L’Algérie perd chaque année plus de 467 millions de dollars du fait des pratiques d’évasions fiscales internationales, selon un rapport sur l’état des lieux de la justice fiscale, publié récemment par l’organisation non gouvernementale (ONG), Tax Justice Network.
Cette organisation qui fournit des statistiques complètes sur les pertes de recettes liées aux abus fiscaux transfrontaliers des multinationales et des individus qui dissimulent des actifs et des sources de revenus à l’étranger, révèle que les pertes fiscales de l’Algérie représentent 0,3 % du produit intérieur brut (PIB).
Sur les centaines de millions de dollars que perd l’Algérie au profit des paradis fiscaux, 413,75 millions de dollars sont perdus du fait des abus transfrontaliers d’impôts sur les sociétés par les multinationales et 53,3 millions de dollars, en évasion fiscale. Ces derniers sont accomplis par des particuliers fortunés qui transfèrent leur argent à l’étranger, précise le rapport de la Tax Justice Network.
L’organisme précise que ces pertes directes sont liées au décalage entre la localisation des bénéfices et celle de l’activité économique productive. Le rapport relève également que les bénéfices réalisés en Algérie transférés vers l’extérieur, sont évalués à 1655 millions de dollars.
Concernant les pertes fiscales de l’Algérie, qui sont imputables à l’abus de l’impôt sur les sociétés, elles représentent 0,2 % du produit intérieur brut, relève le rapport. Ce dernier évalue, également, la part des actifs financiers offshore détenue par les Algériens à 3 milliards de dollars, notant dans ce sens, que les importations constituent le circuit par lequel le pays est le plus vulnérable aux flux financiers illicites, avec un niveau de vulnérabilité de 53 sur une échelle de 100.
Par ailleurs, avec un score d’opacité financière de 79,6 sur 100, selon ce même rapport, l’Algérie est classée à la 23e place sur 133 pays. Le principal partenaire commercial responsable de la vulnérabilité est la Chine, à hauteur de 18,7 %, suivi de la France à 9,7 % et de l’Italie à 7,7 %. La part de l’Algérie, au regard du volume total des pertes de recettes mondiales liées aux abus fiscaux transfrontaliers, est évaluée à 0,21 %.
Rappelons que le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, qui répondait mardi dernier, aux interrogations des membres du Conseil de la nation sur le texte de loi de finances 2022, avait indiqué que la fraude et l’évasion fiscales ont atteint des niveaux « intolérables », soulignant la détermination de l’Etat à améliorer le recouvrement fiscal.