Qu’espère le chef d’Etat-major en faisant fi de manière systématique des appels à la raison de nombreuses personnalités publiques reconnues qui se sont exprimées ces derniers jours, ou même des termes du dialogue des personnalités du panel?
La lecture à faire du discours prononcé aujourd’hui est effrayante: Gaid Salah a décidé de casser le thermomètre et n’écouter que ceux qui le charment et lui mentent par appât d’un gain futur ou par terreur hiérarchique. Ou bien son plan autoritaire et brutal ne laisse pas de place aux réformes et encore moins à un véritable dialogue.
Dans les deux cas il est hors-jeu ! car la population continue à sortir dans la rue et même si l’idée d’une élection présidentielle (but ultime de n’importe quel processus politique de réformes) séduit beaucoup de personnes, l’idée est très loin de représenter un soutien populaire, significatif, aux idées politiques du chef d’Etat-major.
Dans son dernier discours, prononcé lors d’une cérémonie en l’honneur des meilleurs lauréats des Cadets de la Nation au Baccalauréat et au BEM, le Chef de l’Etat major des armées, Ahmed Gaid Salah a déclaré qu’il n’est plus question de perdre davantage de temps, car les élections constituent le point essentiel autour duquel doit s’axer le dialogue »
« Un dialogue que nous saluons et espérons qu’il sera couronné de succès et de réussite, loin de la méthode imposant des préalables allant jusqu’aux diktats », a-t-il ajouté.
Pis encore à ceux qui ont émis des objections à la participation au processus à la fois opaque et géré avec maladresse, Le CEM brandit l’opprobre et la menace d’êtres qualifiés a accusé de suivre le chemin de la « Bande ».
A cette brutalité exprimée envers des personnalités incontestables du pays, Gaid Salah ne prend même pas la peine de séparer le bon grain de l’ivraie en répondant par un niet catégorique à la demande de libérer les détenus d’opinion, en rejetant cette responsabilité à la justice. Cette même justice si prompte à agir suite à ses propres discours. « seule la justice est souveraine de la décision, conformément à la loi, concernant ces individus qui se sont pris aux symboles et aux institutions de l’Etat et ont porté outrage à l’emblème national », et rejetons tout proposition de négociation à leurs sujets.
Enfin,le chef d’Etat-major, avoue être directement responsable des mesures policières dans la capitale et autour d’elle, qui mettent en danger la vie des citoyens en cas d’incident, et trouve « l’appel suspect et illogique portant sur l’atténuation des mesures sécuritaires entreprises au niveau des entrées de la capitale et des grandes villes ». En ajoutant que ces mesures policières étaient faites pour le bien des citoyens et pour éviter les « infiltrations ».
Au final, ce n’est même plus le clan majoritaire des citoyens et des leaders politiques réformateurs que Gaid Salah désavoue mais carrément le panel dialoguiste et le chef de l’Etat par intérim Abdelkader Bensalah, qui a eu à recevoir ces doléances. Par son action le chef d’Etat-major transforme l’initiative présidentielle de dialogue au forceps en une simple impossibilité politique.