Personne ne le contredira, notre jeunesse se sent, bien à raison, victime du même système de répression que celui qui avait cours sous la dictature. Qu’est-ce qui a donc changé, puisque les lois scélérates sont toujours en place et quasiment les mêmes à être appliquée par les juges et servies nolens volens par les forces de l’ordre*?
Le regretté Mejdi Hajlaoui, officier des forces de l’ordre mort atrocement à la suite du lancement d’un cocktail Molotov criminel dans la voiture où il se trouvait, a été décrété martyr de la nation; est-suffisant de le mettre au même rang que du martyr d’El-Kamour ? Ce dernier participait à un désordre, quelles que soient ses motivations légitimes, le premier participait à faire cesser le désordre !
Certes, les deux sont des victimes à regretter; mais elles le sont surtout, dans un cas comme dans l’autre, d’une confusion terrible des valeurs de laquelle il nous faut impérativement sortir. Sinon, c’est la garantie de la répétition sans fin de pareils drames, chaque partie responsable se sentant en l’état actuel de nos lois en droit de défendre ses intérêts considérés de son strict point de vue et non de celui de l’intérêt général.
Des jeunes désaxés manipulés par des professionnels du terrorisme mental
Le chef du gouvernement a promis de punir sévèrement les auteurs du tragique meurtre; ce ne serait pas suffisant pour rendre hommage à la victime.
Car le martyr Mehdi Hajlaoui a été bien plus victime d’une vision machiavélique de l’autorité que de ses meurtriers, des jeunes désaxés, au cerveau probablement manipulé par des professionnels du terrorisme mental. Or, nombre parmi ces professionnels de la désinformation agissent librement dans le pays au nom d’une religion dénaturée ou de mythes dépassés de régime du pouvoir.
De fait, au-delà de l’officier Hajlaoui, on a visé tout uniforme de l’ordre perçu comme étant un ennemi du peuple. C’est de cette absence terrible de confiance chez les jeunes que sont victimes nos forces de l’ordre, elles-mêmes victimes de la vision machiavélique de l’autorité publique chez le peuple, sa jeunesse surtout, et qui en sont eux-mêmes les premières victimes, faut-il le reconnaître.
La jeunesse victime d’un système de répression légalisée
Personne ne le contredira, notre jeunesse se sent, bien à raison, victime du même système de répression que celui qui avait cours sous la dictature. Qu’est-ce qui a donc changé, puisque les lois scélérates sont toujours en place et quasiment les mêmes à être appliquée par les juges et servies nolens volens par les forces de l’ordre?
Comment un jeune brimé dans sa vie privée, jugé par de telles lois honteuses, n’en voudra-t-il pas au système de son pays, et en premier aux forces de l’ordre qui sont à la source de l’enclenchement de la machine judiciaire, étant obligées d’appliquer l’ordre légal, quoiqu’illégitime, du pays?
Car cet ordre n’est pas républicain, étant celui de la dictature officiellement abolie; comment dans ce cas peut-on avoir des forces de l’ordre républicaines, respectées et aimées par le peuple qu’elles sont censées protégées ?
Rétablir la confiance dans le pays en suspendant les lois liberticides
Ce ne sera pas la sévérité de la sanction des auteurs du drame qui rendra véritablement hommage au regretté Hajlaoui. Assurément, elle ne sera pas suffisante pour éviter d’autres drames à craindre. Seule une action à la racine, assainissant les rapports entre les forces de l’ordre et la société, est susceptible d’agir pour faire naître la confiance nécessaire entre les deux.
La société a besoin de droits et de libertés pour vivre et ne plus étouffer, s’en retournant alors abusivement contre ceux qui représentent l’ordre la faisant étouffer bien qu’ils n’en soient que les serviteurs.
Les lois scélérates doivent être abolies après l’avoir été de par la constitution. Or, celle-ci reste encore lettre morte; jusqu’à quand ? Combien faut-il encore de victimes pour que nos politiques et notre législateur se résolvent à mettre en vigueur les droits et libertés constitutionnels ?
Certes, on pourrait exciper de la lenteur que nécessite une réforme qui serait ambitieuse en évoquant le projet présidentiel de code des libertés. Néanmoins, cela n’empêche nullement, dans l’attente, de décider au niveau ministériel, un moratoire à l’application des lois les plus controversées et dont la scélératesse est largement avérée.
Comme les forces de l’ordre sont les cibles des mécontentements populaires, n’est-ce pas les protéger en les dispensant d’appliquer les lois qui n’ont rien à voir avec leur mission fondamentale de maintien de l’ordre, car n’ayant pour but que de brimer le peuple dans sa vie priée, et sa jeunesse surtout ?
Une telle mesure relève de la seule responsabilité des ministres de l’Intérieur et de la Défense qui se doivent d’avoir le courage de protéger leurs forces, de police et de gendarmerie, en leur ordonnant de ne se soucier dorénavant que du maintien de l’ordre vrai en n’appliquant plus les lois attentatoires à la liberté privée des gens qui sont, juridiquement, nulles de nullité absolue, la constitution les ayant abolis, et ce en attendant que la législation suive.
C’st ainsi qu’on rendra vraiment hommage au martyr Mejdi Hajlaoui et non par des mesures qui ne relèveront que de la gesticulation politicienne stérile à modifier l’état de crise sociétale en cours dans notre pays.
(*) Cet article a été publié initialement sur le blog de son auteur sous le titre « Quel hommage rendre au regretté Mejdi Hajlaoui ? ». Nous le publions ici avec son accord.