Le Fonds monétaire international (FMI) vient de rendre public un document, qui détaille les mesures que doit prendre la Tunisie dans le cadre de la demande d’accord au titre du Mécanisme élargi de crédit portant sur 2,9 milliards de dollars. Ce document du Fonds porte notamment sur le rapport des services du FMI soumis à l’examen du Conseil d’administration en mai 2016.
Les autorités tunisiennes, concernant les politiques monétaires et de change, se sont engagées à mener une politique monétaire prudente.
Une baisse continue de l’inflation, une croissance du crédit modérée et une activité économique largement inférieure à son potentiel justifient l’orientation actuelle de la politique monétaire (qui suppose un taux d’intérêt réel positif de 1%), qui est encore renforcée par des pressions inflationnistes limitées après les derniers épisodes de hausse des salaires.
Les services du FMI ont rappelé qu’il était important de maintenir un taux d’intérêt réel positif de façon à ancrer les anticipations inflationnistes et faire face aux pressions éventuelles à la dépréciation. Ils appuient la décision de la BCT de revenir sur sa baisse des taux d’octobre 2015 si les pressions inflationnistes sous-jacentes reprennent.
Les autorités tunisiennes ont convenu de continuer de cibler les avoirs intérieurs nets de façon à ce que la croissance de la masse monétaire reste compatible avec l’objectif d’inflation jusqu’à ce que les conditions préalables à un ciblage de l’inflation soient pleinement en place.
L’amélioration des prévisions des liquidités et le renforcement du dispositif de garanties vont consolider les mécanismes de transmission monétaire et la gestion des liquidités bancaires.
Il est également important de mieux faire connaître les objectifs de la BCT et ses engagements de politique économique, ainsi que d’assouplir le taux de change et mettre en place un dispositif de contrôle basé sur les risques, de façon à se diriger vers un véritable dispositif de ciblage de l’inflation.
Améliorer la gouvernance de la banque centrale
L’adoption de la nouvelle loi sur la banque centrale donne davantage d’autonomie à la BCT, notamment en interdisant à des tiers d’intervenir dans sa mission et en précisant ses objectifs, ce qui est une condition préalable importante au ciblage de l’inflation.
Par ailleurs, cette nouvelle loi améliore le cadre de la politique monétaire en établissant un mécanisme de prêteur en dernier ressort à part entière qui fait une distinction claire entre la provision de liquidités d’urgence et les opérations de politique monétaire.
Les services du FMI ont regretté que des dispositions de la loi s’écartent des meilleures pratiques, notamment la présence de membres du gouvernement au conseil de la BCT et l’absence d’une interdiction absolue de recevoir des instructions précises du gouvernement, et ont recommandé aux autorités d’envisager de nouvelles modifications à l’avenir de façon à se conformer aux meilleures pratiques.
La simplification des règles qui régissent actuellement le compte capital et la modernisation du cadre relatif aux liquidités en devises renforceront la politique de change
Les services du FMI ont noté avec satisfaction les mesures prises pour réduire les contrôles ex ante sur les transactions courantes, supprimer le plafond de la dette publique détenue par des étrangers et octroyer des pouvoirs élargis aux banques pour les transferts de devises.
La mise en œuvre récente du mécanisme d’adjudication de devises améliore la gestion des liquidités en devises. Les services du FMI ont appelé à améliorer davantage le cadre opérationnel qui régit les devises en organisant régulièrement ces adjudications, qui devront être préalablement clairement annoncées.
Les services du FMI ont convenu avec les autorités qu’un passage à la convertibilité totale du compte capital ne serait approprié qu’à moyen terme si les conditions préalables sont remplies.
Ces mesures, conjuguées à la réduction prévue des interventions de la BCT, diminueraient la surévaluation du dinar et amélioreraient les liquidités
Alors que le dinar continue de se déprécier suivant un régime de parité mobile dans une bande de 2%, les services du FMI estiment que le taux de change effectif réel est surévalué (de 6 à 13%). Plus de flexibilité du taux de change aiderait à reconstituer les réserves, accroîtrait la compétitivité et soutiendrait la politique monétaire.
Les services du FMI ont noté avec satisfaction l’engagement explicite de la BCT de limiter ses interventions à un lissage des fluctuations excessivement fortes, en respectant un plafond de ventes nettes de devises.
La réduction des interventions, actuellement inférieures à 20% du marché des changes, complèterait d’autres mesures du cadre de la politique de change et améliorerait la gestion des liquidités en réduisant les besoins de refinancement des banques.