Alors que la compagnie nationale Air Algérie s’apprête à acquérir une quinzaine de nouveaux avions au cours des cinq prochaines années, des questions se posent concernant la capacité de l’aéroport international « Houari-Boumediène » à évoluer en un véritable hub du transport aérien international, comme souhaité par les autorités algériennes.
Ce renforcement permettra-t-il, en effet, à Alger de se positionner comme une plateforme stratégique reliant un large éventail de destinations mondiales ? Les infrastructures actuelles, les services offerts et la compétitivité de la compagnie nationale suffiront-ils à soutenir cette transformation ambitieuse ?
De l’avis des spécialistes, pour que l’aéroport d’Alger devienne un hub aérien international performant, plusieurs éléments doivent être améliorés ou développés. Il s’agit d’abord de le doter d’infrastructures adaptées au transit. En ce sens, il doit disposer de plusieurs pistes, d’équipements modernes pour gérer l’afflux de passagers, ainsi que de services de qualité tels que l’enregistrement rapide et la gestion efficace des bagages.
Dans une récente déclaration aux médias, le président-directeur général de la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires d’Alger (SGSIA), Mokhtar Said Mediouni, avait indiqué que le trafic des voyageurs à l’aéroport international d’Alger dépassera les 10 millions de personnes d’ici la fin de l’année 2024, assurant que l’aéroport d’Alger vise à « devenir un hub régional ». Mokhtar Said Mediouni n’évoque ni les insuffisances enregistrées actuellement, ni les exigences que commande une telle ambition.
Les hubs internationaux disposent de zones de transit optimisées (salons, hôtels, services de restauration rapide pour les correspondances). Des processus de contrôle (douanes, sécurité) plus rapides sont également mis en place pour réduire le temps entre deux vols. Aussi disposent-ils d’une signalétique claire, d’un accès internet performant et d’une information en temps réel facilitant le parcours des passagers.
Ce responsable s’est contenté de mettre en avant l’importance que son établissement accorde à « l’amélioration continue de la qualité des services fournis au niveau du plus grand aéroport en Algérie ». Dans cet ordre d’idées, il a annoncé « la mise en place des salles d’allaitement répondant aux normes sanitaires, la création de zones de duty‐free, ainsi que d’autres facilitations ».
L’importance de la gestion des bagages
Il y a quelques années, alors que l’idée de « hub » faisait son chemin, Salah Boultif, ancien P-DG d’Air Algérie, assurait que pour l’activité transit, « on est dans un autre modèle de penser ». D’après lui, en plus de toutes les améliorations nécessaires, figure un point important : celui des bagages. « Il faut toute une organisation notamment pour les bagages, il faut les faire transiter en même temps que les passagers », avait-il expliqué.
En effet, pour que l’aéroport d’Alger devienne un hub efficace, la gestion des bagages doit être optimisée, car c’est un point crucial pour les passagers en correspondance. Ce qui est loin le cas aujourd’hui, de l’avis autant des passagers que de certains cadres de l’entreprise en retraite. Sur les réseaux sociaux, de nombreux passagers ne manquent pas d’ailleurs de dénoncer les retards fréquents dans le transfert des bagages à Alger.
Un hub doit disposer d’un système de tri des bagages rapide, précis et automatisé, capable de gérer un grand volume de passagers en transit. Et selon les recommandations, un bon hub doit garantir que les bagages des passagers en correspondance sont transférés rapidement d’un vol à un autre, idéalement en moins de 45 minutes.
Certains hubs modernes utilisent aujourd’hui même des systèmes équipés de technologies « RFID » pour suivre les bagages en temps réel et minimiser ainsi les pertes. Des étiquettes RFID sont apposées sur les bagages, contenant des informations permettant d’identifier de manière unique le passager, l’origine et la destination de la valise.
Autant dire, les efforts que doivent redoubler les responsables pour mettre l’aéroport dans les standards qu’exige le statut de « hub ». Lors de sa sortie médiatique, Mediouni a évoqué la nécessité de « généraliser la numérisation des services de l’aéroport et d’intégrer des applications d’intelligence artificielle afin d’optimiser les opérations quotidiennes tout en garantissant le confort et la sécurité aux voyageurs ».
Dans un contexte de concurrence mondiale accrue entre les hubs, l’avenir de l’aéroport d’Alger repose sur sa capacité à innover et à offrir des services à la hauteur des attentes des voyageurs internationaux.