La Réserve fédérale américaine (FED) envisage de donner un tour de vis voire deux d’ici 2023, afin de redresser les faibles taux d’intérêt qui ont contribué à booster le rythme de la reprise économique.
En fin de semaine dernière, la FED a, en effet, signalé qu’elle « pourrait agir plus tôt que prévu dans le resserrement de sa politique monétaire et le redressement des faibles taux d’intérêt, qui ont contribué à alimenter une reprise rapide dans la foulée de la récession pandémique, mais qui ont également coïncidé avec une hausse de l’inflation. »
La banque centrale américaine a également expliqué dans un communiqué qu’elle comptait désormais sur les résultats des campagnes de vaccination contre la Covid-19, lancées un peu partout dans le monde, pour contrecarrer les effets de la pandémie et favoriser ainsi une croissance plus rapide. De ce fait, elle prévoit la réduction prochaine des achats de titres de dette.
Par ailleurs, L’institution présidée par Jerome Powell a également relevé ses prévisions d’inflation à 3,4 % d’ici la fin de cette année, contre 2,4 % dans sa projection précédente, en mars.
Du côté des experts, l’on craint que la FED soit entrainée dans l’engrenage des tensions inflationnistes. Dans une tribune libre publiée sur le site « Capital », l’économiste Marc Touati dresse le tableau suivant : « En mai, aux États-Unis, le glissement annuel des prix à la consommation a atteint 5 %, un plus haut depuis l’été 2008, niveau qui n’a ensuite été dépassé qu’en février 1991… Encore plus fort, hors énergie et produits alimentaires, l’inflation américaine a été de 3,8 % en mai, un sommet depuis juin 1992. »
Plutôt alarmiste, le président du cabinet ACDEFI prévient qu’il est grand temps pour les banques centrales intègrent la menace d’une perte de contrôle sur l’inflation, du fait de leurs politiques monétaires « ultra-accommodantes ». D’autre part, il soutient que bon nombre d’évolutions des données macro-économiques post-pandémiques (hausse des cours du pétrole, des matières premières et de l’indice Harpex), n’ont pas encore intégrées dans les niveaux actuels d’inflation, ce qui suscitera, mécaniquement, de nouvelles tensions de ces derniers au cours des prochains mois.
« Plutôt que de se focaliser sur l’évolution des marchés financiers et d’alimenter par là même des bulles boursières et obligataires particulièrement dangereuses pour la bonne marche de l’économie mondiale, les banques centrales devraient donc, enfin, reprendre leurs esprits et faire leur vrai boulot, en l’occurrence empêcher que l’inflation ne se tende excessivement, ce qui mettrait en péril la poursuite de la croissance pour les années à venir. » Prévient-il, enfin.