Le système des quotas automobiles en Algérie révèle aujourd’hui toute sa complexité à travers le cas emblématique de Geely, un constructeur chinois dont les ambitions se heurtent aux méandres d’une réglementation tatillonne et parfois contre-productive.
Initialement perçu comme un acteur prometteur, Geely a rapidement séduit les consommateurs algériens par des véhicules aux prix attractifs et au design moderne. Cependant, l’entreprise se trouve aujourd’hui confrontée à une crise majeure de livraison qui met en lumière les dysfonctionnements du système des quotas.
En effet, sur un quota initial de 39.000 véhicules pour 2023, Geely n’a réussi à livrer que 14.000 unités, laissant plus de 80.000 commandes en suspens. Cette situation a créé une frustration significative chez les clients, dont certains attendent leur véhicule depuis plusieurs mois, ayant déjà versé des acomptes conséquents.
Face à cette impasse, Geely a déployé un arsenal de solutions alternatives, oscillant entre report de livraison et remboursement majoré de 10%. L’entreprise a également annoncé avoir 14.200 véhicules de différents modèles prêts à être expédiés, dont 3.000 unités du modèle Geely X3 Pro “Start” et 800 véhicules Coolray déjà livrés.
Ces propositions, loin de dissiper les inquiétudes, n’ont fait qu’attiser les doutes sur la capacité réelle de l’entreprise à honorer ses engagements, transformant chaque communication en un nouvel acte de défiance envers les attentes légitimes des consommateurs.
Notre rédaction a tenté d’obtenir des éclaircissements auprès de Geely Algérie. Malgré des sollicitations répétées, un mutisme total a été observé, ajoutant de la complexité à une situation déjà critique et laissant les clients dans un flou total.
Au-delà de Geely, un problème systémique
Le problème dépasse largement le cas Geely. Sur les 180.323 véhicules autorisés en 2023, seulement 159.037 ont été effectivement importés, avec près de 20.000 réclamations enregistrées. Un indicateur clair des dysfonctionnements du système des quotas.
Derrière ces chiffres se profilerait un objectif stratégique visant à inciter les constructeurs étrangers à développer des unités de montage locales.Une politique potentiellement stimulante pour l’économie nationale, mais qui génère actuellement plus de frustrations que de solutions concrètes.
Le système actuel semble au point de rupture. Entre la protection de l’industrie locale et la réponse aux attentes des consommateurs, l’équation devient complexe. Les autorités ont mis en place des mécanismes de contrôle – plateforme numérique, sanctions potentielles – mais le chemin vers une régulation efficace reste long.
Pour Geely, cette crise représente un risque majeur de détérioration de son image. Pour les clients, c’est une attente qui met à rude épreuve leur patience et leur confiance.
Le cas Geely n’est que la partie émergée d’un système qui doit impérativement évoluer. Entre protection du marché local et nécessité de fluidifier les importations, l’Algérie cherche encore son équilibre. Un équilibre qui, pour l’heure, semble plus théorique que pratique.
L.N