Le ministre de l’Energie et des mines, Mohamed Arkab, a procédé, samedi, à l’ouverture de la mine de fer Gara Djebilet. L’exploitation de ce mégaprojet nécessite un financement allant de 1 à 1,5 milliards de dollars par an sur une période de 8 à 10 ans.
Cet investissement conséquent relance la question de son financement et les options qui s’offrent au gouvernement. Dans cette interview, Farouk Nemouchi, contacté par Maghreb Emergent, tente des pistes de réponse à cette question.
Maghreb Emergent : Le projet de l’exploitation de la mine de fer Gara Djebilet a été relancé. Le gouvernement compte lancer d’autres projets tout aussi gigantesques, dont le projet du phosphate intégré, Solar 1000 et le Port du Centre. Se pose dès lors la question du financement de ces projets. Selon vous, la place bancaire locale est-elle en mesure de mobiliser d’importants montants en devises nécessaires au financement de ces projets ?
Farouk Nemouchi : Il faut savoir que le préalable à toute décision d’investissement et de financement est la réalisation d’une étude de faisabilité qui renseigne sur la rentabilité d’un projet c’est-à-dire la capacité de l’entreprise à générer des flux de revenus supérieurs aux capitaux engagés. Une fois cette question réglée, il est alors possible d’aborder la question de son financement.
Si le projet en question est d’un coût élevé et sa rentabilité nécessite de longs délais de réalisation, l’entreprise doit mobiliser des financements adéquats en termes de montant et de durée. Le système bancaire est-il en mesure de répondre à cette double contrainte ? Il faut souligner que par le passé, c’était la banque algérienne de développement qui avait en charge le financement des grands projets grâce au soutien du trésor.
Dans le contexte actuel il serait hasardeux de confier le financement de ces projets à une seule banque car cela pourrait lui causer de graves déséquilibres financiers qui la mettraient en porte à faux avec la réglementation prudentielle.
ME : Selon certains économistes, les crédits syndicats sont la solution idoine au financement de ces projets, est-ce votre avis ?
Evidemment, il est nécessaire de diversifier le risque encouru par les banques et envisager un mode de financement par endettement qui peut revêtir deux formes : la mise en place d’un pool bancaire ou le recours à l’emprunt obligataire. Lorsque les conditions le permettent, le financement par émission d’obligation est à privilégier car il n’est pas inflationniste et il participe au développement du marché financier.
ME : Certes, le financement extérieur a été de tout temps recommandé pour le financement de ce genre de projets, quelles sont les préalables à réunir pour que cette option puisse se concrétiser dans les meilleures conditions ?
Il peut être profitable de faire appel à des financements extérieurs si ces derniers sont affectés à des projets qui procurent une rentabilité économique supérieure au taux d’intérêt.
Si le projet implique un partenaire étranger, il faut qu’il prenne sa part de risque en prenant en charge une partie du coût en devises.
Entretien réalisé par Ali T.