Nous vous en parlions jeudi dernier Maghreb Emergent vous livre une traduction non officielle de la lettre adressée en février dernier au procureur de Milan par Farid Bedjaoui, condamné depuis mercredi 19 septembre dans l’affaire de pots de vins Saipem en Italie.
Madame La présidente,
Mesdames Messieurs les juges
Je n’étais pas en mesure de m’exprimer personnellement devant vous à propos des accusations qui sont portées contre moi, comme j’aurais sereinement préféré le faire et je le regrette profondément, puisque j’aurais voulu pouvoir répondre directement à toutes vos questions.
out a été fait pour que cela n’arrive pas.
Sans avoir jamais été convoqué précédemment par le Ministère public ou autre, durant le mois de juillet 2013 un mandat d’arrêt international a été émis à mon encontre, me conférant ipso facto un statut de fugitif aux yeux du monde entier, sur la base d’une accusation grave, qui ni à l’époque ni aujourd’hui ne s’est montrée autre qu’une hypothèse fausse et non prouvée.
Soudainement et à priori accusé d’être le grand corrupteur d’un ministre de premier plan en Algérie, en charge de questions stratégiques liées aux ressources naturelles du pays, et pour les montants financiers significatifs, ma comparution sereine devant l’autorité judiciaire s’est montrée de suite impossible.
Comprenez que les questions en jeu dans une affaire de telle nature, la situation ainsi volontairement créée et la présentation qui a été faite de ma personne, sans que possibilité m’ait été donnée pour expliquer mes motivations, et largement relayés par certains médias, m’ont poussé à craindre pour ma sécurité et la sécurité de ma famille. Ma vie a été complètement détruite.
Si quelqu’un avait désiré me mettre dès le début dans l’impossibilité de me défendre afin de laisser le champ libre à l’accusation, il n’aurait pu procéder autrement.
À la lecture des actes desquels j’ai pu prendre connaissance, il m’est également paru évident que l’accusation a été soutenue à tous les coups, même si les enquêtes avaient démenti l’existence de paiements de commissions et indépendamment des réserves objectives que l’imprécision des allégations devait nécessairement susciter; allégations faites dans le contexte très particulier dans lequel a éclaté l’affaire en Italie par le biais de certaines personnes directement impliquées et autres provisoirement détenues.
Cette constatation m’a enlevé toute illusion de pouvoir être écouté de façon objective.
Les actes procéduraux et d’enquêtes, en particulier les commissions rogatoires internationales, ont été opportunément, ou pire délibérément, remplies de nombreuses inexactitudes, mensonges ou exagérations, déformant ainsi la réalité des éléments recueillis et des faits, de façon à présenter comme acquise une corruption de grande échelle absolument pas démontrée, pour d’évidentes raisons.
À titre d’exemple, plusieurs commissions rogatoires internationales ont faussement indiqué que:
« À la suite des enquêtes conduites par la présente autorité judiciaire, il a été établi que la société du groupe SAIPEM, afin d’obtenir en Algérie avec la compagnie pétrolière étatique Sonatrach, […] l’attribution de diverses contrats pour un montant d’environ $ 11 milliard par Sonatrach, ont versé à une société écran de Hong Kong dénommée Pearl Partners Ltd, imputable à l’intermédiaire Farid Noureddine Bedjaoui, une somme d’argent pour un montant total de € 197.934.798 de façon à ce que cette somme soit distribuée à certains hommes d’affaires, et autres cadres du gouvernement algérien, en particulier le ministre de l’Énergie Chakib Khelil, et aux dirigeants de Sonatrach » ( Emphase ajoutée. Phrase contenue en particulier dans les commissions rogatoires aux autorités judiciaires des Émirats Arabes Unis le 22 mars 2013, page 3, Singapour le 26 avril 2013, page 2, Royaume Unis 22 mars 2013, page 2, Liban le 10 juin 2013, page 3, e encore de la France le 22 novembre 2013, pages 6-7)
Ceci est faux puisque non démontré ni à l’époque ni ensuite par aucune résultat d’enquête.
Contrairement à ce que voudrait l’accusation, celle-ci exploite la nécessaire et légitime confidentialité qui entoure les grands contrats internationaux, ainsi que la fonction des agents, pour présenter de tels éléments comme les signes d’une activité illégale, alors que mon activité a été réelle et licite.
Loin d’être suspecte, la confidentialité est au contraire intrinsèque à mon activité et je la revendique tant que nécessaire, compte tenu de la nature stratégique du secret dans les affaires, dans le cadre de la fonction des agents internationaux et en particulier, comme dans ce cas, de l’assistance d’un groupe qui prenait part à des appels d’offres internationaux pour une valeur globale de centaines de millions d’euros.
Indépendamment de l’aide que m’ont prêtée mes avocats tout au long de mon procès, Guido Carlo Alleva et Marco De Luca, j’entends à travers cet écrit fournir certaines explications à l’égard des affaires que l’accusation présente comme éléments à ma charge dans l’analyse des faits.
Je confirme dans le cadre de cette histoire que je n’ai jamais eu connaissance d’aucun fait de corruption, ni d’y avoir pris part.
En réalité, la thèse de l’accusation se base sur le montant des sommes d’argent que j’ai perçu, que le Ministère Public ne veut croire que ces sommes étaient ou pouvaient être licites, mais elles correspondent à une rémunération légitime pour une activité réelle d’agent, mise en place en faveur du groupe SAIPEM, dans le cadre d’une relation contractuelle formalisée, connue et approuvée par des organes d’administration du groupe même.
Plutôt que de continuer à soutenir que j’aurais reversé l’argent à Monsieur Chakib Khalil, puisque l’examen des comptes bancaires de la société dont j’étais le bénéficiaire économique final a démontré le contraire, au résultat des enquêtes préliminaires le Ministère Public s’est résigné à affirmer que j’aurais agi en qualité de fiduciaire de Monsieur Khelil.
Si ma liberté n’était pas en question, il me paraîtrait inutile de contester cette accusation, puisque seule l’idée est absurde et ne se fonde sur aucun élément.
En définitive, après cinq années d’enquête, l’accusation ne se base sur aucun élément objectif, mais malheureusement, sur un syllogisme simpliste, dépassé et surtout erroné : « L’Algérie est un pays corrompu, Monsieur Farid Bedjaoui, qui connaît Monsieur le Ministre Chakib Khalil, a perçu des sommes importantes, donc Monsieur Bedjaoui a corrompu Monsieur Khelil ».
Ce syllogisme, simpliste et aberrant, résume toutefois les accusations portées, nonobstant le fait qu’après cinq ans d’enquête sur ces faits mêmes, sans qu’il ne soit nécessaire de les interpréter, démontrent qu’il n’en est rien.
- Préalablement, je voudrais rappeler que dans cette affaire il est question des éléments suivants:
-l’obtention de la part du groupe Saipem, au cours des cinq ans, de sept contrats attribués à travers des offres d’appel, pour un chiffre d’affaire de 8 milliards d’euros sur un total égal à approximant les 40 milliards pour des projets attribués dans ce secteur durant la période en question (annexes 2, 3, 4);
-J’ai assisté SAIPEM dans le cadre de plus d’une vingtaine de participations et je n’ai pas été rémunéré sauf pour les sept participations effectivement attribuées;
-Ces sept contrats ont été tous attribués parce que les offres de SAIPEM, ouvertes en direct devant les caméras de la télévision, étaient les plus basses;
-Il n’y a jamais eu aucune irrégularité de quelque type que ce soit dans les procédures d’adjudication, ou aucune intervention illégitime ou illégale de la part de quiconque, et qu’il n’y a jamais eu aucun élément de ce genre aux pièces du dossier.
En outre, à titre préliminaire, je voudrais aussi indiquer que le rôle des agents dans l’adjudication des contrats internationaux est connu, fréquent et licite, et leur fonction, de nature confidentielle, n’est elle-même pas suspecte.
Le recours à ce type de fonction est déterminant et permet à la société étrangère de comprendre les particularités culturelles, politiques, administratives, techniques et économiques du pays, qui souvent celles-ci en savent peu, pour leur permettre de présenter des offres techniques et commerciales adéquates aux nécessités du pays.
Telle est la fonction que j’ai exercée pour le groupe SAIPEM, à sa demande, pour plusieurs années, ni plus ni moins, et j’en exposerai les détails ci-dessous.
Si effectivement je n’avais réalisé aucun travail et aucune prestation pour SAIPEM dans cette affaire, comme voudrait l’accusation, personne ne prétendrait avoir accompli le travail à ma place…
La rémunération de 197 millions d’euro, au cours des cinq années d’assistance assurée à SAIPEM, a été versé uniquement lors de succès et le montant se justifie pour avoir été fixé préalablement sur la base d’un pourcentage entre 2,5% et 3%, conformément aux pratiques du secteur. Je précise que 40% de cette rémunération est liée au seul projet LNG GL3Z.
Il est insidieux d’analyser le problème à l’envers partant de cette somme, pour construire une histoire, sans s’immerger dans le contexte de base, dans lequel il n’y avait aucun projet, aucun paiement d’honoraires et sans considérer que tout ce ceci aurait pu rester ainsi.
Par la suite, il y a eu beaucoup de travail et d’engagement. La préparation des offres a impliqué des dizaines de professionnels, des millions d’euros et des investissements, et a demandé de nombreuses étapes. S’il y a eu des succès, les échecs n’ont pas manqué.
Cela a commencé par l’obtention d’un premier projet, puis un second, un troisième et enfin sept, en cinq ans, pour un chiffre d’affaires total de plus de 8 milliards pour SAIPEM.
Mes honoraires étaient relatifs aux sept projets obtenus, la vingtaine de projets que j’ai suivi SAIPEM au cours des cinq années.
Cette somme n’a été distribuée à personne et au moment de son versement, hormis de certaines dépenses et investissements personnels, celle-ci fait encore partie de mon patrimoine, sous forme de fiducie irrévocable, à mon nom et à celui de ma femme et de mes enfants. Je n’ai jamais été le fiduciaire de qui que ce soit ni le « porte-valise » ou le secrétaire de personne.
Le Ministère Public s’accroche à des interprétations tendancieuses pour raconter l’histoire d’une corruption massive dans le secteur des affaires économiques et politiques, mettant en cause un des principaux ministres algériens et une des plus grandes entreprises italiennes.
Je tiens donc à fournir les explications et les éclaircissements qui suivent, avec une référence spécifique à ma relation avec le groupe SAIPEM, mon travail pour un tel groupe, mes relations avec ses dirigeants, comme ceux de ENI et avec Monsieur Chakib Khelil et la société SONATRACH.
Initialement j’ai été contacté par le groupe SAIPEM au cours de l’année 2005 et non le contraire. Dans les mois qui ont suivi j’ai établi un rapport de confiance avec ses dirigeants (1), au point qu’il m’a été demandé de devenir leur agent dans le contexte de leur activité en Algérie et de leur participation aux adjudications ouvertes par SONATRACH. En plus de mon travail pour SAIPEM, il m’a été demandé plusieurs fois d’organiser des rendez-vous entre la société mère, l’ENI, et Monsieur Chakib Khelil sans aucune rémunération (2).
