La Commission mixte d’historiens français et algériens a remis, le 3 février, un nouveau document aux chefs d’Etats français et algériens. Ce document porte sur neuf recommandations sur le dossier de la mémoire, au cœur des relations algéro-françaises. Il apporte des précisions sur « la Déclaration de Constantine » soumise à l’issue de la première réunion de novembre dernier.
En plus des 2 millions de documents d’archives et des 5 mètres linéaires d’archives de l’Algérie de l’époque ottomane à restituer, la Commission a proposé la restitution d’autres documents et la numérisation d’autres fonds d’archives tels les archives militaires et diplomatiques du XIXe siècle.
La commission a convenu le maintien de restitution de biens symbolique appartenant à l’Algérie ou à des personnalités historiques algériennes, dont le burnous, l’épée, et le coran appartenant à l’émir Abdelkader, que la France refuse de restituer. Parmi ces biens figurent, notamment, la tente d’Ahmed Bey et la clé et les étendards de Laghouat. Certains musées comme le Louvre et les Quai Branly ont promis de réaliser un inventaire des items provenant d’Algérie.
Identification des détenus algériens en France
La Commission a insisté sur la poursuite du travail d’identification et la recension des cimetières, des tombes et des noms des détenus algériens du XIXe siècle décédés et enterrés en France. Elle recommande que les lieux de mémoire soient valorisés par des plaques commémoratives, à commencer par 12 lieux déjà identifiés à : Toulon, Pau, Amboise, Sainte-Marguerite, Sète, Agde, Porquerolles, Calvi, Corte, Ajaccio, la Guyane et la Nouvelle-Calédonie.
La Commission recommande aussi la finalisation de la numérisation des registres de l’état civil et des cimetières de la période coloniale conservés en Algérie. De leur côté, les membres français de cette Commission demandent une cartographie des cimetières chrétiens et juifs en Algérie et de numériser leurs registres.
Un programme d’échange académique
Dans ce nouveau document, la commission a indiqué avoir choisi 15 doctorants et chercheurs algériens en France et doctorants français en Algérie, qui vont participer à l’étude des archives de la période coloniale dès la prochaine rentrée universitaire 2024-2025. Les chercheurs devront consacrer leurs travaux à des objets d’étude dédiés au XIXe siècle et auront toutes les facilités d’accès aux fonds d’archives.
Dans le même contexte, la Commission propose l’élaboration d’une chronologie commune de la colonisation (1830-1962), ainsi que le recensement des publications en français, en arabe et en d’autres langues durant la même période. Il s’agit aussi de créer un portail numérique entre la Bibliothèque nationale de France et la Bibliothèque nationale d’Algérie. Le document suggère d’organiser des rencontres scientifiques conjointes sur l’histoire, qui se dérouleront en France et en Algérie.
coprésidée par les historiens français Benjamin Stora et algérien Mohamed Lahcen Zeghidi, la Commission a tenu une première réunion à Constantine, fin novembre 2023. Cette fois, la réunion s’est déroulée, le 25 janvier, en plénière aux Archives Nationales à Paris. Une troisième réunion est prévue au mois d’avril prochain, en Algérie.