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Internationale

ONU, Apartheid, Israël : Rima Khalaf, grain de sable dans une institution onusienne sans courage

Par Saïd Djaafer
mars 18, 2017
ONU, Apartheid, Israël : Rima Khalaf, grain de sable dans une institution onusienne sans courage

 

Le nouveau secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres a commencé son mandat par une censure d’un rapport de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (ESCWA) accusant Israël de pratiquer l’apartheid à l’égard des Palestiniens.

 Rima Khalaf, économiste, ancien ministre jordanienne qui dirige l’ESCWA avait refusé de céder à la pression du Secrétaire général de l’ONU de retirer le rapport et a démissionné de son poste.  Le texte annonçant le rapport se trouve toujours sur le site internet de l’ESCWA mais le lien vers le rapport est rompu.  Une censure claire qui témoigne d’une célérité remarquable d’Antonia Guterres à obéir aux exigences des Etats-Unis et d’Israël.

 Les conclusions du rapport établi par deux grands spécialistes du Droit international, Richard Falk et Virginia Tilley, constataient à la lumière de l’analyse des discriminations subies par les Palestiniens qu’Israël était « coupable de politique et de pratiques constitutives du crime d’apartheid ».

Jimmy Carter: Pire qu’en Afrique du sud

Rien de nouveau sous le ciel.  En 2006, l’ancien président américain Jimmy Carter, a publié un livre au titre éloquent « Palestine : Peace Not Apartheid » (Palestine : la paix pas l’apartheid), dans lequel il affirme qu’Israël pratiquait un apartheid « pire » qu’en Afrique du Sud.

 Jimmy Carter qui défendait l’ouverture d’un débat aux Etats-Unis sur la politique d’Israël avait souligné malgré une vive levée de boucliers que les barrières grillagées, les détecteurs électriques et les blocs de béton installés par Israël le long de la frontière avec la Cisjordanie justifiaient clairement l’utilisation de l’expression Apartheid.

 « Je pense même que la situation est pire, dans bien des cas, que l’apartheid en Afrique du Sud » avait-il ajouté en relevant qu’il y a aux Etats-Unis « une formidable intimidation qui réduit nos concitoyens au silence ». « Ce silence est observé non seulement par « des individus ou des personnes candidates à des fonctions électives mais aussi par les médias d’information ».

« Je soutiens toutes les conclusions du rapport »

A l’évidence, le nouveau secrétaire général de l’ONU n’y échappe pas non plus. Il a rapidement exaucé les exigences des ambassadeurs américain et israélien à l’ONU et a accepté que son premier acte sur la Palestine soit celui d’une censure sans précédent dans les annales de l’ONU.

 La jordanienne Rima Khalaf qui a refusé de céder à la pression d’Antonio Guterres a quitté ses fonctions la tête haute et entourée du respect du personnel de l’ECWSA. Dans une conférence de presse organisée vendredi à Beyrouth où se trouve le siège de la Commission, elle a expliqué les raisons de son départ.

 « Il  (Guterres) m’a demandé hier matin de retirer [le rapport], je lui ai demandé de repenser sa décision mais il a insisté. Sur ce, je lui ai présenté ma démission de l’ONU. Je démissionne parce qu’il est de mon devoir de ne pas dissimuler un crime, je soutiens toutes les conclusions du rapport. ».

Fiers d’elle!

 « Sa démission est un choc, mais la plupart d’entre nous sommes fiers d’elle. C’est ce qu’elle pouvait faire de mieux. Elle proteste contre un acte de censure qui va à l’encontre de tous les principes des Nations unies » a déclaré au journal Le Monde une source au sein de l’ECWSA.

 Le porte-parole d’Antonio Guterres, Stéphane Dujarric, a choisi de jouer sur la forme en assurant que ce n’est pas le contenu du rapport qui posait problème mais la procédure. Un argument qui laisse de marbre, l’ONU et ses organes produisent des quantités de rapports sans attendre l’aval du secrétaire général.

 Mais à l’évidence, Israël constitue une exception où le droit international ne s’applique pas.  Et ce n’est pas glorieux, ni pour Antonio Guterres, ni pour l’ONU. Rima Khalaf quitte son poste la tête haute. Elle n’a pas cédé et a constitué un grain de sable dans les rouages d’une institution onusienne sans courage. « Les conclusions du rapport sont désormais publiques, a-t-elle déclaré. Elles ont été diffusées largement, tout le monde peut les utiliser. ».

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