Les succès obtenus par SAIPEM ont conduit au paiement des honoraires convenus, qui n’ont jamais été distribués ou rétrocédés à quiconque et ont alimenté mon patrimoine, sans que j’agisse en qualité de fiduciaire de quelqu’un (3).
Mon investissement dans le groupe OUAIS, devenu par la suite OGEC — sous-traitant de SAIPEM pour des projets déterminants SONATRACH — n’a rien à voir avec les prétendues surfacturation des prestations — que je conteste intégralement — et, encore plus, les bénéfices que j’en ai tiré n’ont été redistribués à personne (4).
- Les débuts de ma relation avec le groupe SAIPEM
Au cours de l’année 2005, j’ai été mis en contact avec Jean-Luc Rondreux, à sa demande. À l’époque lui-même dirigeait les activités d’Engineering & Procurement (E&P) « onshore » de SAIPEM, qui avaient leur siège à Paris suite au rachat par ENI en 2002 de BOUYGUES OFFSHORE.
Le but principal de ce contrat était de discuter de quelques problèmes rencontrés en ce temps là par le groupe SAIPEM en Algérie, liés aux dysfonctionnements de la centrale électrique de Berrouaghia, et probablement de rechercher des contacts que SAIPEM aurait pu avoir pour qu’ils l’aident à résoudre ces difficultés.
Dans cette centrale de Berrouaghia connaissais de nombreuses coupures d’électricité et engendrait des « black-out », et à ce moment celle-ci, elle alimentait des territoires sensibles, en particulier parce qu’ils étaient exposés à la menace des groupes terroristes. Elle constituait donc une infrastructure très importante pour l’Algérie pour des raisons politiques, sociales et sécuritaires.
À ce moment-là j’ai été contacté et sollicité, en raison de ma connaissance des importants acteurs économiques du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, la majeur partie de ces opérateurs dans le secteur du pétrole et de l’énergie, que j’avais acquis au cours de ma carrière professionnelle et de mon activité pour la société américaine RUSSL INVESTMENTS (désormais « RUSSELL »), une des plus importantes sociétés de Greys ion du patrimoine et de conseil financier dans le monde, pour le compte de la quelle j’étais agent exclusif dans le Moyen-Orient.
Je tiens en outre à exposer le détail de ma situation et de mes activités à cette époque pour prouver que je n’avait jamais cherché à entrer en contact avec ENI et/ou SAIPEM. Ce sont eux qui sont venus à moi et qui ensuite m’ont demandé de devenir leur agent. Je suis un entrepreneur depuis que j’ai fini mes études.
Diplômé en économie et également diplômé dans le début des années 90 de l’Université de Montréal et la HEC Montréal, au départ j’ai créé en France à vingt-quatre ans une entreprise d’import/export de café vert, denrées alimentaires et aliments pour animaux. À destination et en provenance des pays de l’Afrique du Nord. Cette entreprise a été un succès qui m’a permis de me constituer un patrimoine personnel consistent et de commencer à construire un vaste réseau professionnel au Moyen-Orient.
Je n’ai jamais fait mystère de mon milieu familial, qui a certainement favorisé le lancement initial de mon activité professionnelle.
Mon père était un entrepreneur à succès et mon beau-père était une des fortunes les plus significatives du Moyen-Orient. Parallèlement, j’appartiens à une famille connue en Algérie, car mon oncle Mohammed Bedjaoui, qui a participé aux négociations pour l’indépendance de l’Algérie, était Ministre de la Justice, Ambassadeur à Paris et New York, Ministre des Affaires Étrangères, Président du Conseil Constitutionnel et même Président de la cours internationale de la justice de la Haye.
Bien que ce milieu familial et économique soit un bon point de départ, ceci n’a toutefois pas empêché mon engagement total et le dur labeur qu’a requis mon succès professionnel. (Annexe 5,6 et 7).
L’activité commerciale que j’ai développé, comme l’étroit rapport, de nature professionnel aussi, que j’ai maintenu depuis 1997, avec le père de ma femme, m’ont permis de m’élever à un certain niveau dans le monde des affaires au Moyen-Orient, à en connaître les acteurs et à me faire connaître d’eux, et à saisir des opportunités d’investissement , à Dubaï surtout.
Dans le début des années 2000, j’avais 32 ans et je travaillais depuis dix ans. J’ai décidé d’investir dans le secteur financier de la région en créant la société RAYAN ASSET MANAGEMENT, une société de gestion et de conseil financier, de laquelle j’étais l’administrateur délégué. À travers mon réseau, mon passé d’entrepreneur et mon expérience comme investisseur, je me suis entièrement dédié À la récolte des fonds pour des investissements financiers.
En 2002 j’ai réussi à conclure un partenariat avec RUSSELL.
RUSSELL fait partie des leaders mondiaux dans la gestion patrimoniale et dans le conseil financier. À l’époque, le groupe gérait plus de 200 milliards de dollars et conseillait à un portefeuille client avec un patrimoine de plus de 2.000 milliards de dollars (Annexe 8).
Ce partenariat prévoyait une représentation exclusive de RAYAN ASSET MANAGEMENT pour tout le Moyen-Orient qui, suite aux attaques du 11 septembre, n’était plus une priorité pour RUSSEL et où, surtout, cette dernière n’a pas été en mesure de gérer quelconque patrimoine. L’histoire de ce partenariat est comparable avec celle de mon activité pour SAIPEM. En effet, RUSSELL, comme SAIPEM en Algérie, vues les difficultés qu’elle avait rencontrées, n’a pas réussi à rassembler des fonds par les investisseurs institutionnels au Moyen-Orient et il n’y avait aucune possibilité de croissance avant la signature de mon contrat d’agent exclusif; et ce malgré les multiples tentatives menées durant plusieurs années par les équipes de RUSSELL. À l’évidence, mes équipes ont fait la différence, puisque nous avons rassemblé pour RUSSELL, durant les trois premières années, jusqu’à 6 milliards de dollars; une somme significative supérieure aux objectives annuels préalablement fixés par RUSSELL et posés comme condition pour maintenir l’exclusivité en faveur de la RAYAN ASSET MANAGEMENT. Ce succès était sans précédent dans la région
(Annexe 9,10 et 11).
Ce partenariat a duré dix ans, jusqu’à ce que RUSSELL soit contrainte d’y mettre fin, en 2013, à cause des accusations qu’on portait contre moi et à la publicité qu’on leur avait faite.
Mon travail et celui de l’équipe de RAYAN ASSER MANAGEMENT ont permis à RUSSELL d’obtenir la plupart des investissements institutionnels de la région( De nombreux partenariats stratégiques ont été signés à titre exclusif avec des instituons bancaires, des fonds, des assurances comme Audi Bank au Liban, La Banque nationale de Dubaï, la Ahli United Bank aux Bahreïn, ainsi que la Arab Petroleum Investment Corporation, qui est la Banque multilatérale de développement de l’organisation des Pays arabes exportateurs de pétrole, ainsi que Jadwa Investment, avec un siège en Arabie Saoudite, la ADIA – Abu Dhabi Sovereign Wealth Fund, il PIFSS – Fonds pour la sécurité sociale du Kuwait, la Sonatrach et autres.)
En particulier, aux côtés de Pascal Duval j’ai organisé la présentation de RUSSELL à SONATRACH et de globales stratégies d’investissements.
La pertinence de ces stratégies a permis à RUSSELL d’obtenir de SONATRACH un mandat de gestion de plus de 1,3 milliards de dollars d’activité, qui jusqu’alors était totalement investi dans le marché actionnaire en seulement deux titres.
Le processus a duré plusieurs mois, compte tenu des sommes en question et la nécessité de clôturer les comptes de SONATRACH dans ces deux compagnies pétrolières et énergétiques américaines (Duke Energy et Anadarko). Les patrimoines ont été transférés graduellement, en plusieurs tranches, après les analyses et le contrôle de la qualité de gestion.
RUSSELL générait des avantages très particuliers pour un investisseur comme SONATRACH, sans réelles capacités de gestion financière interne et avec un profil de risque conservateur qui ne correspondait pas à son exposition non diversifiée dans le marché.
À la différence des gestionnaires de patrimoines « internes » des principales
banques, qui favorisent leurs propres produits financiers, RUSSELL offrait des stratégies qui agrégeaient les meilleurs gestionnaires de fonds externes grâce à sa connaissance très profonde du marché. Qui dérivait du volume de fonds qu’elle gérait et de son activité principale dans le conseil financier pour plusieurs investisseurs institutionnels ($ 2.000 milliards)
La gestion de l’activité de SONATRACH par RUSSELL a généré des plus-values de $300 millions entre 2003 et 2009, malgré la crise financière mondiale de 2006-2008.
Ces résultats ont été naturellement appréciés par SONATRACH et par sa direction.
Je peux dire à présent que c’est de cette façon que je me suis fait connaître comme un professionnel compétent et crédible par le milieu de Chakib Khelil, à l’époque Ministre de l’Energie et des Mines et aussi Président du Conseil d’Administration de SONATRACH pour une brève période.
Ma famille connaissait celle de Chakib Khelil en vertu des liens historiques qui remontent à la libération de l’Algérie. Par conséquent nous nous connaissions mais nous n’entretenions aucune relation personnelle particulière pour d’évidentes raisons générationnelles.
Cette rencontre professionnelle, qui s’est révélée positive et constructive, m’a sûrement permis de gagner son estime et sa considération.
Ce fut grâce à une compétence reconnue, à une solide installation dans le panorama économique de la région et aux relations formées, que SAIPEM s’est rapproché de moi, en connaissant les activités avec d’importantes institutions et entreprises dans le Moyen-Orient qui opéraient dans le secteur pétrolier et énergétique – en particulier SONATRACH.
Durant les premiers mois de 2005 j’ai rencontré Jean-Luc Rondreux, responsable des activités E&P onshore de SAIPEM, lequel m’a expliqué que le groupe était en train d’affronter de graves difficultés en Algérie, en toute particularité avec la centrale
électrique de Berrouaghia. Peu après j’ai rencontré Jacques Leost, administrateur délégué de SAIPEM, qui était basée en France.
Durant cette seconde entrevue, j’ai été informé de l’arrivée de Pietro Varone à la tête de cette activité onshore et c’est ainsi que je l’ai connu.
Parallèlement à ce contact, j’ai appris que le travail de SAIPEM sur cette centrale était en train de causer des problèmes comme l’intégration de composants de basse qualité, refusés par SONATRACH, une ingénierie jugée globalement défectueuse, des retards dans la production de l’électricité qui ont créé des problèmes significatifs dans la région — SONATRACH refusait la livraison de centrale électrique, alors que la production avait déjà commencé, avec pour conséquence que SAIPEM était désormais légalement responsable du site.
La situation était particulièrement tendue à cause de certains problèmes sociaux et de sécurité des territoires alimentés par cette installation.
Face à ce problème, il me paraissait que SAIPEM souffrait, aux yeux des acteurs du secteur en Algérie, d’un problème de crédibilité et de confiance et que le groupe, à cause de ces difficultés techniques qui restaient non résolues, était mal perçu par les grandes compagnies énergétiques étatiques, SONATRACH et SONALGAZ;
en résumé SAIPEM était en quelque sorte inscrite « dans la liste noire ».
