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Guerre en Ukraine : risque d’aggravation de la pauvreté en Afrique

Par Maghreb Émergent
mars 17, 2022
Guerre en Ukraine : risque d’aggravation de la pauvreté en Afrique

De nombreux pays africains sont déjà singulièrement impactés par la guerre entre la Russie et l’Ukraine. L’augmentation des prix des produits de première nécessité et de ceux du pétrole fait planer sur le continent noir la menace d’une aggravation considérable de la pauvreté.

À plus de 100 dollars le baril, les cours mondiaux de l’or noir ont atteint au début de la guerre leur plus haut niveau depuis dix ans, doublant les prix du carburant en Afrique, notamment au Nigéria, pays le plus peuplé du continent.

Trois semaines après le début de la guerre, les coûts grimpent et avec eux, l’inquiétude notamment pour la sécurité alimentaire car l’Ukraine et la Russie sont d’importants fournisseurs de blé et de céréales pour l’Afrique. Avec les sanctions contre Moscou, le prix des engrais monte en flèche. Une menace pour les récoltes africaines qui risque de faire grimper encore plus le coût des denrées alimentaires. « La guerre en Ukraine signifie la faim en Afrique », a déploré dimanche la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva.

Pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigéria, qui est également le premier producteur de pétrole et première économie du continent, doit importer la majorité de son carburant à cause de ses capacités insuffisantes de raffinage, ce qui rend le marché intérieur vulnérable. Plusieurs compagnies aériennes locales ont récemment annoncé devoir annuler des vols à cause d’une pénurie de carburant. Et le prix à la pompe a plus que doublé pour atteindre 1,60 euro/litre.

« Je ne sais pas comment on va s’en sortir parce que 70% des industries dépendent du carburant », a souligné à la presse locale Lanre Popoola, président régional de l’Association des industriels du Nigeria (MAN).

La guerre en Ukraine va provoquer différentes conséquences économiques selon les pays africains, explique Amaka Anku, analyste au cabinet de conseil Eurasia Group. Elle évoque d’abord l’inflation pour les importateurs de matières premières ou de pétrole, comme le Nigeria qui en plus subventionne le carburant, creusant un peu plus son déficit.

D’autres pays comme le Ghana, très endetté, devront faire face à des coûts d’emprunt plus élevés, estime Mme Anku.

Besoin d’aide alimentaire en Ethiopie

Toutefois à plus long terme, des pays producteurs de gaz comme la Tanzanie, le Sénégal ou le Nigeria, pourraient bénéficier de la baisse des importations européennes de gaz russe, affirme Danielle Resnick, de la Brookings Institution. « Malgré ces possibilités, à court terme, l’invasion de l’Ukraine pourrait poser des difficultés aux ménages africains, au secteur agricole et à la sécurité alimentaire », insiste-t-elle.

Cela concerne notamment l’Éthiopie, où 20 millions de personnes touchées par la sécheresse et un conflit armé ont besoin d’aide alimentaire. Le Kenya, troisième économie d’Afrique subsaharienne, importe habituellement un cinquième de ses céréales de Russie et 10% d’Ukraine, selon les chiffres officiels. Et déjà, les prix augmentent. Un sac de 50 kg d’engrais coûte désormais 6.500 shillings kényans (52 euros) contre 4.000 shillings l’année dernière (32 euros). En Ouganda, les prix du savon, du sucre, du sel, de l’huile de cuisson et du carburant flambent, selon le gouvernement.

« La plupart des produits de base sont produits localement mais certains ingrédients sont importés et leurs prix sont dictés par les chocs sur les marchés internationaux », a déclaré le ministre ougandais des Finances, David Bahati.

Inquiète de l’inflation alimentée par la guerre en Ukraine, la banque centrale mauricienne a relevé son taux directeur à 2%, une première depuis 2011. « Il est regrettable qu’au moment où le ciel se dégage après la Covid-19, d’autres nuages soient apparus », a déclaré le Premier ministre mauricien Pravind Kumar Jugnauth lors d’une allocution télévisée.

Au Malawi, les prix du pain et de l’huile de cuisson ont augmenté d’environ 50%, aggravant une situation sociale déjà délétère.

M.E./Agences

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