Inflation, changement climatique et conflits, ces enjeux qui compromettent la sécurité alimentaire en Afrique  - Maghreb Emergent

Inflation, changement climatique et conflits, ces enjeux qui compromettent la sécurité alimentaire en Afrique 

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Subvenir aux besoins des populations en produits alimentaires, tout en assurant une résilience aux changements climatiques, le contrôle des prix et la disponibilité des produits et la protection des économies contre les effets des conflits internationaux, deviennent des enjeux majeurs pour les États africains. 

Durant la seconde journée des travaux des experts nord et ouest africains de la Commission économique des nations unies pour l’Afrique (CEA), les hauts fonctionnaires gouvernementaux ont passé en revu les différents enjeux qui attendent les États et les différentes solutions et instruments possibles pour assurer une sécurité alimentaire dans le continent, tout en tenant en compte la transition énergétique. Élément essentiel pour atteindre les objectifs du développement durable.

Selon un rapport, présenté par la chargée des affaires économiques de la CEA Afrique du Nord, Samia mansour Hamouda, les données statistiques du développement durable des pays nord africain (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte et Soudan) n’ont pas vraiment changé entre 2021 et 2023.

En 2021 tout était suspendu ou ralenti par la pandémie du Covid-19 et actuellement, c’est la guerre russo-ukrainienne qui a impacté d’une manière directe les économies des pays.

Les pays ont fourni des efforts pour réaliser des résultats positifs dans les objectifs liés à la santé, l’accès à l’eau, l’éducation et la soutenabilité de l’industrie. Mais ces derniers ont enregistré des avancées mineures, en dépit des crises pesantes, notamment économiques et financières.

Pourtant, il faut rappeler que de 65 à 70 % de la population africaine vit de l’agriculture, de l’élevage ou de la pêche, selon le rapport 2023 de l’Organisation des nations unies.

Il est à noter que le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dans son dernier rapport, a indiqué que “17 des 20 pays les plus menacés par le changement climatique se trouvent en Afrique. Le phénomène coûte déjà 2 à 9% des budgets nationaux à travers le continent. Il a précisé que l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest sont particulièrement vulnérables, avec une hausse des températures attendue entre 1,5°C et plus de 3°C selon les scénarios considérés, menaçant particulièrement la santé, la productivité et la sécurité alimentaire des populations”.

L’Afrique du Nord, une région vulnérable 

Malgré les initiatives politiques en cours, à l’image des aides aux agriculteurs et la reprise du projet du barrage vert en Algérie, la stratégie “Génération Green” marocaine 2020-2030 et le plan vert pour la sauvegarde agricole en Tunisie, la région reste un des plus vulnérables en termes de sécurité agricole et dépendra à court terme des importations. 

Selon les chiffres présentés dans le rapport de la CEA Afrique du Nord, en moyenne, près de 34% de la population nord africaine a fait face à l’insécurité alimentaire modérée ou sévère en 2021 et elle était de 31% en 2020. Le rapport, présenté par l’experte tunisienne, note aussi que 11,3% sont aussi confrontés à une insécurité alimentaire sévère. 

Par pays, en Tunisie et en Égypte, 25% de la population subit une insécurité alimentaire sévère ou modérée, au Maroc, ils sont 31%, la Libye 39%, la Mauritanie 45% et le Soudan 50,7% et les données ne sont pas disponibles pour l’Algérie.

Toutefois, il a souligné que l’indice moyen des dépenses publiques dédié au secteur de l’agriculture est de 0,45, celui étant inférieur à la moyenne mondiale qui est de 1. Ces résultats, selon le même rapport, sont soutenus par une inflation galopante, qui devient de plus en plus pesante et bascule de nouveaux ménages dans la pauvreté. « En 2022, tous les pays ont affiché une hausse inflationniste des produits agricoles qui dépasse les 14%, à l’exception de la Libye qui est de 4% et à l’opposée » ont-ils précisé les rédacteurs du rapport. 

Pourquoi l’inflation qui touche les produits agricoles persiste ? Les experts de la CEA soulignent que la crise qui secoue le secteur agricole est structurelle et nécessite des réflexions et des actions profondes. Or que, la plupart des pays, apportent des mesures conjoncturelles.

Ils recommandent, entre autres, de mettre à niveau leur façon de gérer le secteur à travers le développement technologique, mis à leur disposition par des startups et des universitaires. D’ailleurs, au stade actuel, la région est très dépendante des intrants extérieurs (engrais et équipements) qui ont un coût élevé, mais aussi l’incapacité à répondre à l’influence du climat. 

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