Rien d’autre n’a été dit à ce moment-là et nous avons cessé toute activité avec eux sans mentionner aucune future collaboration. Moi je n’ai rien demandé et je
n’ai ni revendiqué ni reçu aucune rémunération pour le conseil donné après avoir identifié ces problèmes.
Pour être parfaitement clair, à cette époque-là j’avais déjà été en contact avec Monsieur Chakib Khelil, mais je suis incapable de dire aujourd’hui si j’ai soulevé ce problème directement avec lui. En revanche, il est certain que l’origine des difficultés rencontrées par SAIPEM — gestion par la France des problèmes techniques relatifs à une centrale stratégique pour l’Algérie — ne pouvait échapper à une personne qui est familière avec le pays, les projets et les questions stratégiques.
Quelques mois plus tard, j’ai été contacté par Monsieur Pietro Varone pour discuter encore de ce sujet. Il m’à dit que SAIPEM ne réussissait pas à être présélectionnée pour participer à des appels d’offres de SONATRACH, ce qui était particulièrement problématique au vu de l’annonce de la part de cette dernière des projets exceptionnels d’investissement pour un montant de cinquante milliards de dollars entre 2006 et 2011. Il s’agissait en fait d’une vraie opportunité de croissance pour SAIPEM, cette activité onshore allait mal, au point que Monsieur Pietro Tali m’a dit qu’elle risquait une dissolution dans les deux années à venir.
Monsieur Varone m’a expliqué tous les efforts déployés par SAIPEM pour surmonter cette situation en ce qui concerne l’installation de Berrouaghia. J’ai donc répété qu’il me semblait que le problème, à tort ou à raison, était la perception de SAIPEM causée par les difficultés mentionnées. La centrale électrique avait des problèmes, à cause des perpétuels black-out et brown-out. Ceci est la réalité aux yeux de SONELGAZ.
Par ailleurs, SAIPEM venait à peine d’acquérir SNAMPROGETTI, une société avec une grande expérience dans les infrastructures onshore.
Outre à la nécessité d’investir dans la résolution des problèmes cités, j’ai donc suggéré d’explorer cette opération de croissance pour encourager SAIPEM à présenter à SONATRACH les compétences récemment intégrées et transférer le siège de l’activité onshore de Paris à Milan, tournant ainsi la page de la précédente gestion.
À mon avis, pour SAIPEM il était important de démontrer un engagement ferme et une stratégie renouvelée dans sa nouvelle position en Algérie. Ceci était mon conseil.
SAIPEM a retenu que ces suggestions étaient pertinentes et les a progressivement appliquées, en particulier en mobilisant 1à millions d’euros d’investissements pour résoudre les problèmes de Berrouaghia et de régler les différents avec Siemens avec laquelle ils agissaient en consortium.
La résolution de ces difficultés était dans l’intérêt des parties en question. C’est à dire l’Algérie et SAIPEM. L’Algérie a été capable de rétablir l’alimentions dans une zone très sensible et SAIPEM de regagner la confiance de SONATRACH/SONELGAZ en ce qui concerne la fiabilité de son offre industrielle, ainsi que de participer aux appels d’offres.
à l’égard SAIPEM.
Je n’ai demandé aucune rémunération pour ce rôle de consultant, désirant simplement à travers ce rapport enrichir les contacts et être reconnu par un grand groupe italien comme potentiel partenaire au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et aussi étendre mes activités à Europe, où j’étais peu présent.
Tout ceci faisait aussi partie des échanges réguliers que je considérais comme des opportunités d’investissement, d’agence ou de consulting, pour étendre un réseau de potentiels investisseurs et partenaires et me tenir informé sur le marché et les principaux acteurs du secteur, comme je l’ai fait au Japon, aux Émirats Arabes Unis, au Canada, en Chine, entre autres.
J’imagine qu’à l’époque SAIPEM avait discuté de ces problèmes avec des professionnels, autres que moi.
- Mon activité pour le groupe SAIPEM
Et à l’issu des premières discussions et vu la crédibilité que j’ai pu avoir aux yeux de ses dirigeants, SAIPEM m’a demandé de l’assister le groupe, en tant que consultant, dans ses offres pour les projets SONATRACH.
Leur demande était de mettre à disposition mes connaissances de l’industrie et du marché, des concurrents et de la société soumettant les appels d’offres, dans le but de conformer la stratégie de marché (revoir et les mêmes offres).
J’ai accepté, en croyant pouvoir donner une contribution utile, et dans les mois qui ont suivi nous avons commencé à travailler ensemble dans cette direction, progressivement nous avons formalisé cette relation par des contrats d’agence.
Les contrats ont été conclus par la structure PEARL PARTNERS pour des raisons spécifiques, liées à mes activités et à la réserve de la mission, et non pour un désir de cacher une activité illégitime ou illégale.
Lorsque j’ai confié cette collaboration à l’administrateur délégué de RUSSELL, ce dernier m’a encouragé — selon les règles de « conformité » et pour éviter des soupçons de conflits d’intérêts — à distinguer cette activité de celle que j’avais pour RUSSELL.
Adhérant complètement à cette recommandation, j’ai nettement séparé ces deux activités.
De plus, il est évident que la confidentialité dans les affaires et les problématiques d’intelligence économique font que l’identité même de l’agent d’un groupe comme SAIPEM est en soi une information sensible, qui peut indûment être utilisé avec de conséquences financières importantes et d’une tout autre nature.
Ceci explique les précautions prises par nous et qui sont cohérentes avec cette fonction, notamment par exemple le recours à des lignes téléphoniques confidentielles, qui alimentent de manière excessive la thèse à laquelle s’accroche l’accusation.
S’étonner de ces éléments ou voir en eux un indice d’activité suspecte, signifie mal connaître la réalité de l’intelligence économique dans les contrats internationaux.
La confidentialité est cruciale dans les activités d’agents opérant pour le compte de groupes engagés dans un environnement concurrentiel dans des marchés internationaux atteignant plusieurs centaines de millions d’euros.
C’est d’autant plus vrai dans le secteur du pétrole et du gaz, qui influe sur les ressources vitales d’un pays.
Un article diffamatoire à mon égard, publié au cours de 2010 et rapporté par plusieurs journaux et sites internet qui, je l’ai su, a été écrit exprès pour me nuire, m’a décrit comme si j’avais détourné deux milliards de dollars à SONATRACH à travers un mandat de gestion confié à RUSSELL; cet article m’a causé de nombreux problèmes de réputation avec les banques, dans mes investissements immobiliers, en relation avec divers services de « conformité » et ainsi de suite (Annexe 12).
Cette opération s’est par la suite révélée avoir été commanditée par certaines personnes dans l’intérêt d’atteindre Monsieur Chakib Khelil, donnant ainsi le début de toute cette l’histoire, inventée par un entourage diabolique, qui concerne aussi l’affaire en examen.
J’aimerais rappeler, si possible, que ni moi ni RAYAN ASSET MANAGEMENT n’avons eu la disponibilité des actifs, dont la gestion était confiée à RUSSELL; cette dernière n’en a en fait jamais détenu mais elle en était simplement la gestionnaire.
Cet article mensonger faisait partie de la campagne contre Monsieur Chakib Khelil, qui l’a conduit à quitter son poste (avant d’être complètement réhabilité), malgré l’absence de poursuites judiciaires à son égard en Algérie, aussi en ce qui concerne cette même affaire de serait prétendument produite (Annexe 13).
Au Moyen-Orient et en Algérie on parle encore de cette absurdité, tant dis que SONATRACH a gagné 300 millions de dollars grâce à la gestion de patrimoine de RUSSELL.
C’est donc pour ces raisons, que j’ai énuméré que j’admets et que j’ai exposées à la direction de SAIPEM, qui les a parfaitement comprises, j’ai décidé d’opérer à travers la société PEARL PARTNERS LTD, représentée légalement par Monsieur Samyr Ouraied. Cela ne démontre rien de suspect en ce qui concerne cette activité.
En tout état de cause, au-delà de cette confidentialité, il n’est pas concevable que cette officialisation de mon rôle devait m’éviter d’éventuelles enquêtes judiciaires: toutes les rémunérations faites au compte de PEARL PARTNERS ont été versées sur des comptes courants de là société, dont j’étais le bénéficiaire effectif officiellement déclaré.
Bien qu’à ma connaissance, les contrats d’agent— établis par SAIPEM selon des modèles déjà utilisés par le groupe, spécialement dans le cadre de projets en Arabie Saoudite — ont été examinés et approuvées par une unité compétente du groupe, parmi lesquelles plusieurs dirigeants qui me connaissaient personnellement, pour ne pas citer celles des institutions bancaires.
Au départ, au cours des premières soumissions (relatives aux projets «Medgaz » et « UTBS » ) ont été signés deux contrats d’agent, et par la suite, afin d’officialiser à moyen terme cette collaboration jugée utile, il m’a été proposé un contrat-cadre pour la participation à de futurs appels d’offres, qui a été signé en octobre 2007 et qui a été ensuite intégré dans des emails, qui listaient les projets qui pouvaient représenter des objectifs intéressants pour SAIPEM.
Le 24 Juillet 2008, un quatrième contrat a été signé avec SAIPEM pour le projet « LPG », qui était déjà couvert par contrat-cadre signé par SNAMPROGETTI, pour des raisons, il me semble me rappeler, de réparation des coûts à l’ensemble du groupe.
Ma rémunération, dont les tarifs ont été discutés et qui sont conformes aux usages, était prévue seulement en cas de succès. Il n’y avait donc aucun risque pour SAIPEM.
Si les montants effectivement payés, correspondaient aux cinq années d’assistance fournie à SAIPEM, sont élevés, c’est parce que ceux-ci sont liés au chiffre d’affaires total généré par les contrats obtenus.
En adoptant un point de vue qui m’échappe, le bureau du Ministère Public commence toujours par la fin. Il se fixe sur le point d’arrivée, le paiement de 197 millions d’euros, qui est évidemment une somme très importante dans l’absolu, sans considérer les faits dans leur ordre, sans considérer le fait que nous sommes partis de zéro, que nous aurions pu rester à zéro et que, en revanche, un, deux, puis trois et enfin sept contrats ont été obtenus par SAIPEM pour un total de 8 milliard d’euros de commandes en cinq années d’une intense compétition.
La procédure d’assignation, introduite par Monsieur Chakib Khelil en 2004, visait
à prévenir toute intervention abusive. Cela a commencé par la publication de l’appel d’offres sur BAOSEM (« Bulletin d’appel à des offres énergétiques et minières »), en version online et imprimée, édité par une entreprise commune entre SONATRACH et SONELGAZ (compagnie nationale qui produit et distribue l’électricité et le gaz).
Parmi les candidats qui expriment leur intérêt, SONATRACH invite à concourir ceux qui présentent les caractéristiques nécessaires au projet, principalement en termes de dimension, compétence technique et expérience internationale.
