Alors que la situation dans laquelle se débat le secteur public marchand ( SPM) est connue avec l’évaluation périodique faite notamment par la cour des comptes (CC) qui a publié en novembre dernier un rapport à cet effet, le ministre de l’industrie, Ahmed Zeghdar évoque un audit dans ce cadre.
Devant la la Commission des affaires économiques, de l’industrie, du commerce et de la planification de l’Assemblée populaire nationale (APN), il a fait état du lancement d’un audit global concernant la gouvernance et le niveau de performance du SPM à travers tous les groupes industriels et les holdings.
L’opération a touché au cours de l’année qui s’achève, neuf groupes sur dix placés sous le portefeuille du ministère de l’Industrie en attendant que les autres entreprises suivent. Objectif: établir un diagnostic minutieux de chaque entreprise.
Le diagnostic est pourtant déjà connu. Il a été dressé à maintes reprises. A chaque fois, les évaluations font ressortir la faiblesse des performances des EPE tant en matière de gouvernance qu’en résultats financiers. Et à chaque fois, des plans de relance sont mis en œuvre pour voler à la rescousse de ces entités économiques moribondes mais sans grands résultats.
Ce qui se fait d’ailleurs actuellement avec la remise en marche des entreprises à l’arrêt ( 19 sur 51 au cours de 2022). Parallèlement, 29 entreprises connaissent des difficultés financières. Trois dossiers seront soumis au Conseil des participations de l’État (CPE).
Il s’agit, selon le ministre, de la relance du complexe de cycles, motocycles et applications (CYCMA), du redressement et de la relance des activités des filiales relevant de la société holding « GETEX » et enfin du redressement de l’Entreprise nationale de industries de l’électroménager (ENIEM).
SPM : Faible contribution dans la création d’emplois
C’est dire que le plan d’appui aux EPE ne fait que s’allonger pour un secteur dont la consistance et l’étendue ne sont pas déterminées d’une manière exhaustive et officielle , selon la CC qui a relevé dans son rapport de « faibles performances économiques et financières en dépit du soutien financier conséquent de l’État à travers les assainissements financiers ». Et ce, même si pour cette année, les résultats sont en amélioration par rapport à 2021.
Ahmed Zeghdar a fait savoir que le SPM a connu une hausse de la valeur de production de l’ordre de 31,5%, une hausse du chiffre d’affaires de 32%, une hausse de la valeur ajoutée de 12,5%, ainsi qu’une augmentation du nombre des travailleurs de l’ordre de 0,4%. Soit une très faible contribution en matière de création d’emplois.
Ce que le ministre n’a pas dit, c’est qu’elles sont très peu nombreuses les entreprises à enregistrer ces performances. Selon la CC: « A l’exception d’un nombre réduit de groupes à savoir Sonatrach (Energie), Saidal (Pharmacie), Gica (Matériaux de construction) Cosider (Construction), Serport (Transport), Madar (Agroindustrie), le SPM se caractérise par une rentabilité très basse, une valeur ajoutée peu contributive à la formation du produit intérieur brut (PIB), surendettement des EPE et une faible rémunération des capitaux investis par l’État ». « Cette situation traduit l’inefficacité des dispositifs successifs, de gestion et de supervision du SPM mis en place qui peinent à assurer un suivi des fonds publics investis par l’État. », précise encore le rapport.
A la lumière de tous ces indicateurs et des mesures déjà annoncées par le ministère de l’Industrie pour relancer le SPM, qu’apportera de plus l’audit lancé cette année ? Un énième constat mais surtout un autre retard dans la réforme de la gouvernance de ces entreprises puisqu’il faudrait attendre la fin de toutes les opérations pour passer à l’action.
D’emblée, le processus s’annonce encore long sachant que le secteur englobe 33 groupes et 11 EPE non affiliées et disposent globalement de 647 filiales dont 117 fermes pilotes et 45 participations à l’étranger, selon la CC.