Mouloud Hamrouche, ancien chef de gouvernement, est allé plus loin dans son décryptage de la crise et du système. La situation est grave et les trois acteurs en mesure de pousser vers une solution sont le président Bouteflika, le chef d’état-major Gaïd Salah et le chef des services de renseignements, Mohamed Médiene, dit Toufik.
On reprochait à Mouloud Hamrouche d’être trop « codé » dans ses interventions, il s’est fait, ce matin au forum du journal Liberté, très précis en estimant que trois personnes « portent le fardeau pour sauver le pays de la crise : le Président, les généraux de corps d’armée Gaid Salah et Mohamed Mediene » qui doivent s’armer de « courage et de bon sens, lucidité » pour sortir le « pays de l’impasse ». Mouloud Hamrouche s’est même livré à une comparaison avec l’histoire de la révolution et le rôle qu’on eut Boussouf, Bentobal et Krim Belkacem. Les fameux « trois B » dont le rôle a été décisif dans la révolution alors qu’à l’indépendance ils ne se sont pas retrouvés aux affaires.
Le système algérien s’est tellement fragilisé qu’il se retrouve aujourd’hui dans une impasse qui ne peut être dépassée que par un consensus entre Bouteflika, Gaïd Salah et Mohamed Médiene. « Je les compare à Boussouf, Bentobbal et Belkacem qui ont donné l’indépendance et qui sont partis ensuite » a indiqué Mouloud Hamrouche. « Toute solution passe par ces trois hommes, le reste n’est que détail » a-t-il souligné en relevant qu’ils « portent la responsabilité de ce qui va se passer ». Bouteflika, Gaid Salah et Médiene doivent « d’abord exprimer » un engagement « pour le changement » et ils « ne peuvent plus répéter des options qui ont échoué : ils doivent s’engager sur la préservation de l’identité nationale, de la sécurité nationale et de l’élaboration de l’Etat moderne ».
Pour lui, l’armée « seule force organisée et disciplinée » est la « gardienne de notre identité et du projet de l’Etat démocratique » tandis que les trois responsables cités ont une « ultime mission : mettre le pays sur la voie de la stabilité.» Mouloud Hamrouche est allé encore plus loin dans son estimation de la gravité de la crise : « Si le bon sens ne l’emporte pas, il y aura embrasement. Le semblant de consensus de 1992 est rompu. Il faut sauver le pays et les hommes qui sont dans le pouvoir, même eux. Il faut quitter ce terrain où tout le monde dit « on ne veut pas d’un tel ou un tel ».