La procédure consiste donc en une première phase technique, durant laquelle les candidats élaborent leurs offres techniques et les présentent. Cette phase se conclut par l’examen des offres en ce qui concerne les requêtes, effectué par une commission spécifique.
Aux termes de cette phase, seuls les concurrents, dont l’offre technique satisfait les exigences ou qui peut être alignée à cette offre, ont la faculté de proposer une offre commerciale.
Vient une seconde phase, de nature commerciale, qui consiste à l’ouverture par une commission ad hoc, directement devant les caméras et en présence d’un officiel du Service de renseignement et de Sécurité, des enveloppes scellées contenant les offres, et dans l’attribution immédiate du contrat à la société qui a fait l’offre la plus basse.
L’unique décision discrétionnaire que SONATRACH peut assumer est celle de compléter la phase commerciale en présence de deux offres seulement, comme c’est arrivé par exemple pour le projet GK3, dans tous les cas, ceci ne trouvait sa justification dans d’obscures raisons, mais ça a été fait parce qu’il s’agissait d’un projet de gazoduc, qui devait être intégré dans le gazoduc de la centrale électrique SONELGAZ à Koudiet-Edraouch, pour fournir le gaz naturel à l’ouest de l’Algérie, et dans le « gazoduc » de Galsi qui rejoint l’Italie par la Sardaigne.
Les tests de la procédure aurait causé des pertes significatives pour SONATRACH et aurait retardé le développement des projets stratégiques pour l’État, SONATRACH a demandé à SAIPEM, qui avait présenté l’offre la plus basse, de la réduire de 15% en raison du budget initial calculé par SONATRACH sur les bases des coûts de construction dans la zone désertique, tandis que la gestion du projet traversait une zone de turbulences. Finalement, sur ce projet, SAIPEM a travaillé déficitaire de presque 70 millions d’euros, à cause de la complexité et des problèmes rencontrés durant l’exécution des travaux. Le parcours de ce projet (Tranche 3) à travers les montagnes de l’Atlas a été un véritable défi technique.
Dans tous les cas, je continue à ne pas comprendre quelle aurait été l’intervention abusive dans ce cas, durant lequel à l’ouverture officielle des offres, la plus basse a été finalement sélectionnée alors qu’il a été demandé une effort supplémentaire à SAIPEM.
Et c’est justement sur ce projet, que la présente affaire a été montée.
En disant que depuis le début, mon activité d’agent aurait été fictive, l’accusation ne fait valoir aucun élément probant si ce n’est l’absence de trace de cette activité des sources publiques ou dans d’éventuelles relations écrites.
Et bien, pour être précis, la confidentialité des échanges est une condition nécessaire pour cette activité. Je la revendique parce qu’elle est essentielle pour la valeur ajoutée qu’un agent tel que moi a été capable d’apporter.
Le travail de l’agent ne consiste pas à réaliser des études ou à tisser des relations mais à faire de la recherche, et grâce à son travail et à sa connaissance de l’activité et des acteurs, fournir des informations de nature commerciale, pratiques ou stratégique, qui peuvent être utilisées par SAIPEM et transmises durant l’élaboration des offres.
Mon rôle était aussi celui d’organiser des rendez-vous entre « sujets » clés, concurrents ou potentiels partenaires, spécialement durant le développement de l’offre technique, durant laquelle les échanges sont communs pour mieux comprendre les critères demandées, au-delà de la documentation initialement fournie. C’est à ce moment-là que les stratégies entrent en jeu.
En 2009, par exemple, à travers la compagnie RAYAN PARTNERS j’ai ouvert un grand bureau à Pékin, qui avait permis à SAIPEM d’organiser des rendez-vous avec des interlocuteurs chinois. Mon équipe était composée d’ingénieurs chinois qui suivaient ces rendez-vous, en particulier avec le JCC, et cherchait à promouvoir de nouvelles opportunités. Monsieur Tali, et Monsieur Verone et autres membres de SAIPEM, comme Monsieur Piero Rizzo et Monsieur Moreno Bartolucci ont visité plusieurs fois notre siège (Annexe 14 et 15).
Ce type d’informations et contacts peut être décisif, autant que les millions d’euros d’investissement nécessaires pour préparer les offres.
Pour cette raison j’ai par exemple planifié les investissements nécessaires pour la préparation des offres de dizaines de millions d’euros chaque année, SAIPEM s’interrogeait en particulier sur la fiabilité du plan d’investissement programmé par SONATRACH, connaissant le passif de cette entreprise et le contexte local.
Il était sans doute important pour les dirigeants de SAIPEM, lesquels représentaient un groupe entier et des milliers de poste de travail dans le cadre d’un projet à long terme, de pourvoir discuter de ce programme directement avec le ministre algérien de l’énergie et des mines. Chaque jour les principaux acteurs économiques dans le monde rencontrent les représentants de la politique des responsables de l’activité ou des secteurs dont ils s’occupent.
Il s’agit d’un niveau de dialogue macroéconomique qui contribue, tout comme l’expérience des dirigeants de ce niveau, à mesurer ce type de donnés abstraites et incalculables, mais aussi les conséquences économiques des orientations politiques déjà connues et de celles futures.
Ce type de rendez-vous n’a rien de suspect et fait partie des relations normales qu’un groupe comme SAIPEM peut maintenir avec les pays où il opère. En l’occurrence, ça faisait partie de mon travail de faciliter ces rendez-vous — ni plus ni moins; ce qui était possible, grâce à la considération professionnelle qu’avait pour moi Monsieur Chakib Khelil.
D’autre part, je ne vois pas ce qui pouvait suggérer que cette connexion entre dirigeants de SAIPEM et Chakib Khelil serait liée à quelconque accord de corruption.
Outre cet éclaircissement, ci-dessous j’expose quelques exemples concrets de ce qu’a été mon travail et ma contribution sur divers appels d’offres de SAIPEM, ainsi que certains échecs rencontrés.
Durant l’adjudication pour le projet dit « Medgaz »
À titre d’information, ce projet concernait la construction d’un gazoduc qui traversait la Méditerranée et reliait Béni Saf en Algérie à la Rambla de Los Morales en Espagne.
Pour travailler sur ce projet j’ai été mis en contact, par Monsieur Pietro Varone, avec Monsieur Yves Imbona, directeur de la division offshore, que j’ai rencontré à Dubaï.
Dans le cadre de cet appel d’offres, j’ai été en mesure de fournir à SAIPEM des informations sur les solutions prévues par le principal concurrent, ALLSEAS GROUP SA, et j’ai pu contribuer à la réflexion sur les solutions stratégiques, techniques et opérationnelles, qui ont garanti à SAIPEM un avantage compétitif décisif.
J’ai en outre insisté sur l’importance de proposer à SONATRACH le système d’installation de conduites sous-marines J-Lay par rapport au système S-Lay prévu par le concurrent.
Au regard des avantages techniques et du prix, de manutentions et de sécurité, j’ai convaincu SAIPEM de prédisposer une note illustrative détaillée et à proposer l’opportunité de faire une démonstration de cette technologie, en rencontrant SONATRACH dans le cadre des réunions techniques précédent la proposition technique finale.
Ce système consiste initialement à souder les segments du gazoduc sur une rampe quasi verticale, dont la conduite descend en mer quasi verticalement jusqu’à atteindre le fond. Où elle est installée sur le sous-marin en position horizontale. Dans le système S-Lay, les segments sont soudés horizontalement sur le navire et la conduite fait un S avant d’atteindre le fond de la mer.
Le système J-Lay, adapté pour des installations en eau profonde, soumet les soudures à des tensions mineures, en permettant une plus grande durée de la tuyauterie et une plus grande pression d’octroi du gaz, et donc de plus grands volumes. Ceci offre aussi des avantages en termes de manutention et de sécurité.
SAIPEM a développé son offre technique depuis la mise sur le marché de cette solution, et comme SONATRACH avait considéré cette solution technique dans les exigences de l’appel d’offres, ceci a permis de présenter une offre commerciale la plus basse.
Durant l’adjudication pour le projet dit « UTBS » (Unité de traitement et stabilisation de brut Hassi Messaoud)
Ce projet concernait la rénovation de la structure de récolte et de traitement de l’huile des puits de Hassi Messaoud, qui n’était pas conforme aux standards internationaux. Dans le cadre de la restriction des quotas par l’OPEC aux pays producteurs, le renouvellement et la sécurisation de cette structure ont amené SONATRACH à se concentrer sur l’amélioration de la qualité du brut, puisque autrement elle n’aurait pu augmenter les quantités dans l’optique d’augmenter ses recettes.
Par exemple, j’ai été en mesure d’informer SAIPEM au sujet de l’importance pour SONATRACH de la brièveté des temps de réalisation et l’urgence de ce projet quand a
été lancée la phase de présentation des offres pour SONATRACH, le rapport investissement/ temps était important, dans l’optique d’augmenter l’afflux de devises étrangères en Algérie en une période de forte augmentation du prix de pétrole.
En outre, j’ai fourni des informations à SAIPEM:
-En ce qui concerne l’engagement des concurrents à cet appel d’offres compte tenu de leurs capacités à l’époque déjà abondamment mises en œuvre dans d’autres projets, comme par exemple TECHNIP, JGC et d’autres qui n’envisageaient pas de participer; (À la fin, JGC s’est retirée dans l’étape des négociations techniques, parce qu’à ce moment-là elle était occupée sur un autre projet);
-Concernant la réticence de PETROFAC à ce moment-là, qui hésitait à investir en Algérie et qui n’avait pas confiance dans la réalisation du programme d’investissement SONATRACH, plusieurs fois annoncée auparavant sans avoir jamais été exécuté. Ce manque de confiance aurait pu comporter l’inclusion du prix de l’offre des importantes « contingency fees » (un quota qui reflète le risque sur le projet, le risque pays où le risque de crédit), avec la conséquence d’en réduire la compétitivité;
-La nécessite pour SONATRACH, compte tenu l’urgence du projet, de compléter l’appel d’offres malgré la présence de deux concurrents seulement.
Ayant prêté une attention particulière aux diverses options incluses dans le cahier des charges, SAIPEM a été en en mesure de présenter l’offre financière la plus basse et remporter ce projet en avril 2007.
En ce qui concerne la stratégie d’approche de ce projet, à cause du retard de la mise en place de l’appel d’offres par rapport à l’échéance initiale, j’ai aussi insisté sur l’importance de recourir à une société syrienne, LEAD – qui faisait partie de mes contacts —, qui disposait de main-d’œuvre locale et qui bénéficiait d’accords entre l’Algérie et la Syrie, en fonction desquels il n’était requis le visa de travail pour les citoyens syriens; ce qui a permis une mobilisation de la main-d’œuvre plus sûre et moins coûteuse.
Si pour ce projet — lancé par le département « Procurement » de SAIPEM France — SAIPEM avait conclu une première version d’un accord de consortium avec LEAD en juin 2005, il s’agissait d’un « non-binding agreement » qui ne sera jamais exécuté, car à l’époque, et jusqu’au projet Medgaz, LEAD travaillait quasi exclusivement avec PETROFAC.
