Dans son discours au Palais des Nations le 29 décembre 2024, le président Tebboune dresse un portrait contrasté d’une économie en mutation. Les efforts tangibles de diversification se heurtent encore au poids prépondérant des hydrocarbures.
Le chef de l’État souligne des avancées significatives en matière de diversification. Dans le secteur primaire notamment, la production agricole a atteint 37 milliards de dollars, démontrant une réelle dynamique du secteur agroalimentaire. Sur le plan énergétique, autre motif de satisfaction, l’excédent électrique s’élève désormais à 12 000 mégawatts, permettant d’envisager de nouvelles perspectives d’exportation. Pour consolider ces résultats prometteurs, le plan quinquennal 2024-2029 trace une trajectoire ambitieuse avec la création prévue de 450 000 emplois. Dans cette même dynamique, il prévoit le lancement de 20 000 projets d’investissement ainsi que l’augmentation de la part de l’industrie à 12% du PIB.
Au-delà des objectifs chiffrés, des chantiers d’envergure prennent forme. Sur le terrain, l’exploitation prochaine du gisement de fer de Gara Djebilet démarrera avec les premières cargaisons en 2026. La construction d’une nouvelle ligne ferroviaire vers Tamanrasset appuie également la valorisation d’autres ressources naturelles. Ces projets s’accompagnent d’une modernisation des infrastructures susceptible de stimuler le développement de nouveaux secteurs économiques.
Le poids persistant du modèle rentier
Malgré ces avancées, l’économie peine à se libérer de sa dépendance aux hydrocarbures. Ceux-ci représentent toujours 95% des recettes en devises, exposant le pays aux aléas des marchés internationaux. Cette réalité conditionne largement la politique sociale du gouvernement. En témoignent le doublement des salaires pour 2,8 millions de fonctionnaires et la revalorisation des pensions de 3 millions de retraités. Le programme de 2 millions de logements sociaux illustre également cette logique de redistribution qui, bien que socialement nécessaire, ralentit la transformation structurelle de l’économie.
Les indicateurs macroéconomiques reflètent ces contradictions. En effet, l’inflation oscille entre 7% et 8%, tandis que plus de 3 millions de chômeurs sont indemnisés. Sur le plan monétaire, la situation préoccupe avec une dépréciation du dinar de 50% en quatre ans sur le marché parallèle. Les investissements directs étrangers stagnent à 1,2 milliard de dollars en 2023, un niveau trop faible pour impulser un réel changement.
Face à ces défis, le président affiche un optimisme volontariste avec un objectif de PIB à 400 milliards de dollars d’ici 2027. Sa promesse d’augmenter le pouvoir d’achat de 53% souligne cependant toute la difficulté à concilier transformation économique et paix sociale. Si la diversification progresse dans certains secteurs, la prédominance des hydrocarbures continue de fragiliser l’équilibre du modèle économique algérien.
L.N