Même dans le cas d’un accord entre les deux groupes, Maghreb Steel a encore du chemin à faire avant de devenir fournisseur d’un constructeur automobile. En effet, il est en quasi-faillite depuis trois ans. Son taux d’endettement est de 700%, et des pertes cumulées sur trois ans de plus de 2 milliards de dirhams.
Le groupe privé marocain de sidérurgie Maghreb Steel est en train de mener discrètement des discussions avec le constructeur automobile français Renault pour approvisionner en pièces de carrosserie ses usines de Tanger-Melloussa et l’usine Somaca à Casablanca.
A l’Association marocaine pour l’industrie et du commerce de l’automobile (AMICA), on reste évasif sur ces négociations. Si le président de l’Amica, Hakim Abdelmoumen, n’en a rien laissé transparaître, le vice-président et responsable des écosystèmes Métal/Emboutissage de Maghreb Steel, Tadj Eddine Bennis, relève, dans une déclaration à L’Economiste, qu »’il est encore prématuré de parler d’approvisionnement de Renault. Certes, des négociations ont été entreprises dans ce sens à partir du moment où il y a des pièces qui sont fabriquées localement mais rien n’est encore signé ».
Chez Renault-Maroc, on reste aussi très discret. » Ace jour, il n’y a pas de business avec le sidérurgiste mais nos deux groupes travaillent pour y parvenir », explique Mhamed Tazi, directeur Communication du groupe. Cité par L’Economiste, il précise que »tout dépendra de la capacité de Maghreb Steel à répondre au cahier des charges de Renault et à respecter les exigences et spécificités de la filière automobile ».
Même dans le cas d’un accord, Maghreb Steel a encore du chemin à faire avant de devenir fournisseur d’un constructeur automobile. L’usine Renault de Melloussa (Tanger) fait venir de l’usine espagnole du géant mondial de l’acier, Arcelor, l’essentiel de ses pièces de carrosserie, à hauteur de 80%. Le reste est fourni par le groupe turc Erdemir, un autre géant de la sidérurgie.
Maghreb Steel, une dette de 700%
Les manœuvres d’approche du constructeur français ressemblent à une quête de plan de charge important et sur le long terme pour le sidérurgiste marocain, en pleine phase de redressement.
Piloté par les banques, qui ont évincé de la gestion du groupe la famille Sekkat, le plan de redressement de Maghreb Steel est suivi par le bureau d’études Mckinsey, dont la mission est de restructurer l’entreprise pour permettre aux banques de récupérer leur dû, évalué à 5 milliards de dirhams. Car, en fait, le sidérurgiste privé marocain est en quasi-faillite depuis trois ans. Son taux d’endettement est de 700%, et des pertes cumulées sur trois ans de plus de 2 milliards de dirhams.
Un partenariat avec Renault-Maroc équivaut, selon des experts, à un bien meilleur plan de sauvetage que la récente mesure gouvernementale d’appliquer un droit additionnel ad valorem de 22% sur les importations des tôles laminées à froid et de tôles plaquées ou revêtues en provenance de pays d’Europe et d’Asie.
Maghreb Steel est entré dans la tourmente entre 2007 et 2012, au moment où il a effectué des investissements lourds, alors que le marché de l’acier entrait en crise. La société s’est endettée pour augmenter sa capacité de production à 1 million de tonnes dans son usine de Mohammadia, anticipant une croissance du marché, qui n’a pas eu lieu.
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