La crise économique tend à s’enraciner en Algérie sous le poids de la récession et du chômage dont les chiffres s’affolent furieusement.
Par malheur, la pandémie Covid-19 arrivée en 2020 est venue pour compliquer les choses. Chômage de masse, plan sociaux et autres retards de salaires n’ont pour seule consolation que les promesses d’un gouvernement qui n’a plus les grâces du président, et à sa tête Abdelaziz Djerad, s’employant à retarder des échéances inéluctables, à coups de discours à la « méthode Coué » .
Bien qu’il se dit en ordre de marche, l’exécutif, amputé actuellement d’une tête, joue toutes ses cartes ou presque sur le Plan de relance économique (2020-2024), aux ambitions de moyen/long terme, compte tenu des indicateurs économiques actuels. « Un plan de la dernière chance », comme l’a qualifié le président de la CAPC, Sami Agli.
Il y a une semaine, le ministère délégué chargé de la Prospective, Pr Mohamed-Cherif Belmihoub, remettait un rapport sur ce projet économique au Premier ministre. Le document fait état d’une aggravation du déficit de la balance commerciale de l’ordre de 84%, sur les 11 premiers mois de 2020, et ce malgré la baisse des importations (-18,25%). Mais en parallèle, les exportations, ont également baissé de 34,84% sur cette la période de référence.
Mais la partie macroéconomique ne constitue, malheureusement, que la partie visible de l’iceberg. La grande inconnue se situe sur le plan social. Pour l’heure, aucun bilan n’a été établi par le gouvernement afin de mesurer avec exactitude les dégâts causés par la crise sanitaire et économique, au niveau socioéconomique.
Une forte baisse de la demande d’emploi
A titre d’exemple, les statistiques de l’Agence nationale de l’emploi (Anem), -rapportées récemment par le quotidien Liberté- révèlent « un recul de 39% des offres d’emploi et une baisse de 30% des demandes d’emploi entre 2019 et les 8 premiers mois de l’année 2020 ». Un indice corroboré par les chiffres que communiquent chaque semaine les syndicats des travailleurs, concernant les licenciement pour motif économique, non renouvellement de CDD (Contrat à durée indéterminée) ou autres plans sociaux.
Et pour cause, beaucoup de secteurs n’ont pas résisté à la crise. BTPH, transports, industrie des loisirs, centres de formations, location, textile et habillement, maroquinerie, ainsi que d’autres segments plus vulnérables aux fluctuations macroéconomiques, ont été paralysés par les mesures de confinement et les fortes perturbations des chaînes d’approvisionnement aux niveaux national et mondial ».
A titre d’exemple, environ 4000 entreprises exerçant dans le BTPH ont fait faillite en 2020, selon l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA).
Ce phénomène a été amplifié par des facteurs exogènes, telles l’absence de plans de sauvetage publics, ou l’aspect aléatoire et insuffisant des indemnisations et autres compensations annoncées par le gouvernement.
Néanmoins, certains secteurs affichant une meilleure résilience face à la crise Covid-19, ont pu résister ou s’adapter, de manière à sauver les emplois, à l’image de de l’agriculture ou du commerce électronique.
Une partie active à régulariser
Alors que pour absorber la colère d‘une partie des travailleurs actifs, le gouvernement joue la carte de l’apaisement, en proposant la régularisation de quelque 365 000 titulaires de contrat pré-emploi (DAIP) supplémentaires. Sauf que depuis la publication du décret exécutif en décembre 2020, seulement 25 000 contractuels ont pu être régularisés à ce jour.
La situation est telle qu’au sein de la société civile, l’on craint un retour en force de mouvements de protestation, à un moment où les rassemblements des salariés devant les sièges des entreprises devienne monnaie courante. En effet, et depuis le début de la deuxième moitié de l’année écoulée, il ne se passe pas une semaine où l’on n’observe pas ce genre de mouvements socio-professionnels, chez le secteur public comme le privé.
L’illustration en est toute faite avec le cas ENIEM, les chauffeurs de taxis, les moulins du groupe Benamor, Renault Algérie, ETRHB, ainsi que d’autres entreprises, qui connaissent des turbulences en haute voltige.
Au plus haut niveau de l’Etat, le début de la nouvelle l’année ressemble comme deux goutes d’eau à fin de l’année précédente. Elle est surtout marquée par l’absence du président, qui a dû refaire escale en Allemagne pour des besoins médicaux, mais qui également par son « tacle » à l’endroit de son gouvernement, en perte de confiance, et dont il se dit plutôt « mitigé » quant à son avenir.