Le constat est sans appel pour l’usine Fiat d’Oran. Avec 24 000 véhicules produits en 2024, le site industriel réalise à peine 60% de son objectif initial de 40 000 unités. Un démarrage en demi-teinte qui contraste fortement avec les ambitions affichées par Stellantis pour son implantation stratégique en Algérie.
Sur les lignes de production, la cadence s’établit aujourd’hui à 17 véhicules par heure. Un rythme qui, même après l’introduction d’une quatrième équipe en novembre dernier, reste insuffisant pour tenir les objectifs. L’usine assemble pourtant deux modèles phares : la Fiat 500, fer de lance du lancement, rejointe depuis juin 2024 par le Fiat Doblo, censé dynamiser la production.
Le défi ne s’arrête pas aux volumes. Avec un taux d’intégration locale de seulement 10%, l’objectif de 30% fixé pour 2026 semble encore lointain. Pour y remédier, Stellantis orchestre une stratégie de développement de sa chaîne d’approvisionnement locale. Cinq sous-traitants algériens ont été sélectionnés, de Ferruz pour les roues à Sarel Industries pour les composants plastiques, en passant par Iris Tyres, IDE-NET et Ghazal.
Paradoxalement, ces difficultés industrielles n’entament pas le succès commercial de la marque. Fiat domine le marché algérien avec 59 000 véhicules vendus en 2024, dont 23 000 Doblo, s’octroyant 60% des parts de marché. Un appétit des consommateurs qui souligne d’autant plus l’urgence d’accélérer la production.
Pour tenir ses engagements futurs, notamment l’objectif ambitieux de 90 000 unités annuelles d’ici 2026, Stellantis mise sur l’extension de son site industriel. Les travaux, avancés à 40%, incluront des ateliers de soudage et de peinture. Mais le silence du groupe sur les raisons des écarts actuels et l’absence d’annonces de mesures correctives interrogent sur la capacité à tenir ce nouveau calendrier.
L’expérience de Fiat en Algérie révèle ainsi la complexité du développement industriel automobile dans le pays. Entre effets d’annonce et réalité du terrain, le chemin vers une production de masse reste semé d’embûches, questionnant la pertinence des objectifs initiaux peut-être trop ambitieux.
L.N