À l’approche de la présentation des offres pour ce projet UTBS, j’ai formellement favorisé une approche effective de SAIPEM et LEAD, qui s’est concrétisée avec la signature entre les parties d’un accord exclusif pour la construction (Exclusive construction agreement), en vertu duquel la partie de construction serait revenue à LEAD, tandis que SAIPEM se serait chargé des parties « engineering » et « procurement »
Ceci a été le plan que j’ai suggéré à SAIPEM pour ses offres, et que l’entreprise a finalement adopté de façon générale, c’est à dire réaliser ses propres tâches à valeur ajoutée (E&P) et confier en revanche la construction (C), via des sous-traitants ou à une coentreprise, à une société de construction à moindre coût.
En considération de l’avantage compétitif offert par cette stratégie, SAIPEM a par la suite engagé LEAD, comme une autre société syrienne, pour d’autres projets en Algérie.
Au cours de l’adjudication pour le projet GPL LZ2
Il s’agissait de la réalisation d’un système de transports pour la tuyauterie du gaz pétrole liquide (GPL).Dans ce cas, seules trois sociétés avaient accepté de concourir après les pré-qualifications: SAIPEM, WILBROS et BECHTEL. Et ce, pour deux motifs principaux.L’oléoduc présentait des difficultés particulières aux projets de gazoducs conventionnels, et la sévère politique en matière de visa pour les travailleurs étrangers rendait l’emploi de main-d’œuvre étrangère difficile et coûteux.
Pour ces mêmes motifs et les avantages exposés dans le projet UTBS, Saipem a conclu un partenariat avec LEAD pour la construction de ce projet. Cette stratégie a créé un fort avantage complétif et a permis à Saipem de présenter une offre financière très compétitive et de remporter le projet.
Au cours de l’adjudication pour le projet LNG GL3Z
Ce projet consistait à la construction d’une installation de liquéfaction de gaz naturel.
SAIPEM, historiquement absente sur ce marché, À l’époque elle entendait s’y investir, et cela avait en effet motivé l’achat en 2006 de SNAMPROGETTI.
La technologie nécessaire pour planifier et construire ce type d’infrastructure signifiait que seul un groupe restreint d’entreprises dans le monde pouvait prétendre de revendiquer une part de ce marché : à l’époque seul JGC, CHIYODA, KBR et TECHNIP – PETROFAC désiraient comme SAIPEM entrer dans le marché.
Malgré l’achat de SNAMPROGETTI, SAIPEM ne pouvait pas être invitée seule à participer à cette adjudication, de valeur de $ 4 milliards, parce que son ampleur excluait que SONATRACH puisse la confier à une entreprise sans expérience dans ce type d’infrastructure et ne garantissait pas l’usage de la technologie APCI (Air Profucts and Chemicals Inc.) nécessaire pour le projet.
À la demande de SAIPEM, que j’ai vivement dissuadé de concourir seule, parce qu’elle n’aurait pas pu être pré-qualifiée, j’ai cherché des solutions qui leur permettraient d’êtres qualifiables.
J’ai donc établi un dialogue avec la société CHIYODA et j’ai travaillé pour convaincre sa direction à conclure un partenariat avec SAIPEM/SNAMPROGETTI, en particulier en organisant une rencontre à Dubaï entre Monsieur Pietro Varone et les agents de CHIYODA, pour créer un binôme qui se serait de ce fait pré-qualifié pour participer.
Ceci a été une étape très importante pour SAIPEM, qui a ouvert de nouveaux marchés en dehors de cet appel; l’alliance, a en effet donné lieu à d’autres projets communs.
De plus, j’ai informé SAIPEM sur l’impossibilité pour TECHNIP de se présenter, à cause de l’obtention de leur premier projet de liquéfaction du gaz naturel au Yémen, ainsi de l’intention de KBR de se concentrer en Algérie seulement sur le projet Skikda.
Au cours de l’adjudication pour le projet LGP Hassi Messaoud
Il s’agissait d’un projet pour une installation d’extraction de gaz associés.
La SAIPEM n’a pas été pré-qualifiée pour cet appel, parce qu’elle n’avait pas encore réalisé un projet dans ce domaine en Algérie. J’ai appris que la société SHAW STONE & WEBSTER, qui en revanche était pré-qualifiée, envisageait, pour diverses raisons, de renoncer participer.
J’ai contacté cette entreprise pour l’encourager à continuer sa participation, en lui proposant de s’unir au groupe SAIPEM.
L’offre a été élaborée en partenariat, mais SHAW à la fin, malgré tout, a voulu se retirer du projet, dont elle a toutefois géré seulement une partie non prépondérante.
Comme résultat à cette coopération dans le développement de l’offre, SAIPEM a été tout de même en mesure de continuer cette compétition seule.
Au cours de l’adjudication pour le projet Menzel Ledjmet Est (MLE)
Ce projet consistait en la construction d’une installation de production et de traitement de gaz du gisement MLE détenu par SONATRACH en partenariat avec FISRT CALGARY PETROLEUM (ci-après « FCP »), qui à la fin de 2007 a été acquise par l’ENI.
Dans le cadre de cet appel d’offres, j’ai assisté SAIPEM dans l’élaboration d’une stratégie qui pouvait atténuer les croissantes difficultés d’accès en Algérie pour les travailleurs étrangers — d’autant plus qu’il m’a été communiqué par SAIPEM que ENI, qui participait elle aussi à l’adjudication, avait considérablement diminué les temps à cause aussi de la suspension partielle de la procédure d’adjudication, due au processus d’achat de FCP.
Pour ces mêmes raisons, et connaissant l’importance pour SONATRACH de développer les compétences locales, j’ai convaincu SAIPEM d’investir dans la création d’un centre d’ingénierie à Alger, qui aurait été responsable de la majeur partie de l’ingénierie de projet.
Ce qui a donné à SAIPEM un important avantage concurrentiel.
Durant l’adjudication pour le projet GK3
Le projet consistait en la construction d’un gazoduc de 48 pouces qui traversait la chaîne de montages de l’Atlas pour le transport de gaz naturel par Hassi Rmel – Skikda à Elkala. Comme mentionné auparavant, le parcours de la parcelle 3 était très difficile. Pour cette raison, aucune société locale algérienne ni internationale comme Entrepose, Amec, Petrofac ou Petrojet n’était réellement intéressée par cet appel d’offres. La stratégie suggérée était celle de ne pas participer à des adjudications pour la construction des segments du gazoduc qui passaient dans le désert, considérés plus faciles et moins techniques, pour se concentrer sur la zone
montagneuse plus difficile, auxquelles peu d’entreprises auraient participé. Ce projet présentait de réelles difficultés techniques dans la conception et dans la réalisation, OGEC s’est à ma demande mobilisée pour ce projet.
De plus, j’ai assisté SAIPEM dans de nombreuses adjudications qui, malgré nos efforts, n’ont pas été gagnées. Par exemple :
-Dans le cadre du projet de la valeur de $ 2,2 milliards « El Merk CPF » — une installation pour l’exploitation d’hydrocarbures liquides dans le désert — remporté par PETROFAC en 2009, j’ai assisté SAIPEM dans la préparation d’une offre qui ne présentait pas une réelle difficulté technique et qui se basait sur un emploi significatif de main-d’œuvre syrienne, en organisant le rapprochement avec des sous-traitants adaptés.
PETROFAC, une société britannique en partie propriété d’actionnaires libanais et syriens, qui est rentré dans le marché algérien en 2008 avec un projet de petites dimensions et à dédié beaucoup d’ « intelligence » à l’étude du plan de business Saipem en Algérie. Pour le projet El Merk, Petrofac a engagé une société de construction algérienne et a aussi utilisé des travailleurs syriens pour l’exécution et la construction de projet. Son offre s’est en fait révélée celle la plus basse à l’ouverture des enveloppes.
-Dans le cadre du projet Gassi Touil de la valeur de $ 1,5 milliards remporté par la société japonaise JGC en avril 2009, la stratégie que j’ai proposé était cohérente avec la stratégie globale de maximiser ce que nous appelons le « local content », qui conférait des avantages concurrentiels à SAIPEM en terme de main-d’oeuvre locale et de choix de sous-traitants déjà présents dans le pays, en permettant une immédiate mobilisation pour respecter les contraintes de temps fixées des appels d’offres — LEAD avait déjà sélectionnée et les autres étaient en phase d’étude.
Grâce à ma connaissance du réseau industriel, j’étais en mesure d’apporter des renseignements stratégiques sur divers marchés et rapport à leur réel intérêt pour ce projet, qui dépendait de leurs disponibilités, ressources, objectifs stratégiques.
Malheureusement le prix de SAIPEM était trop élevé et le projet a été perdu.
Un autre exemple d’un important projet perdu par SAIPEM a été le complexe d’urée et d’ammoniac d’Arzew. SAIPEM grâce à la licence et au brevet de SNAMPROGETTI, ainsi qu’à sa technologie, considérait cette offre stratégique, parce qu’elle voulait reconquérir une position de leadership dans le marché des « fertilizer » partout dans le monde.
Enfin, ORASCOM aurait remporté ce projet avec une offre très agressive de presque 15% plus basse par rapport à SAIPEM. L’offre d’ORASCOM comprenait aussi un plan de financement et un accord avec SONATRACH pour l’achat de fertilisants produits par l’entreprise.
À cause de la stratégie adoptée, du choix non optimal d’ingénierie par rapport aux dimensions de l’installation, SAIPEM a perdu ce projet d’une valeur de $ 3 milliards en avril 2008.
Ces exemples représentent une seule partie de ma fonction d’agent pour le compte de SAIPEM, à laquelle je me suis dédiée quasi quotidiennement à cette période, en ce qui concerne les problèmes et les attentes de la société.
Loin d’être une fonction fictive, elle a demandé une grande implication de ma part.
Il ne reste pas de traces écrites de tout ceci, parce que cette fonction de collecte et des analyses des informations, qui se fondent surtout sur l’intelligence stratégique et sur les échanges confidentiels, ne se manifeste pas de cette façon.
Ces informations se transmettaient, lors de nombreuses rencontres, à Milan, à Dubaï et ailleurs, comme les pièces du dossier le démontrent, lesquelles donnent acte de mes nombreux voyages à Milan, ou par téléphone grâce aux précautions prises pour commencer de façon confidentielle et sûre, surtout à l’égard de nos concurrents.
Qu’est-ce que j’aurais fait dans tous ces rendez-vous, si en définitive ma tâche a été celle de recevoir de l’argent à payer à certaines personnes pour obtenir des contrats ?
D’autre part, quelques aspects négatifs et administratifs de ma fonction, ainsi qu’un certain nombre d’échanges d’informations non stratégiques, pouvaient être communiqués via mail.
Ma fonction d’agent de SAIPEM a été réelle et ma rémunération était parfaitement justifiée.
De plus, en marge de tout ceci, et puisque j’ai maintenu de bons rapports avec les dirigeants de SAIPEM, ces derniers m’ont encore mis en contact avec leur maison mère, ENI, laquelle avait aussi des intérêts très importants en Algérie, et en particulier Monsieur Antonio Vella, responsable de la zone de l’Afrique du Nord, que Varone m’avait présenté.
