"Il y a un risque de voir 1500 milliards m3 de gaz se piéger à Hassi R’Mel"-N. Zouioueche sur Radio M (audio) - Maghreb Emergent

“Il y a un risque de voir 1500 milliards m3 de gaz se piéger à Hassi R’Mel”-N. Zouioueche sur Radio M (audio)

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Il n’est pas encore trop tard pour sauver le gisement de Hassi R’Mel, selon l’ancien PDG de Sonatrach, Nazim Zouioueche qui s’est exprimé ce mardi sur le « Direct » de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent. Mais, a-t-il souligné, si on ne fait rien maintenant, ce sont 40% des volumes de ce gisement qui vont être piégés à jamais, soit 1500 milliards de mètres cubes de gaz d’une valeur d’environ 450 milliards USD.

 

Le déclin du gigantesque champ gazier de Hassi R’Mel peut être évité selon Nazim Zouioueche, ancien PDG de Sonatrach mais, a-t-il insisté, le temps presse et si les exploitants ne font rien dans les plus brefs délais d’importantes quantités de gaz de ce champ risquent d’être piégées au sous-sol. L’essoufflement de ces gisements est dû à ses yeux au non-respect du « cyclage », c’est-à-dire la réinjection d’une partie des gaz extraits afin de maintenir la pression.  Et pour ce faire, il était question, selon lui, de réinjecter 60 sur les 92 milliards de m3 extraits et de ne commercialiser que 32 milliards de m3. Or, les arbitrages faits à ce sujet il y a près de dix ans ont consacré l’augmentation des volumes à commercialiser au détriment de la pérennité du gisement. Ce qui a provoqué la baisse de pression qui permet de libérer les gaz et permet son extraction. Ainsi et « si on ne fait rien tout de suite, a-t-il souligné, ce sont 40 % des réserves de ce champ, soit près de 1500 milliards de m3, qui risquent d’être piégés ». Cette quantité représente plus de la moitié de ses réserves initiales qui étaient de l’ordre de 2400 milliards.  La valeur de ces 1500 milliards de m3 de gaz sur le marché, sachant que les 1000 m3 se vendent à 300 dollars américains, est de l’ordre de 450 milliards USD. Soit l’équivalent d’une dizaine d’années de recettes d’exportations d’hydrocarbures.

 Gaz torchés, 2 milliards de dollars partent chaque année en fumée

 Nazim Zouioueche a également regretté que les investissements qui devaient être effectués au début des années 2000 pour récupérer les 6 milliards de m3 de gaz torchés chaque année prennent du retard. Cette quantité de gaz qui vaut près de 2 milliards USD mais qui part chaque année en fumée gagnerait, selon lui, à être réinjectée ou commercialisée. Notamment dans cette conjoncture marquée par une demande domestique exponentielle. « Les projections parlent d’une consommation de l’ordre de 85 milliards de m3 en 2030, boostée essentiellement par les consommateurs domestiques. Si l’industrie qui représente actuellement 5% du PIB reprend ne serait-ce que son niveau des années 1970 (20%), on aura du mal à satisfaire la demande interne », a-t-il averti. Rappelons que le champ de Hassi R’Mel, découvert en 1956 et mis en production en 1961, recelait des réserves initiales estimées à 2400 milliards de m3 dont la moitié serait épuisée depuis. Le « cyclage » opéré sur ce champ avait un double objectif : faire face aux méventes et maintenir la pression dans les gisements. Mais même la qualité du gaz de Hassi R’Mel, réputé pour son humidité et sa richesse en condensats, a subi les conséquences de cette surexploitation, entraînant une baisse de la production du GPL durant les dernières années. Le déclin du champ s’est accéléré depuis pratiquement 2010 et depuis on enregistre un manque à produire de l’ordre de 3 milliards de m3 par an. Sonatrach avait annoncé par le biais de son PDG de l’époque Abdelhamid Zerguine un plan quinquennal d’investissement (2014-2018) doté d’une enveloppe de 102 milliards USD dont le gros est destiné au maintien en vie des gisements de Hassi R’Mel et Hassi Messaoud (pétrole).

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