Levée de boucliers unanime, en Algérie et à l’international suite à la décision de la justice de placer sous mandat de dépôt, ce 29 décembre 2022, le journaliste El Kadi Ihsane.
De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer « une arrestation politique » visant à censurer la presse critique du pouvoir.
Le journal américain a une lecture très critique de la situation politique en Algérie. Tranché, il assène :
Son armée tient toujours au pouvoir dans les coulisses, et le nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, qui a été élu avec le soutien militaire en 2019, a poussé le pays vers un autoritarisme encore plus dur malgré les premières mesures pour libérer les détenus politiques et rédiger une nouvelle constitution.
Le quotidien new-yorkais qui observe « l’escalade de la répression de la dissidence et de la presse libre » en Algérie, revient sur « la descente et l’arrestation » de El Kadi Ihsane. Elle a bouclé écrit la rédaction, l’un des derniers lieux de débats politiques libres qui avaient continué à être diffusé, « alors même que le régime, soutenu par l’armée qui dirige le pays, devenait de plus en plus autoritaire après le mouvement de protestation antigouvernemental en 2019, souligne le journal américain. Sans effusion de sang, précise-t-il, les militants ont espéré que l’Algérie fera la transition vers la démocratie.
Plus de 30 journalistes ont continué à publier des articles en ligne, principalement pour rallier le soutien à leur directeur. Note enfin le New York Times.
Cinq jours après l’arrestation, les charges retenues contre le journaliste ont enfin été communiquées. Constate le HuffPost Maghreb.
Ihsane El-Kadi est ainsi accusé d’avoir perçu des fonds pour accomplir ou inciter à accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l’État, à la stabilité et au fonctionnement normal de ses institutions, à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale, aux intérêts fondamentaux de l’Algérie ou à la sécurité et à l’ordre public . « Des éléments qui peuvent correspondre, au vu des habitudes d’Alger, au simple fait d’exercer son métier de journaliste. Il encourt pour cela entre cinq et sept ans de prison.» écrit le célèbre journal américain sur le web qui génère des milliers de commentaires.
Longtemps collaborateur du « HuffingtonPost», pendant six ans, « le journaliste Ihsane El-Kadi est une voix dissidente qui porte contre le régime autoritaire en place en Algérie lit-on encore, une voix critique que l’on cherche à faire taire ! »
El-Kadi a été présenté devant le procureur « en l’absence de ses avocats qui n’ont pas été notifiés », note Le Monde. L’objet de poursuites : L’article 95 bis du code pénal, pour RSF, il « paie sans doute le prix de ses articles critiques envers les autorités et de l’indépendance des médias qu’il dirige ».
Le Monde atteste ces propos du classement mondial de la liberté de la presse 2022 établi par RSF ou l’Algérie figure à la 134e place (sur 180), pointe le journal qui met en évidence la vague de solidarité depuis l’interpellation de El Kadi Ihsane, parmi ses collègues et les militants des droits humains en Algérie et en Europe. Une pétition en ligne appelant à sa libération a recueilli près de huit cents signatures, fait remarquer le journal français.
Pour La Tribune Afrique, ni les avocats, ni les proches du journaliste ne comprennent le lien fait entre ces chefs d’inculpation et le travail journalistique effectué par le concerné. Ces derniers vont faire appel de cette décision d’incarcération qui devrait être examinée dans deux semaines par la chambre d’accusation de la cour d’Alger. Rapporte la tribune du continent qui reprend notamment Reporters Sans Frontières.
Ce que tous redoutaient est arrivé. Regrette La Croix, le journaliste Ihsane El Kadi a été mis sous mandat de dépôt le jeudi 29 décembre par le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed. Ses avocats n’ont pas pu le voir. Ils n’ont pas encore accès au dossier. « Ils ne peuvent pas non plus pour l’instant faire appel du placement en détention en cette veille de week-end en Algérie.» note le quotidien qui met en exergue les griefs délictuels, « potentiellement très lourds » susceptibles de lui faire passer de longues années en prison, commente-t-il.
La Croix va plus loin : La peine peut même être portée au double « lorsque les fonds sont reçus dans le cadre d’une association, d’un groupe, d’une organisation ou d’une entente, qu’elle qu’en soit la forme ou la dénomination. »Lit-on dans ses colonnes.
Au printemps 2020, en pleine pandémie, « le régime algérien a fortement durci sa législation pénale. » Il a entre autres introduit dans son Code pénal l’article 95 bis. Cet article « confère aux autorités un pouvoir discrétionnaire excessif leur permettant de poursuivre activistes et défenseurs des droits humains recevant des fonds étrangers », avait alors dénoncé le Mena Rights