Dans une annonce qui marque un tournant majeur pour le secteur énergétique, Sonatrach, la compagnie nationale des hydrocarbures, a dévoilé son ambition d’augmenter sa production de gaz de 60% à long terme. Cette révélation a été faite par Rachid Hachichi, PDG de Sonatrach, lors d’un récent entretien accordé à la télévision algérienne.
L’objectif affiché est d’atteindre une production annuelle de 160 milliards de mètres cubes de gaz, un chiffre qui représenterait une augmentation substantielle par rapport aux niveaux actuels. Cette stratégie ambitieuse vise à consolider la position de l’Algérie en tant qu’acteur majeur sur le marché gazier mondial.
Pour atteindre cet objectif, Sonatrach mise sur plusieurs leviers. Tout d’abord, l’intensification des efforts d’exploration, qui a déjà porté ses fruits avec 14 nouvelles découvertes d’hydrocarbures au premier semestre 2024. Ensuite, le renforcement des partenariats internationaux, avec des négociations en cours qui devraient aboutir à des investissements de « plusieurs dizaines de milliards de dollars » dans les six prochains mois.
Un projet clé dans cette stratégie est la troisième phase de « boosting » du gisement de Hassi R’Mel, qui fournit actuellement 55% de la production gazière algérienne. Les travaux, confiés à Baker Hughes, visent à maintenir la capacité de production de ce champ historique à 188 millions de m3 par jour à partir de fin 2026.
La compagnie s’engage également sur le front environnemental, avec des efforts pour réduire le torchage des gaz associés et les émissions de méthane. Un vaste programme de reboisement est également prévu, témoignant de la prise en compte des enjeux climatiques dans la stratégie de Sonatrach.
Cette ambition de croissance s’inscrit dans un contexte géopolitique favorable, avec la reprise des activités de Sonatrach au Niger et les perspectives de réalisation du gazoduc transsaharien. Ce projet, qui relierait le Nigeria à l’Algérie en passant par le Niger, pourrait ouvrir de nouvelles opportunités pour l’exportation du gaz algérien vers l’Europe.
Parallèlement à ces initiatives d’expansion, Sonatrach s’engage dans une démarche d’optimisation de la consommation domestique de gaz, qui absorbe actuellement 50% de la production. L’objectif est d’économiser au moins 15% de cette consommation, libérant ainsi des volumes supplémentaires pour l’exportation. Cette initiative s’accompagne d’une volonté de diversification, avec des projets dans les énergies renouvelables et l’hydrogène vert.
Cette stratégie ambitieuse de Sonatrach, visant à augmenter la production et les exportations de gaz tout en optimisant la consommation domestique, promet des retombées économiques significatives pour l’Algérie. Cependant, comme toute transformation majeure du secteur énergétique, elle soulève des questions quant à ses répercussions sur la population locale.
En effet, pour encourager une consommation plus modérée, une hausse des prix internes du gaz pourrait être envisagée, ce qui impacterait inévitablement le pouvoir d’achat des ménages. De plus, cette transition énergétique nécessiterait des changements dans les habitudes quotidiennes des consommateurs, impliquant potentiellement des investissements dans des équipements plus économes en énergie et une adaptation de leur mode de vie.
Ainsi, malgré ses intentions vertueuses, cette stratégie de Sonatrach soulève des questions importantes quant à son impact social et économique à court terme sur la population algérienne.