Hadj-Nacer, ex-gouverneur de la BA :"Les emprunts obligataires internationaux sont un piège pour la Tunisie" - Maghreb Emergent

Hadj-Nacer, ex-gouverneur de la BA :”Les emprunts obligataires internationaux sont un piège pour la Tunisie”

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Pour l’ex-Gouverneur de la Banque d’Algérie, Abderahmane Hadj-Nacer, la visite du Président tunisien en Algérie est « sans grands enjeux économiques, en dépit de l’énorme potentiel économique des deux pays ». Pour exploiter ce potentiel, M. Hadj-Nacer recommande la création par l’Algérie d’un fonds souverain à destination de la Tunisie. Une initiative à même d’impulser « une dynamique économique positive et accroîtrait l’interconnexion de la décision économique entre les deux pays ».

 

La visite d’ Etat de deux jours  qu’effectue depuis hier le président tunisien Béji Caid Essebsi, intervient au moment où la Tunisie vient de réussir une levée d’un (1) milliard de dollars sur le marché international, d’une maturité de 10 ans, et avec un taux de 7.75%. Une émission obligataire qui pourrait avoir des impacts sur les paramètres de la dette extérieure de la Tunisie à moyen et long terme, selon la Banque Centrale Tunisienne ( BCT). Interrogé par Maghreb Emergent, l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, M. Abderrahmane Hadj Nacer estime que « Ces emprunts obligataires sont un piège, car ils seront destinés à payer les salaires et assurer le fonctionnement de la vie quotidienne et non pas à être injectés dans des projets productifs. Les algériens sont passés par ce piège. Les Tunisiens vont devoir travailler deux fois plus pour rembourser ces crédits et éviter les dictats des troïkas si à la mode  ».

En effet, selon la BCT, les remboursements de la dette liés à l’emprunt seraient de 56 millions de dinars en 2015. Ce paiement qui se fera à travers des intérêts qui seraient payés au cours du deuxième semestre de cette année, aurait un impact de 0,1% sur le ratio de la dette par rapport aux recettes courantes de l’année en cours. L’augmentation du taux d’endettement de la Tunisie d’ici fin 2015, sera de 2.2% du PIB, selon la Banque Centrale Tunisienne.

Créer un fonds souverain algérien à destination de la Tunisie

L’Algérie a prêté 200 millions de dollars pour la Tunisie et  plusieurs projets de coopérations économiques ont été conclus dernièrement entre les deux pays. La Tunisie peine à sortir de sa crise économique, pourtant « cette  visite d’état qu’effectue Bédji Caid Essebsi  en Algérie ne représente pas de grands enjeux économiques », considère Abderrahmane Hadj Nacer. « L’Algérie prête de l’argent au lieu de faire comme en 1984, quand elle avait sauvé la Tunisie du rééchelonnement à travers la création de projets algéro-tunisien productifs comme les complexes mixtes dans plusieurs secteurs pour la mobilisation des devises pour la Tunisie », estime-t-il. Et d’ajouter : « l’Algérie pourrait mettre en place un fonds souverain à destination de la Tunisie qui favoriserait les prises de participation algériennes dans l’économie tunisienne dans les secteurs complémentaires. Cela créerait une dynamique économique positive et accroîtrait l’interconnexion de la décision économique entre les deux pays ».

Bédji Caid Essebsi élu en décembre dernier à la tête de la Tunisie, a fait part dans une interview accordée à El Watan le 04/02/2015, de son souhait de parvenir à des accords sur le développement économique sur les frontières algéros-tunisiennes.  Les autres frontières terrestres de la Tunisie avec la Libye sont fermées depuis plus de neuf mois, fragilisant ainsi un commerce frontalier qui nourrissait des centaines de milliers de familles. L’instabilité sécuritaire en Libye a poussé près de 2 millions de Libyens à s’installer en Tunisie, selon une estimation des services de sécurité de Tunis. Cette présence libyenne a eu comme conséquences la flambée des prix de l’immobilier, des denrées alimentaires et autres produits.  Les échanges et la circulation des devises se font désormais dans l’informel plus que dans le formel. « Le taux de change dans l’informel représente actuellement un différentiel de 30% avec la cotation officielle des  devises, et cela représente une nouvelle réalité pour la Tunisie », souligne l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie.

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