Elaboré par une quarantaine de chercheurs affiliés à des institutions africaines, le rapport alternatif sur l’Afrique (RASA) a lancé son premier numéro le mercredi 25 juillet 2018 à Dakar au siège de Enda Tiers-Monde.
Un rapport qui se veut une vraie démonstration de la « transformation positive déjà à l’œuvre dans les dynamiques réelles. Il est alternatif aussi parce que conjuguant savoirs d’experts et savoirs d’expérience et donnant la parole à des acteurs authentiques habituellement « invisibilisés » et disqualifiés », indique les rédacteurs du rapport.
Dans son intervention pour les médias sénégalais, Moussa Mbaye, secrétaire exécutif d’Enda Tiers-Monde a expliqué qu’il y a « une cinquantaine de rapports qui sortent chaque année sur l’Afrique et qui sont faits par des institutions extérieures qui utilisent des catégories statistiques et statiques inadaptées et qui ne rendent pas compte des dynamiques de développement des pays africains. Donc il est essentiel de corriger cela ».
Ce rapport est une enquête faite par les Africains et pour les Africains. Le RASA a été construit durant deux années et est basé sur cinq axes. Le rapport aborde des questionnements fondamentaux auxquels les prochaines éditions, prévues une fois tous les deux ans, devront apporter des réponses scientifiques. Comment réhabiliter l’objet Afrique ? De quel mode de gouvernance l’Afrique a-t-elle besoin ? De quelle façon aborder la démographie du continent ? Comment mesurer le bien-être et le progrès ? Si le texte, d’une centaine de pages, ne donne pas de réponses définitives, il ouvre de nombreuses pistes de réflexion.
Selon le groupe qui a élaboré ce rapport alternatif « Ces rapports sont des lieux de classement et de projection des mesures faites à partir d’indicateurs quantitatifs qui ont désormais montré toutes leurs limites méthodologiques et normatives », mais aussi généralement, les indicateurs utilisés dans les rapports sont erronés et mythiques, alors que « l’Afrique continue d’être mal mesurée, mal présentée et mal représentée par elle-même, et les autres. Les systèmes statistiques ne sont pas en bon ordre là où ils existent. Il n’y a pas de bases de données fiables ni sur le développement ni sur la démographie, encore moins sur d’autres dimensions propres à la vie des Africains. L’écart reste important entre les données produites et les réalités des populations, entre les indicateurs théoriques et les situations et pratiques réelles ».