Le contrat qui lie le major norvégienne Equinor (ex-Statoil) à Sonatrach arrivera a échéance en 2027. Récemment, les deux parties se sont engagées, à la faveur d’une rencontre entre Toufik Hakkar et son homologue, Anders Opedal, à étendre leur partenariat «au-delà du terme des contrats actuels qui s’achèvent en 2027, notamment dans les wilayas d’In Salah et d’In Amenas».
«Nous avons échangé sur l’investissement avec notre partenaire sur des projets nouveaux à l’étranger dans des pays présentant de nouvelles opportunités d’investissement dans le gaz et le pétrole, notamment en Afrique»ة avait notamment indiqué le P-DG de Sonatrach, Toufik Hakkar, à l’issue de cette rencontre, qui a eu lieu le 5 septembre 2021.
Une annonce qui comporte toutefois quelques ambiguïtés sur la nature de la collaboration future entre les deux partenaires, d’autant plus que selon nos informations, Equinor ne souhaite pas rester en Algérie au-delà de la date d’échéances des contrats actuels.
Et pour cause, d’après nos sources, le véritable objectif de la visite du patron de la firme norvégienne en Algérie était d’aborder lebilan du passif et de l’actif de la joint-venture entre Sonatrach et British Pétrolum (BP), autre partenaire de Equinor dans les gisements en exploitation de In Salah et In Amenas, avant une très probable cession prochaine des actifs de BP reprise à ENI.
Au mois de mai dernier, Reuters annonçait que la compagnie britannique était en pourparlers avec l’italien Eni pour une potentielle reprises de ses actifs en Algérie, précisément dans les gisements en exploitation de In Salah (33%) et In Amenas (45,89%).
De son côté, la partie algérienne voulait, à travers cette rencontre, connaître la vision des Norvégiens concernant le départ de BP. « La situation est très compliquée.. la joint-venture (BP-Equinor) a ISG (In Salah Gas) et In amenas a des engagements très importants par rapport aux future projets à In amenas », explique une source proche du dossier, qui précise que Sonatrach ne veut pas lâcher du lest concernant les engagements des Britanniques dans certains gisements, qui sont toujours d’actualité. Il s’agirait d’une conséquence sin qua non du départ de BP. « Un budget de deux milliards de dollars à solder par BP en vendant leur actifs à ENI…les italiens ne veulent pas prendre en charge le passif. Mais si Equinor est débarrassé des ses engagements en Algérie, elle quittera le pays dès 2027 ». a-t-on appris de la même source.
L’autre raison qui expliquerait les envies de départ de la firme norvégienne est relative à sa stratégie de décarbonisation. Selon le communiqué officielle qui a ponctué la rencontre entre les deux dirigeants, « Il s’agit également d’échanger les expertises dans le secteur de la préservation de l’environnement. Nous travaillons à réduire les impacts de l’industrie des hydrocarbures sur l’environnement surtout en ce qui concerne les émissions de CO2 et l’empreinte carbone de cette industrie» .
Cependant, Equinor s’est positionné en 2020 pour une neutralité carbone pour toutes ses opérations dans le monde d’ici 2030, une réduction d’ici 2050 d’au moins 50% de l’intensité carbone (la quantité de gaz à effet de serre émise par unité d’énergie produite) et un décuplement d’ici 2026 des capacités dans les renouvelables. Une feuille de route qui serait, selon nos informations, mise à mal par les projets en Algérie mais aussi en Lybie.
« L’Algérie nous freine énormément par rapport à notre stratégie de décarbonisation. Du coup, si l’on veut réaliser la réduction de 50% de nos émissions, il faudra songer à quitter l’Algérie et la Lybie », nous a rapporté une source avisée.
Pour rappel, Equinor est présente en Algérie depuis 2004. Elle développe deux des plus gros gisements de gaz naturel du pays avec une production qui a affiché en 2020, 41 400 barils équivalent pétrole. La compagnie norvégienne détient 45,9% du site d’In Amenas (Tiguentourine), Sonatrach 8,21%, le reste revenant à BP.