Je peux imaginer que ceci pouvait être utile aussi pour Pietro Tali, qui aspirait à la succession de Sacroni, pour démontrer son contact fluide avec quelques importants acteurs du secteur en Algérie et au Moyen-Orient.
J’ai été surpris d’apprendre le rôle de « secrétaire » qui m’a été attribué par rapport
à Monsieur Chakib Khelil dans certains échanges. Je ne me l’explique pas et je ne peux pas en rendre compte. Ça n’a pas de sens pour moi.
D’autre part, Monsieur Scaroni, à qui j’ai donné ma carte de visite mentionnant mon statut d’administrateur délégué de RAYAN ASSER MANAGEMENT, savait depuis le début de notre premier contact que je n’étais pas le « secrétaire personnel » du ministre et que c’est seulement en raison de mes bons rapports avec lui, en marge de mes activités, que j’ai facilité le contact avec le ministre et j’ai participé à certains rendez-vous.
Dans tous les cas, les rendez-vous que j’ai facilité, et auxquels j’ai pris part, entre Paolo Scaroni et Chakib Khelil, n’ont jamais impliqué des discussions occultes sur l’achat de FCP, du moment qu’elle s’est faite seulement à la fin de 2008.
Dans ces contacts il n’y a jamais eu d’occasion de discuter les offres que SAIPEM a présenté, ou voire même mon activité comme agent pour cette société, et encore moins un quelconque accord de corruption pour obtenir l’attribution de projets.
Les échanges, les contacts et les rendez-vous entre les dirigeants de l’ENI et le ministre algérien de l’Energie et du pétrole Chakib Khelil font partie du cours nécessaire de leur travail et de leurs attributions, comme tout le monde peut imaginer et comme il est évident par les documents qui ont été réunis à ce sujet au cours des enquêtes.
Il s’agissait principalement de projets et de relations stratégiques entre l’Algérie et l’ENI, en Afrique du Nord, l’Italie et l’Europe, ainsi que des échanges d’opinions et des perspectives sur le marché du gaz et du pétrole au niveau macroéconomique.
Sans pouvoir être exhaustifs, les questions évoquées ont été, entre autre, le blocus commercial en Mauritanie, la possibilité de partenariat en Mauritanie et au Niger, le gazoduc transsaharien, la possibilité de créer une société d’ingénierie commune en Algérie à l’instar de ce qui a été fait en Libye, les investissements de l’ENI en Algérie, la possibilité de créer un centre de formation en Algérie, le projet Galsi ou encore le prix des hydrocarbures et en particulier du gaz.
La théorie du Ministère publique selon laquelle l’ENI et ses dirigeants, avec SAIPEM, avaient conclu un accord de corruption est une invention qui se base sur quelques éléments et me semble incohérente par rapport à la chronologie et à la séquence des événements, surtout en ce qui concerne l’attribution du projet MLE où l’achat de FCP de la part de l’ENI.
D’autre part, Monsieur Pietro Varone ne pouvait que retirer ses prémisses et confuses déclarations, pour l’incohérence de celles-ci avec la chronologie des événements.
Il a indiqué au début que le premier rendez-vous entre Monsieur Antonio Vella et moi-même aurait eu comme objet la discutions en ce qui concerne les autorisations que l’ENI aurait dû obtenir pour l’achat de FCP, alors que je connaissais déjà monsieur Vella depuis la première moitié de 2006, ce qui est confirmé par ce même monsieur Varone dans quelques mails.
Au vu de ces accusations initiales, il est toutefois nécessaire de pleinement comprendre ce qui suit :
I. Le projet MKE, à titre de projet EPC, ne pouvait matériellement pas exister avant l’autorisation à la mise en commerce des blocs de gisements de gaz, qui a été fournie seulement en 2007 à la joint-venture entre FCP et SONATRACH.
La procédure d’adjudication pour ce projet MLE a été organisée seulement au début de 2008 (ce qui explique aussi pourquoi ce projet a été inclus seulement en février 2008 parmi les autres projets qui faisaient partie de la mission d’agent pour SAIPEM), seulement après que le FEED (Front End Engineering Desing) — une étape nécessaire et précédente à l’ouverture de l’appel d’offre — a été complété en janvier 2008 par FCP et SONATRACH.
Il est donc chronologiquement impossible que les échanges entre SONATRACH et ENI, qui ont débuté bien avant, ont porté sur l’appel d’offre ( le projet en fait n’existait pas encore ) ou l’achat par l’ENI de FCP — n’oubliez pas en fait que ce rachat n’a pas eu lieu avant novembre 2008 et que FCP a été proposé par JP MORGAN pour la vente seulement en partie de juin 2008 (Annexe n.16, 17 et 18).
Par conséquent il n’est pas seulement faux, mais aussi chronologiquement impossible que l’ENI soit rentrée en contact avec moi avec l’objectif d’une quelconque discussion concernant le rachat de FCP, a fortiori, de discuter de quelconque accord de corruption.
Les fonds que j’ai reçu correspondent à la rémunération prévue, et ils n’ont été redistribués à personne
Au-delà du fait que la relation a été officialisée via PEARL PARTNERS, que j’ai déjà mentionné ces paiements ont tous été effectués de manière totalement officielle et transparente – je répète que les fonds ont été versés sur les comptes dont je suis directement bénéficiaire — par le groupe SAIPEM directement et ouvertement, en plusieurs versements et à la suite de l’attribution des contrats.
Les fonds versés sont toujours été dans mon patrimoine personnel et font objet de fiducies irrévocables dont ma femme et mes enfants sont bénéficiaires.
Malgré les dizaines de commissions rogatoires internationales et les milliers de pages de documentations bancaires – dont cette soumission, si requis, j’ai toujours donné mon consentement sans aucune opposition — il n’a été établi aucune redistribution de ces fonds à aucune autorité publique.
Ce qui est normal, puisque il n’y jamais eu aucune redistribution.
Par ailleurs, après avoir écrit aux nombreuses autorités étrangères contactées que j’avais remis des fonds à Chakib Khelil pour justifier ses requêtes d’assistance légale, le Ministère Public à l’issu des enquêtes préliminaires a dû se résigner à soutenir que j’en aurais reçu ces fond comme fiduciaire de Khelil.
***
La thèse selon laquelle les fonds auraient été remis à Chakib Khelil était basée
seulement sur les déclarations faites au début de la procédure, qui par la suite ont été démenties par les autres éléments acquis au dossier.
En réalité, les déclarations de Monsieur Varone n’ont été en aucune façon précises, elles rapportaient seulement une « rumeur », ce que je lui aurais prétendument dit, et lui, devant ces éléments émis des actes, les a démenti plusieurs fois. Elles n’ont jamais été corroboré par aucun élément, pour d’évidentes raisons.
Dès lors, monsieur Pietro Varone ne pouvait que rétablir la vérité. Je ne lui ai jamais dit une chose de la sorte, que tout serait faux.
À l’audience, Monsieur Tullio Orsi n’a confirmé en aucune façon – sinon en disant
« si je l’ai dit à l’époque ça veut dire que c’est vrai » – le fait que il a su par Monsieur Varone que le « contact », c’est à dire moi, aurait offert des cadeaux au ministre.
Cependant il ment de façon claire et objective, puisque il déclare avoir découvert le nom de PEARL PARTNERS au cours de la procédure, tandis qu’il a été démontré que lui-même a signé deux notes destinées à présenter au conseil d’administration le contrat d’agent à signer. De la même façon la scène qu’il raconte dont laquelle j’aurais offert 10 millions sans être en mesure d’indiquer si c’était des dollars ou des euros, dans le but d’appartenir à « un club », dont il ne sait pas à quoi cela serait destiné’, est ridicule.
Ces paroles ont été peu crédibles qu’au moment où il insert cette soit-disant conversation, c’est à dire en été 2009, SAIPEM avait déjà obtenu les sept contrats remportés.
Ses déclarations ont été démenties point par point par Monsieur Pietro Varone, surtout en ce qui concerne la surfacturation des soumissions des sociétés OGEC et LEAD, celles-ci n’ont jamais corroboré avec aucun élément.
Les éléments relatifs à la société COLLINGDALE CONSULTING obtenus auprès des multifiduciaires, fiduciaire suisse vers laquelle je me suis tournée au cours de certaines de mes activités, ne relèvent aucun lien financier entre Monsieur Chakib Khelil et moi-même.
Il apparaîtrait, non sans une certaine confusion, que cette société, créée le 10 juillet 2007, le même jour j’ai délivré un « power of attorney » à Madame Regina Picano —
à l’époque la femme de Monsieur Pietro Varone – que la société aurait été racheté en août 2007 par Monsieur Khaldoun Khelil, un des fils de Monsieur Chakib Khelil et, enfin, que moi-même j’aurais été le bénéficiaire effectif depuis le mois de septembre 2007 (Annexe 19).
Ce sont donc les erreurs de Multifiduciaire qui ont fourni les arguments au Ministère Publique, alors que ces éléments n’ont en réalité aucune importance dans le contexte de cette affaire, sinon pour démontrer l’approximation et le manque de rigueur et de professionnalisme de Multifiduciaires.
En effet, l’équivoque naît du fait que Multifiduciaire considérait comme acquis et définitifs les projets initiaux de la société rachetée.
En réalité, il n’y jamais eu un certificat ou un « power of attorney » au nom de Monsieur Khaldoun Khelil, lequel n’a jamais eu aucun droit sur cette société.
Comme part du projet d’activité commune entre Monsieur Pietro Varone et moi — dont je parlerai ci-après — Nous avons créé cette structure que j’avais l’intention de lancer au Moyent-Orient, destinée à recueillir des fonds des investisseurs ainsi qu’à gérer la commercialisation internationale de vin. Ceci était tout ce que cette société aurait dû servir, un usage qui ne s’est jamais concrétisé.
Mais je me suis rendu compte en examinant le document provenant de Multifiduciaire, que Monsieur Guignet a rapidement pris des mesures dans cette direction, sans aucune validation de ma part. S’il était mentionné qu’un « power of attorney » aurait été délivré par commodité au nom de la femme de Monsieur Varone, aucune instruction n’aurait été donnée dans ce sens, En outre, à ma connaissance, ce pouvoir ne m’a jamais été régularisé auprès d’aucune banque. Très rapidement ce projet a été abandonné.
Un mois plus tard. Monsieur Kheldoun Khelil, qui m’à été présenté par son père, en cours d’une conversation il m’a indiqué qu’il désirait créer une structure, il me parait, pour un projet cinématographique. J’ai aussi passé un appel à Monsieur Ludovic Guignet durant une de nos conversations.
Cette fois non plus il n’y a eu aucune action pratique, raison pour laquelle il n’existe aucun document qui indique le nom de monsieur Kheldoun Khelil comme bénéficiaire économique. J’au toujours été le bénéficiaire effectif.
En outre, l’unique transaction financière dont on peut parler à propos de ce compte c’est d’un transfert de ce dernier vers celui de la société JUSTIN DEVELOPMENT, dont j’étais aussi dans ce cas bénéficiaire effectif, pour un montant d’environ 4,3 millions d’euros en deux versements le 21 décembre, certainement non compatible avec la thèse du Ministère Public.
