Ils sont dans le spectaculaire. Ils veulent dire aux gouvernement qu’ils peuvent attaquer n’importe où et n’importe quand », opine-t-il en estimant que cette attaque « vise l’économie tunisienne, à travers le secteur touristique, les symboles de l’identité plurielle tunisienne incarnée par les vestiges du musée de Bardo, et la démocratie tunisienne, à travers le Parlement ».
Affaiblir l’économie tunisienne
Contacté par Maghreb Emergent, l’ancien ministre tunisien de l’économie et des finances Hakim Benhamouda, pense également que « ces terroristes veulent affaiblir le tourisme, il vise par cet acte l’économie tunisienne ». M. Benhamouda s’inquiète du bilan qui ne cesse de s’alourdir depuis l’annonce de la prise d’otage près du Musée du Brado situé au centre de Tunis. « Les informations autour du nombre des victimes sont parcellaires, et il y a une grande confusion autour des chiffres des blessés et des morts, même parmi les policiers », a-t-il déclaré.
Une première attaque ciblant des civils
« C’est la première opération terroriste ciblant des civils », signale le journaliste tunisien Thameur Mekki. Et de rappeler que cet attentat est le deuxième du genre réalisé dans une zone urbaine après celui d’Al Kasserine. « Personne ne travaille plus depuis 13 heures, depuis que les informations des témoins affirmant que l’attaque vise le Musée du Bardo et non l’Assemblée Nationale adjacente ont commencé à tomber sur les réseaux sociaux », témoigne Lilia El Gholi, photographe et artiste tunisienne. Elle se dit, « déroutée par des réactions des Tunisiens montrant une nostalgie envers le régime de ben Ali, et l’appel au sensationnel émis par la presse internationale ». Lilia El Gholi affirme que cette attaque terroriste « la renforce et qu’elle est déterminée plus que jamais à se battre contre le terrorisme, car aujourd’hui, elle a moins peur ».
La pression sécuritaire
Cela s’est passée dans une zone très fréquentée, nous dit Sarah, chercheur franco-algérienne, qui se trouvait à Tunis en cette sanglante journée. Pour elle, cette attaque n’est pas « surprenante », et les Tunisiens devaient s’y attendre dès lors que les caches d’armes ont été retrouvées. « La Tunisie subit des pressions sécuritaires depuis des mois, notamment au niveau de ses frontières. Les autorités doivent agir fermement ».
Les tunisiens se sont réunis dans la soirée devant le théâtre municipal se trouvant à l’avenue d’El Habib Bourguiba pour dénoncer les attaques terroristes de ce 18 mars et faire front contre le terrorisme en général. Le Conseil des ministres tunisiens s’est réuni dans l’urgence. Le bilan officiel des victimes sera annoncé dans la soirée, nous informe la presse tunisienne.