9h41-Reprise du procès de « l’affaire Autoroute Est-Ouest » avec l’audition de Chani Medjdoub
Chani continue d’expliquer l’activité de sa fiduciaire : « Zetland est une société partenaire qui fait le même travail que ma fiduciaire ».
Pour rappel, la commission rogatoire envoyée au Luxembourg n’a pas pu déterminer avec précision les mouvements de fonds entre cette société et la fiduciaire de Chani et la nature des prestations échangées.
« Avant de représenter Oriflame en Algérie, j’ai aidé cette société à s’implanter ailleurs dans le monde », dit-il. Et d’ajouter : « Leur modèle économique était générateur d’emplois ».
Chani décrit les écueils bureaucratiques auxquels a fait face la franchise Oriflame au démarrage de son activité en Algérie. « J’ai acheté la Villa de Poirson dans le cadre du développement des activités d’Oriflame. Après mon arrestation, cette dernière m’a retiré la franchise, disant que ‘’nous sommes une société cotée en bourse on ne peut pas se permettre de travailler avec un partenaire accusé de corruption’’ ».
Et Chani parle de khelladi, Directeur des nouveaux projets à l’ANA et sa relation avec les services de renseignements : « C’est khelladi qui m’a dit qu’il était l’émissaire du général Hassan, coordinateur de la lutte antiterroriste ».
Le Juge reprend : « n’ait pas peur de personne ! »
« Khelladi m’a demandé de l’aider avec les chinois. Je ne suis pas esclave de l’argent et je n’ai jamais eu l’intention d’acheter la conscience d’un homme. Ma relation avec les services de renseignements remonte aux année 1990. J’ai beaucoup d’amis généraux mais je ne connais pas le général Hassan », renchérit Chani qui a parlé de Khelladi comme atteint du « syndrome de James Bond ».
Selon lui, Khelladi a malmené le général Hassan dans ce dossier parce qu’ « en lisant le dossier je comprend que c’est Hassan qui m’a emprisonné». Et de révéler que Khelladi est allé en Chine pour faire pression sur la société CITIC qui avait des problèmes de paiements en Algérie.
Chani pense que c’est parce qu’il n’a pas aidé Khelladi à rencontrer les responsables de CITIC lors de son voyage en Chine en août qu’il a été arrêté en septembre. Il parle aussi de son premier contact avec le colonel Khaled qui s’était effectué, selon lui, grâce au général Abdelali qui était son chef.
10h 56-En réponse au représentant du ministère public, Chani Medjdoub revient sur les conditions de sa détention dans les locaux du DRS
11h20-Audience suspendue pour 10 minutes
11h 30-L’audience reprend
Questionné sur « son adresse du Sheraton », Chani répond au représentant du ministère public qu’il avait eu une adresse pour refaire son passeport et qu’on lui avait fourni à cette occasion, un certificat de résidence dans une résidence d’Etat.
Chani vient d’annoncer qu’il se mettra en grève de la faim immédiatement après la fin de son audition par Tayeb Hellali pour protester contre tout ce qu’il a subi et contester un procès qu’il affirme « monté de toutes pièces ».
« Je préfère mourir en homme plutôt comme un cafard dans une cellule de prison », dit Chani avant la suspension de la séance.
L’accusé Bouchema, est appelé à la barre
L’autoroute a été « un rêve de l’Etat depuis l’indépendance », dit Bouchema. « On a cherché en vain des financements étrangers jusqu’en février 2005. Le Président Bouteflika décidera alors que l’Etat financera ce projet ». Bouchema déclare avoir commencé à travailler avec Amar Ghoul en 2000 lorsqu’il était au ministère de la Pêche.
Bouchema expliquera que sa première proposition liée au projet de l’autoroute est-ouest était l’expropriation. Il était question alors de préparer l’environnement pour la réalisation du projet. Outre la mobilisation des différentes ressources nécessaires pour le lancement du projet, Bouchema propose de changer le statut de l’ANA d’une EPA à un EPIC
Il relate qu’après la sortie de l’avis d’appel d’offre, une rumeur avait circulé faisant état d’un prix exorbitant. Le but était de torpiller le projet.
« Après cette rumeur on avait demandé l’annulation de l’avis d’appel d’offres mais Bouteflika a voulu une expertise d’un bureau d’études étranger. Après consultation on a décidé de plafonner le montant », a-t-il dit, ajoutant que ce qui se dit sur Sacha et Falcone sont des rumeurs qui ont accompagné le projet dès son lancement.
Bouchema explique que la hantise des responsables sur la réalisation de ce projet était le respect des délais mais aussi celle de respecter les montants fixés. Pour cela les entreprises engagées ont signé des engagements de ne pas dépasser les prix plafonnés, a-t-il expliqué.
Bouchema parle aussi de sa rencontre avec Chani qui « lui a été présenté par Melzi » à qui il a fait d’entrée confiance sachant que tout le gouvernement logeait dans la résidence gérée par ce dernier.
Selon Bouchema toujours, les problèmes dont lui a fait part Chani à leur rencontre, il les connaissait déjà; C’était des problèmes de visa set autres que les différentes ministères œuvraient déjà à régler.
Le juge suspend l’audience jusqu’à 14h
L’audience reprend et l’audition de Bouchema se poursuit. Le juge se permet un commentaire. Un vrai réquisitoire contre la bureaucratie. « C’est la bureaucratie qui a poussé les Chinois à conventionner Chani », assène le juge, ajoutant à l’adresse de Bouchema : « qui est venu chercher après vous ? Les citoyens doivent refuser ce fonctionnement! »
Bouchema affirme qu’il a été sanctionné car il « avait accompli son travail ». « Chani m’a avertit que trois personnes qui figuraient sur la liste des travailleurs demandeurs de visas étaient louches et n’avaient rien à voir avec le projet de l’autoroute est-ouest. J’ai avertit le colonel qui siège au ministère des Travaux Publics », raconte-t-il.
Selon Bouchema, Amar Ghoul a donné délégation de signature à Khelladi pendant que lui (ndlr Bouchema) était à la Mecque pour le Hadj, affirmant qu’il avait averti le ministre sur l’illégalité de certaines choses dès son retour. Une mise en garde qui lui a valu la « vengeance de Khelladi ».
« On m’a emprisonné avec une facilité extraordinaire », dira Bouchema qui s’interroge les larmes aux yeux quel mal avait fait à sa famille pour mériter ce traitement.
« Le dispositif de surveillance permet de connaitre jusqu’aux couleurs des sous chemises. Il y avait jusqu’à 20 caméras de surveillance installées au ministère et que la police judiciaire avait les moyens de tout vérifier alors pourquoi me salir ainsi », s’interroge encore Bouchema
L’audition de Bouchema est terminée. Le juge suspend l’audience pour dix minutes.
Reprise de l’audience. Khelladi est appelé à la barre.
L’accusé Khelladi se présente comme étant directeur des recherches scientifiques aux forces navales. il dit qu’il parle cinq langues ( français, anglais, portugais et italien). Il est aussi consultant technique auprès de la Gendarmerie Nationale. A participé à la mise en place de l’institut de criminologie et de criminalistique de Bouchaoui.