Il est à noter que tous les mouvements de fonds sur ce compte sont suite à (i) l’attestation de Multifiduciaire du 1 septembre 2007, selon laquelle je suis bénéficiaire effectif de COLLINGDALE et (ii) la lettre de Multifiduciaire à Toufic Aoud (Bank Saoudi Saradar) du 11 septembre 2007, avec laquelle les documents originaux de la société sont transmis (statut, « minutes of meeting of the bobard of directors », power of attorney en faveur de madame Picano) et portant une mention au bas de la page, selon laquelle j’aurais pour confirmer que j’étais le bénéficiaire effectif, la mention indiquait « => FB ayant droit économique à partir du 2 .09.2007 ». L’envoie du power of attorney de Multifiduciaire durant le mois de septembre 2007 était évidemment une erreur, par laquelle s’explique la mention ajoutée au bas de la page.
Cette hypothèse de départ du Ministère public n’a jamais pu être confirmée et a même été rejetée parce qu’elle est fausse, peu importe ce que le parquet a essayé de dire et malgré les tentatives risquées d’établir des liens de telle nature entre monsieur Chakib Khelil et moi.
***
En outre, je n’ai pas redistribué les commissions à personnes via Monsieur Omar Habour.
Ma famille et celle de Monsieur Habour sont liées depuis plus de 70 ans. Monsieur Omar Habour est un ami d’enfance de mon père et, indépendamment de leur rapport amical, ils ont instauré, il y a plus de quarante ans, des relations d’affaires et ils sont associés ou ont été dans divers domaines à travers différentes structures (Annexe 20).
Je suis aussi très lié au fils de Monsieur Omar Habour, Réda, avec lequel j’étais associé entre 1995 et 2000 au sein de la société Cotrac, créée au début des années 90, et qui est spécialisée dans le commerce de matières premières et les aliments pour bétail.
(Annexe 21 et 22).
En outre, durant deux générations il y a eu des rapports commerciaux entre les deux familles.
Loin d’être un « porteur de valises », Monsieur Omar Habour est depuis 70 ans un ami de ma famille et un associé en affaires — bien avant le contrat SAIPEM —, ainsi qu’un des plus importants hommes d’affaires algériens, présent dans plusieurs secteurs indépendamment de la famille Bedjaoui, notamment le gaz et le pétrole.
Les rapports économiques entre nos familles existaient depuis plusieurs années et ils sont expliqués par des liens amicaux et commerciaux et ne sont pas liés à de présumés paiements de pots-de-vin, en faveur de Chakib Khelil ou de n’importe qui d’autre.
Au contraire, je peux ajouter que bien assez tôt j’ai compris que Monsieur Omar Habour avait, dans le secteur des infrastructures pétrolières, des intérêts différents des miens et de ceux de SAIPEM.
Par exemple, j’ai appris que Monsieur Habour était proche de la société égyptienne ORASCOM, un sous-traitant de PETROFAC, concurrent direct de SAIPEM. J’ai aussi découvert que Monsieur Habour essayait de comprendre à travers moi l’intérêt de SAIPEM pour un projet en Égypte lancé en 2007 par la société Canadian Agrium. Les deux seules sociétés avec licence et brevet pour cette installation d’urée étaient UDHE(Allemagne) et SNAMPROGETTI (Italie), et UDHE s’est alliée avec
ORASCOM.
Il me semble alors encore moins compréhensible que le dossier d’accusation s’est construit sur la base des rapports entre Monsieur Habour et moi, vu que nos rapports, dans ce secteur en Algérie, étaient caractérisés par une confidentialité et par la distance, en dépit des relations que nous-mêmes et nos familles maintenons pour d’autres raisons.
ORASCOM a été un féroce concurrent de SAIPEM en Algérie.
Khelil ou avec SAIPEM.
En premier lieu, Monsieur Habour aurait financé l’achat, le 24 juillet 2007, d’une résidence aux États-Unis pour un montant de 1,5 millions d’euros en faveur à Monsieur Chakib Khelil, avec des fonds qui m’appartiennent.
Cette présomption est totalement infondée.
Le rapport Aures des autoroutes suisses, où sont traités ces griefs, rapporte un transfert de 1,828 millions de dollars effectué au mois de mars 2007 ( quatre mois avant)!par ma société MINKLE sur le compte de la société BERG dont Habour est bénéficiaire effectif.
Ce transfert est totalement étranger à la rémunération payée par SAIPEM et fait partie des rapports commerciaux que nous avions eu pendant longtemps. Ce point a déjà été défini dans un mémorandum présenté le 2 octobre 2015 au Juge de l’audience préliminaire (Annexe 1).
Il s’agit d’un transfert correspondant au paiement partial à l’achat de 25% des actions de Monsieur Omar Habour pour un investissement dans son projet de raffinerie de sucre (contrat signé le 25 mars 2007) (Annexe n.23) — un projet qui a été mené par la société Euro-Méditerranéenne du Sucre. Monsieur Habour avait initialement prévu que le coût de ce projet aurait été d’environ 60-70 millions de dollars et qu’il aurait dû être financé avec une bonification capitale pour les 20% – 30% et avec l’obtention d’un prêt par quelques banques et organismes de développement pour les 70% – 80% (Annexe 24,25,26,27,28,29,30,31,32,33,34,35 et 36).
Le 20 février 2008 un paiement supplémentaire de 1.3 millions de dollars a été effectué (Annexe 37).
Ces transactions n’ont aucun lien avec SAIPEM ou Monsieur Khelil et je n’étais absolument pas au courant de la transaction immobilière en question.
La présentation faite du rapport Aures, qui prétend établir un lien entre ce transfert, auquel elle devrait ajouter un second du mois de juin égale à 164.320 dollars, et le transfert du compte BERG de 1,95 millions de dollars qui aurait financé l’achat de cette soi-disant résidence aux États-Unis, c’est uniquement une construction intellectuelle de circonstances.
Cette construction est en fait menée en sélectionnant — pour essayer de faire correspondre, même approximativement, les montant — alors que le rapport relève 18 transferts par moi-même et par les sociétés sur le compte de la société BERG entre le 31 octobre 2005 et le 20 février 2008 et démontre, en outre, qu’entre deux transferts choisis, il y en avait trois autres, le 20 avril, le 2 mai et le 8 juin 2007, pour un total de 110.000 dollars, que l’accusation ne mentionne pas.
Sauf d’essayer de sélectionner, entre tous les faits, ceux qui alimentent un dossier prédéterminé, en excluant les autres, cette opération n’a aucune justification ou pertinence.
Ces suppositions ne sont confirmées par aucun élément, et pour d’évidentes raisons elles sont inexactes.
Elles apparaissent en outre ne sont pas pertinentes en ce qui concerne l’accusation qui se réfère au transfert des rémunérations de 197 millions d’euro de la part de SAIPEM et que parallèlement soutient que Monsieur Chakib Khelil serait le vrai bénéficiaire des investissements immobiliers à New York de dizaines de millions d’euro obtenus par moi à travers, je veux répéter, fiducies irrévocables dont ma femme et mes enfants sont bénéficiaires.
La faiblesse de ce dossier ne fait que souligner l’absence évidente de quelconque élément, aussi faible, relatif aux paiements à Monsieur Khelil.
En second lieu, on soutient que la société ABODE FINANCE SERVICES CORPORATION (ci-après « ABODE »), dont Monsieur Omar Habour est le bénéficiaire effectif, a effectué un transfert de 1,5 millions de dollars grâce à son rapport avec la banque Audi Saradar à Beirut sur un compte personnel auprès de la SUNTRUST BANK à Bethesda aux États-Unis, sur lequel Madame Najat Arafat femme de Monsieur Khelil aurait eu la procuration.
Successivement il a été expliqué que le montant mentionné a été utilisé pour l’achat de biens aux États-Unis, dans lesquels Monsieur Chakib Khelil et sa femme avaient une participation.
La tentative de continuer à lier Adobe Finance à mes fonds et à SAIPEM était claire mais pas précis.
Dans une requête adressée au Procureur Général des États-Unis en date du 13 mars 2015, il a été indiqué que :
« Une partie de la rémunération de Saipem à Pearl Partners a été payée par des comptes à l’Audi Saradar pour le compte de la société Sorung, Minkl, Justin, Roleyton et Adobe Finance, » en ajoutant que
« Omar Habour a été autorisé d’agir dans l’intérêt d’Adobe Finance, avec un siège légal dans les îles de Virginie britannique. Cette société, comme mentionné déjà au paragraphe 2 ci-dessus, était bénéficiaire sur le compte libanais et, par conséquent, elle a traité des montants significatifs pour Pearl Partners. »
Pour cette raison, mes avocats ont du présenter un certificat émis par Audi Saradar Bank au Liban, daté du 29 juillet 2015, qui attestait que le compte de la société ABODE n’avait jamais reçu de fonds par un compte qui résulte sur les propres livres dont je serais titulaire ou bénéficiaire effectif (Annexe 38).
Cette transaction n’a aucun lien avec moi/ ou avec SAIPEM.
* * *
À la fin de 2007, avant la création de la société, qui a seulement eu lieu au mois de mai 2008, Monsieur Varone m’a instamment proposé de m’associer à lui et d’accepter de lui fournir un financement le plus tôt possible, en soutenant qu’il fallait un apport de fonds immédiat, qu’il était impossible d’obtenir cette contribution des institutions financières, compte tenu des conditions de crédit dans cette période de crise, en parlant des investissements à réaliser rapidement pour l’acquisition de deux parcelles adjacentes à la parcelle principale ,etc.
Je me suis laissé convaincre de l’intérêt du projet et de l’urgente nécessité d’un financement pour lancer rapidement le processus, le développement et les premiers investissements (Annexe 39).
Toutefois, conscient du problème qu’aurait pu représenter, en ce qui concerne le rapport commercial avec SAIPEM, un paiement par Monsieur Varone en absence de quelconque projet économique concrétisé, ainsi que de l’interprétation qui pourrait être faite à ce sujet, comme ce qui d’ailleurs arrive aujourd’hui, j’ai demandé à Monsieur Omar Habour qu’il fasse lui même les premiers transferts, en lui donnant en même temps l’opportunité de faire un investissement différent et fascinant, dans le but de se diversifier à travers un projet vinicole (comme je l’avais exactement fait un an auparavant ,à sa demande, en investissant dans ce projet de raffinerie de sucre).
Habour a accepté l’idée et le projet à condition que je paie, avant le terme fixé au départ au mois d’avril 2009, un second acompte de contribution au projet de raffinerie de sucre, que j’aurais fait le 20 février 2008 par un transfert de 1,3 millions d’euros sur son compte.
Ainsi ces deux transferts du 27 février et du 4 avril 2008, respectivement de 700.000 euros et de 590.000 euro par Monsieur Habour, ont été effectués en faveur de Monsieur Varone pour l’achat de deux terrains, comme convenu avec ce dernier. J’ai, donc, promis à Monsieur Habour 25% de mes actions dans Ager Falernus, un engagement concrétisé par la souscription d’une promesse de vente de mes actions (gage de vente signé le 25 juin 2008) (Annexe 40).
