“L’absence d’identité juridique signifie que vous n’existez pas du tout aux yeux de l’État, un scénario qui est extrêmement alarmant et qui va à l’encontre de chacun de nos efforts de développement humain”. c’est avec ces mots que la secrétaire exécutive de la CEA (Commission économique pour l’Afrique), Vera Songwe a interpellé les ministres africains chargés de l’enregistrement des faits d’état civil et des statistiques de l’état civil (EFSEC ou CRVS en anglais), lors de la 5ème conférence organisée à Lusaka, du 14 au 18 octobre en cours.
Il est vrai que les taux d’enregistrement des naissances et mortalités dans les registres, varient d’un pays à l’autre dans le continent, mais “sans une collaboration continentale et régionale, les choses pourront s’aggraver, surtout que le phénomène de la migration s’intensifie.
A l’exclusion de l’Afrique du Nord, moins de la moitié de ces naissances (46%) ont été enregistrées. « Les taux d’enregistrement des décès sont encore plus bas et ceux des mariages et des divorces bien pires », indique un document du Fonds des Nations unies pour la population.
Une aubaine pour le développement économique
L’enregistrement des faits de l’état civil et l’établissement des statistiques de l’état civil représentent une réelle problématique qui entrave le développement économique et freine l’application des différents programmes. Les CRVS « s’imposent pour mesurer les indicateurs de 12 des l7 objectifs de développement durable et 67 des 230 indicateurs de ces objectifs pourraient être partiellement ou entièrement calculés avec des données provenant de systèmes d’enregistrement des faits d’état civil et d’établissement des statistiques de l’état civil ».
Selon les données de l’UNICEF, deux nourrissons sur trois ne sont toujours pas enregistrés à la naissance en Afrique subsaharienne. Trois sur quatre ne disposent pas de certificat de naissance, toujours selon cette agence onusienne.
Dans certains pays, comme la Zambie, la Namibie, et les pays de l’Afrique centrale, seulement 11% des enfants de moins de 5 ans sont enregistrés.
“Les personnes sans papiers, qui sont souvent des femmes, des enfants, des réfugiés et des migrants, sont confrontées à des défis majeurs dans l’exercice de leurs droits fondamentaux, dans leur participation à la vie sociale et dans leur quête de protection par la loi, une situation qui ne fait qu’aggraver leur vulnérabilité”, déplore la secrétaire exécutive de la CEA.
Comment les gouvernements peuvent élaborer leuds plans nationaux, planifier des stratégies ou mesurer leur gouvernance s’ils ne savent pas combien de personnes vivent sur leur territoire ? Sans connaître le nombre et les caractéristiques des résidents d’un pays, les gouvernements ne peuvent ni planifier, ni élaborer des politiques adéquates, ni suivre les progrès. “Cela nous éloigne encore plus de la réalisation de nos engagements en matière de développement humain tels qu’énoncés dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine et le Programme de développement durable à l’horizon 2030”, souligne Verra Songwe.
La numérisation comme outil principal d’enregistrement
Pour sa part, M. Oliver Chinganya, Directeur du Centre africain pour la statistique, à la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a souligné l’importance de la numérisation en tant que facilitateur du CRVS.
« Nous sommes réunis ici à Lusaka pour COM5 avec un mandat élargi et avec la reconnaissance totale que les faits d’état civil sont le fondement de l’identité légale – une exigence universelle pour l’ODD16.9 de fournir une identité légale pour tous, y compris la déclaration des naissances. Il faut également exploiter les atouts de la numérisation », a-t-il dit.
Il a ajouté que le Plan stratégique 2017-2021 du Programme africain pour l’amélioration accélérée des faits d’état civil et des statistiques d’état civil (APAI-CRVS), a pour mission de rendre tout le monde visible en Afrique. Il offre une plate-forme permettant au continent de collaborer sur les questions relatives au CRVS.