La visite en Algérie du principal dirigeant d’une des plus grandes banque internationale n’est pas un événement courant. Cela n’a pas échappé aux responsables politiques algériens et le DG de Société Générale, M. Frédéric Oudea, à été reçu successivement, mercredi et jeudi dernier, par le premier ministre, le ministre des finances et le Gouverneur de la Banque d’Algérie.
Le monde des affaires algérien n’a pas voulu être en reste et Frédéric Oudea a également rencontré le Président du FCE, M. Ali Haddad, à l’occasion d’une soirée organisée par la filiale algérienne de la banque pour célébrer ses 15 années de présence en Algérie. La teneur des échanges entre les dirigeants algériens et le DG de Société Générale n’a pas été « dévoilée » mais Frédéric Oudea n’en a pas fait mystère. Devant un panel de journalistes algériens, il a évoqué une présence en Algérie marquée par la croissance soutenue des activités de SGA mais aussi des « chocs réglementaires », suspension du crédit à la consommation et nouvelles règles de financement du commerce extérieur, qui ont rendu nécessaire une « adaptation du business model » de la banque.
Un acteur mondial de la finance
Ce sont également les axes de la stratégie internationale d’un acteur mondial de la finance et sa lecture de l’évolution récente de l’économie des pays émergents, ainsi que de celle de l’Algérie, que le DG de Société Générale a livré à la presse nationale qui n’est pas toujours à pareille fête. Si on en croit Frédéric Oudea, Société Générale a « bien traversé » la dernière crise financière internationale et « obtient aujourd’hui de bons résultats dans une conjoncture pas si facile que ça ». Le patron da la banque française ajoute que Société Générale « a toujours gagné de l’argent et c’est aujourd’hui une des grandes banques européennes en forme ». La stratégie internationale de la banque qu’il dirige lui permet de tirer des revenus que Frédéric Oudea juge actuellement « équilibrés » entre ses implantations dans les économies matures et celles réalisées dans des pays émergents en forte croissance qui représentent déjà plus d’un quart du produit bancaire de Société Générale. Une répartition des activités et des revenus qui est appelée à évoluer en faveur des pays émergents puisque la croissance des revenus de la banque « est actuellement de 7 à 8% en Afrique par exemple alors qu’elle est en moyenne de 3% à l’échelle du groupe ». Une évolution qui n’est pas exempte d’interrogations pour Fréderic Oudea qui confie qu’« il y a aujourd’hui moins de certitudes et plus de nervosité sur les marchés des pays émergents quand on voit ce qui se passe notamment au Brésil et en Chine ».
Un ancrage historique fort en Afrique
Frédéric Oudea insiste sur le « fort ancrage historique » de sa banque en Afrique du Nord et sur le continent africain. « Plus d’un siècle de présence, près de 1000 agences et 11 000 collaborateurs dans 18 pays. Avec des positions fortes de première banque privée en Algérie mais aussi en Côte d’Ivoire et au Cameroun ». L’objectif de la banque sur le continent est «de croître nous même et de contribuer à la croissance de ces pays en nous positionnant comme une banque à valeur ajoutée qui donne accès à l’international ». A propos de l’Algérie le DG de Société Générale relève « un besoin de diversification de l’économie mais aussi des modes de financement de l’économie qui doivent privilégier des ressources plus longues ». Frédéric Oudéa, qui qualifie la situation de l’économie algérienne de « robuste », précise que les « incertitudes qui affectent aujourd’hui les pays émergents sont dues principalement à un endettement très fort qui caractérise la plupart de ces pays »; « Ce n’est pas le cas de l’Algérie, le pays subit la baisse des prix pétroliers, ce qui nécessite une adaptation mais il garde de bonnes perspectives de croissance » ajoute- t-il.
« Content et heureux du développement de SGA »
Le DG de Société Générale est « content et heureux » du développement de sa banque en Algérie. « Elle joue un rôle de leader et est aujourd’hui le premier réseau privé en Algérie à la fois pour les entreprises et pour les particuliers ». Un développement qui « n’est pas incompatible avec la réorganisation de réseaux, des processus et même un renversement du business model de la banque » dans notre pays au cours des dernières années. Les revenus de SGA comporte aujourd’hui « plus d’intérêt et moins de commissions dans une proportion de deux tiers pur un tiers » selon M.Oudéa. Ce qui est une façon pudique de dire que les activités de la banque, impactées par les « chocs réglementaires » des dernières années, s’éloignent du financement du commerce extérieur et s’appuient de plus en plus sur un modèle de banque universelle tournée vers le financement des entreprises et des particuliers .
Un nouvel élan pour la filiale algérienne
Cette nouvelle orientation donnée au développement de la banque est illustrée par la croissance spectaculaire des crédits qui devrait être enregistrée en 2015 : « plus de 35% de croissance des crédits prévue en 2015 » annoncent Frédéric Oudea et le staff de SGA. Principale raison de ce boom, les crédits syndiqués qui ont permis pour la première fois cette année à SGA de jouer le rôle de chef de file dans le financement d’importants projets industriels par des pools de banques à la fois publiques et privées. Est ce la conséquence de ses entretiens avec les responsables algériens ? Frédéric Oudea assure que SGA est aujourd’hui « prête et en ordre de marche » pour donner un nouvel élan à sa croissance qui va être stimulée par le réinvestissement en Algérie de la totalité des bénéfices substantiels -plus de 5 milliards de dinars- réalisés en 2014 et se traduira au cours des prochaines années par l’ouverture de nouvelles agences mais aussi par de nombreuses innovations en matière de mode de paiement et de nouveaux services .