Au cours du mois d’avril 2008, comme preuve de mon sérieux engament envers ce projet, j’ai signé un mandat devant le consulat italien à Dubaï, en conférant à Monsieur Varone les pouvoirs pour la création de la société et pour accomplir certains actes liens à cela.
Par la création de la société Ager Falernus, inscrite le 23 mai 2007, j’ai complété mon investissement en transférant les fonds (cinq transferts de 500.000 euros entre le 14 août 2008 et le 8 mars 2012) de mon compte personnel au compte bancaire d’Ager Falernus en Italie.
La production est à l’origine des plusieurs cuvées, qui ont été présentée dans diverses festivals de gastronomie, elles ont fait objet de plusieurs articles de presse spécialisée et elles ont été sélectionnées par des guides œnologiques. Deux des cuvées d’Ager Farlenus portent le nom de mes enfants.
J’étais ctionnaire, à mon nom, à hauteur de 20%.
(Annexe 41).
En ce qui concerne les sommes qui ont été payées à Monsieur Tullio Orsi, elles correspondent à un accord entre Monsieur Varone et monsieur Orsi pour une rémunération ultérieure ou cessation à la suite de sa sortie de SAIPEM, que Monsieur Varone m’avait gentiment demandé de lui avancer.
Et clairement, celle-ci est la rémunération de mon activité d’agent, ainsi comme prévue contractuellement. Ces fonds n’était donc en aucun cas destinés à effectuer les paiements corrompus à un tiers.
Enfin, pas même ces fonds que j’au versé à Monsieur Réda Hemche ne sont liés avec ces paiements effectués à Pearl Partners et font partie de ma participation actionnaire dans la société syrienne OUAIS, désormais OGEC, au sujet de laquelle je voudrais ajouter les explications suivantes et, encore une fois, rejeter les accusations du Ministère Public.
4. Mon investissement dans les groupes syriens OUAIS, désormais OGEC
Le plan de base duquel SAIPEM était en train de travailler en Algérie pour des projets d’Engineering, Procurement & Construction (EPC) consistait à concentrer ses propres compétences, pour maximiser l’usage de la valeur ajoutée liée à son know-how, sur la partie de E&P, et à sous-traiter la partie de construction sur laquelle elle avait une valeur ajoutée moins forte.
Moi même j’ai été associé à la réalisation de ce plan, en utilisant mon bureau de Dubaï et mes collaborateurs pour identifier les sous-traitants les plus adaptés, sélectionner avec eux des « packages » adéquats à leur capacité et compétence et les mettre en contact avec SAIPEM, soit dans là phase de préparation d’appels d’offres ou de partenariats — pour les sous-traitants les plus importants — soit dans la phase d’exécution. A plusieurs occasions, j’ai été en mesure de développer un lien durant les travaux, en anticipant et en suivant les progrès de cette dernière, dont ils ont bénéficié soit SAIPEM soit les sous-traitants, en évitant de multiples problèmes, tensions et incompréhensions.
Cette approche correspondait à mon désir d’avoir un gain dans ce sécteur et ma présence dans le capitale fournissait ainsi une garantie à l’accès des financements majeurs, qui étaient essentiels pour obtenir des contrats de grandes importances de ceux effectués à l’époque.
L’OGEC a ainsi pu se proposer à SAIPEM comme sous-traitants pour des projets beaucoup plus significatifs comme MLE et GK3, sur lesquels, malgré certaines difficultés, elle a mené d’importants travaux (Annexes 42 et 43).
Et c’est pour cela que j’ai payé monsieur Réda Hemche, conformément à nos accords pour m’avoir aidé à concrétiser cette opération (Annexes 44 et 45)
Cette rémunération et le contrat qui la justifie, dont monsieur Hemche est bénéficiaire puisque une partie est à son nom, n’ont absolument aucun lien avec la participation de SAIPEM aux appels d’offres de Sonatrach, que Monsieur Hemche a abandonné bien avant notre rencontre.
Je l’ai rencontré pour la première fois à Genève à la fin de l’année 2008. Il m’avait dit qu’il était à la retraite et était en train d’organiser son établissement en Suisse en qualité de consultant. Il habitait entre Genève et Montreux, où sa femme était hospitalisée; elle a fait ses soins médicaux à la clinique Biotonus durant de longs séjours. J’étais convaincu qu’il n’y avait plus aucune association avec Sonatrach comme il disait à différentes occasions. Il n’avait rien à cacher. Il convient également de rappeler que la société a effectué un paiement en 2009 à Monsieur Reda Hemche. La Kiyan Holding, a été la société au moyen de laquelle j’étais actionnaire de la OGEC DUBAI au côté de l’entreprise PALMIRA, qui représentait les frères Ouais (Annexes 46, 47 et 48).
En ce qui concerne les accusations de Monsieur Tullio Orsi relatives au présumé « over-billing » de OGEC, je les conteste formellement.
Je n’étais pas impliqué dans la gestion des rapports contractuels entre OGEC et SAIPEM et je n’ai jamais été au courant de ces pratique Monsieur Pietro Varone a toujours nié cet élément, et il a expliqué à Kayen de ce dont parlait Orsi s’agissait « de commissions d’urgence » destinées à couvrir le risque contractuel inhérent aux projets.
Il me parait que rien ne peut appuyer cette affirmation, et entre autres SAIPEM a remporté chaque projet en présentant toujours l’offre la plus inférieure, y compris les coûts des services sous-traitants.
Elles puisent leur propre justification par « consulting agreements », puisque quand je suis entré dans le capital, la société était en pleine croissance, mais des services administratifs et financiers et de structure n’étaient pas encore en mesure de produire des états financiers semestriels demandées par les institutions bancaires.
Cette pratique, qui peut sembler surprenante et totalement étrangère aux pratiques italiennes ou européennes, n’est pas inhabituelle au Moyen-Orient. Bien qu’elle ne soit certainement pas idéale en termes de compréhension, elle ne cache toutefois aucune activité frauduleuse.
Je suis sorti progressivement de cet investissement, principalement pour saisir d’autres opportunités qui à l’époque étaient plus adaptées à l’usage que j’entendais faire de mon patrimoine, surtout dans le secteur immobilier, qui offrait des opportunités plus intéressantes au lendemain de la crise des subprimes aux États-Unis. Ces investissements aux États-Unis ont été effectués de façon transparente en utilisant les services de prestigieuses institutions, comme la Rothschild Bank au Luxembourg, renommée pour son expérience et son ingénierie financière, dans l’optique d’investir de manière plus adéquate aux États-Unis. L’objectif était celui de créer de manière optimale, d’un point de vue fiscal et testamentaire, des structures pour l’acquisition de propriétés à travers des fiducies irrévocables. Ces acquisitions aux États-Unis ont été effectuées par le biais d’une société m’appartenant ou appartenant à des membres restreints de la famille, comme Bluefield Finance SA, Iolana Financial Services et Pupa Investments (Annexes 49, 50 et 51).
En outre, bien que possédant 50% de OGEC, mes associés, propriétaires historiques, contrôlaient complètement l’activité et j’avais seulement un contrôle superficiel sur la liquidité, les coûts et l’activité en Algérie. Par conséquent, vu ce rôle nécessairement passif et sans aucune perspective réelle d’évolution, j’ai vite pris la décision de sortir progressivement de cette joint-venture.
Enfin, après quelque temps l’agence a rencontré de grosses difficultés, que ma position ne m’a permis de gérer comme je l’aurais voulu et qui m’ont créé de fortes tensions avec monsieur Pietro Varone. Donc, la société n’a pas pu obtenir les remboursements IVA dues par les autorités fiscales algériennes. Des problèmes de sécurité dans les chantiers sont survenus, dont je n’ai pas contrôlé les détails, qui se sont malheureusement concrétisés en quelques incidents mortels.
Il n’y a, toutefois, rien de suspect dans cet investissement et dans les résultats que j’ai pu en tirer. Malgré ces difficultés, OGEC a réalisé des profits durant cette période, grâce à un volume de commandes très élevé.
À travers ce témoignage, j’ai voulu fournir au tribunal les explications sur ce que mon rôle d’agent a été avec SAIPEM pour plusieurs années, dans le but d’aider la société à remporter certaines adjudications, au milieu d’une compétition acharnée, dans un secteur d’activité complexe avec des problèmes stratégiques tout aussi importants, en plus dans un pays difficile.
Bien que SAIPEM ait pu élaborer quelques offres qui ont fait la différence, plusieurs autres, malgré le travail réalisé, ont été rejetées. Notre collaboration a été, tout de même, je crois, avantageuse et ma rémunération a été assurée seulement en cas de succès.
Je suis conscient des limites que je me suis fixées par voie écrite, et je peux assurer au tribunal que, naturellement, j’aurais préféré être en mesure de défendre mon
travail par voie orale et répondre à toute demande qui pourrait jusqu’à cette phase rétablir la vérité, après avoir été traîné des années durant dans la boue.
Certains articles de journaux laissent des cicatrices que seule l’œuvre de la justice guérira, sans toutefois jamais pouvoir les supprimer, des articles chargés de mensonges, de calomnies et parfois de haine.
Avant cette affaire, toutefois, je n’ai jamais été suspecté, dans aucun pays, de commettre le moindre crime, tout en ayant travaillé avec les plus grandes institutions financières du Moyen-Orient et aux États-Unis, des instituons qui s’engagent dans des vérifications de conformité rigoureuses et intransigeantes.
Je ne suis pas un délinquant et, même si je suis né dans une famille aisée, j’ai toujours beaucoup travaillé. Je n’ai jamais nié connaître Monsieur Chakib Khelil, mais il ne m’à jamais fait aucune faveur, ni consenti aucun favoritisme.
J’aurais peut-être dû, parce que je le connaissais, refuser d’aider SAIPEM, une société à laquelle je n’ai rien demandé et qui est venue vers moi.
La tâche du tribunal est certainement difficile à cause d’une pression médiatique habilement maintenue depuis des années autour de cette affaire et me désignant comme coupable sans que je n’aie pu m’exprimer, en présentant les faits très superficiellement et souvent de manière partiale et fallacieuse.
Heureusement, les enquêtes financières, en particulier, ont permis de démontrer que les sommes que j’ai accumulées dans cette affaire sont allées à mon bénéfice exclusif et peuvent ainsi abandonner les charges de corruption.
Ceci a mené l’accusation, après avoir communiqué à toutes les juridictions étrangères contactées que les éléments en sa possession montrent des paiements corrompus, à me désigner désormais comme agent fiduciaire du Ministre.
Je suis innocent concernant les accusations qui sont portées contre moi, non par principe, mais parce que les faits le démontrent.
Je n’ai pas versé d’argent à Chakib Khelil pour que SAIPEM obtienne des contrats avec Sonatrach, ni avec aucun autre.
J’ai travaillé pour SAIPEM comme agent et consultant et j’ai été payé, comme convenu, pour les succès auxquels mon travail a contribué.
Veuillez agréer, Madame la Présidente, Mesdames, Messieurs les juges, l’expression de ma haute considération.
Farid BEDJAOUI