Déterminé à contrôler les médias, le ministre de la Communication, Mohamed Laagab, a mis en place deux commissions chargées de surveiller de près les programmes qui seront diffusés durant le mois de Ramadhan, ainsi que ceux dédiés au sport.
L’une de ces commissions est chargée de suivre les contenus télévisuels, tandis que l’autre se concentrera sur les médias électroniques et la presse écrite. Les directives en question proviennent du ministre Mohamed Laagab lui-même, qui, depuis sa nomination, a multiplié les rencontres et les interventions médiatiques dans le but de « réorganiser » le secteur.
Entre janvier et février, il a rencontré les directeurs des radios régionales, les responsables des bureaux régionaux de l’EPTV, les directeurs des chaines de télévision, ainsi que des éditeurs et journalistes spécialisés dans le sport. Pour les programmes de ce mois de Ramadhan, il a instruit les directeurs des chaînes TV de prévisualiser tous les programmes avant leur diffusion. Il a également souligné la nécessité de privilégier des programmes axés sur des thèmes familiaux. Cette mesure évite, d’après lui, « de mener l’ARAV et le ministère de tutelle à prendre les mesures juridiques en cas de dépassement ».
Ces directives s’étendent également aux programmes sportifs. Depuis la polémique entourant l’affaire Belmadi, le ministre Laagab a convoqué les éditeurs et les journalistes de la presse sportive, les critiquant pour leur manque d’éthique et de professionnalisme. Il a, quelques jours plus tard, rappelé un certain nombre de journalistes sportifs pour « récidive ». Il a même évoqué la possibilité de sanctions et de poursuites judiciaires à l’encontre des journalistes et des institutions médiatiques.
Depuis sa mise en place, l’ARAV a pris des décisions radicales en suspendant ou en fermant définitivement des chaines de télévision. Souvent, le motif évoqué est en lien avec la morale, comme cela a été le cas avec le feuilleton Hab Mlouk, dont la diffusion a été suspendue pendant Ramadhan 2022, à cause d’une scène contenant un baiser. Les exemples sont nombreux, mais l’ARAV, qui se concentre essentiellement sur les contenus immoraux, semble négliger les différentes formes de dépassements observés, au quotidien, à tous les niveaux.