Des correspondances publiées par le quotidien espagnol El Diario.es confirment le rôle joué par l’ex-Chef du gouvernement espagnol comme intermédiaire au service EINSA, spécialisée notamment dans les équipements d’appui à l’aviation civile et militaire. Cette intermédiation a eu pour but de permettre à cette société de remporter des marchés en Algérie et en Libye.
Accusé l’année dernière, dans la presse espagnole, d’avoir joué l’intermédiaire pour l’entreprise d’armement EINSA au Venezuela et en Algérie, José Maria Aznar est confronté aujourd’hui à des preuves palpables sur sa médiation pour l’ouverture et le développement d’un marché d’armement au profit de l’entreprise espagnole EINSA en Libye, après lui avoir créé une « structure » à Alger.
EINSA est une entreprise d’équipements industriels et de manutention, spécialisée notamment dans les équipements d’appui à l’aviation civile et militaire. La Direction générale de la sûreté nationale figure parmi ces principaux clients militaires.
Le quotidien espagnol El Diario.es révèle, dans son édition du 30 octobre dernier, des mails et des correspondances qu’entretenait l’ex-Chef du gouvernement de droite espagnol avec le conseiller-délégué d’EINSA, Pedro Rodriguez Pla, sur le climat des affaires dans les pays du Maghreb en 2008.
« Conformément à vos désirs, je vous joins quelques brefs commentaires sur nos mouvements commerciaux en Algérie et en Libye. Nous avons réussi à nous introduire dans ce pays », lui écrivait Pedro Rodriguez Pla alors que son entreprise venait à peine de pénétrer le marché algérien en commercialisant des instruments pour le maniement des hélicoptères de la police. « Pour ce qui est de la Libye », poursuivait-il s’adressant, « nous n’avons pas encore obtenu des informations précises sur la capacité potentielle de ce pays pour nos équipements. En dépit de son isolement international, qui a duré plusieurs années, et vu ses richesses, nous supposons que son potentiel sera très élevé pour nous. »
Dans ce même mail, Pedro Rodriguez Pla a mis à la disposition de l’ex-leader du Parti Populaire espagnol le personnel de l’entreprise pour « organiser des visites dans ces deux pays et faire les présentations nécessaires et, surtout, pour envoyer des cadres bien choisis afin de visiter les installations et essayer les équipements ». José Maria Aznar a alors demandé, selon les correspondances publiés par El Diario.es « deux représentations, en version électronique et version papier » car il prévoyait de visiter l’Algérie et la Libye deux semaines plus tard.
Une intermédiation réussie au profit de Befesa en Libye
Le colonel Mouammar Kadhafi avait été reçu par l’ex-chef du gouvernement espagnol à Séville en 2007, alors qu’il n’était plus en exercice. Celui-ci avait assuré la médiation entre lui et l’entreprise Befesa, une filiale du groupe Abengoa, spécialisée dans la construction des équipements et des installations de dessalement et d’épuration des eaux.
Le président d’honneur du parti populaire espagnol a signé le contrat d’intermédiation le 8 décembre 2010, avec une commission de 1% du marché, selon des documents publiés le 29 octobre 2014 par El Diario.es et auxquels il a accédé par le truchement de sources anonymes. Le journal économique espagnol El Economista a publié des aveux de l’entreprise Befesa, en reconnaissant José Maria Aznar comme assesseur dans les contrats avec la Libye.
Deux mois après avoir demandé à EINSA des informations sur les deux pays du Maghreb, l’ex-locataire du Palais de Moncloa a apporté une bonne nouvelle à l’entreprise d’armement madrilène. « J’ai parlé hier avec le président et il m’a confirmé que c’est bon, nous avons déjà une structure en Algérie et elle est en marche », écrivait le conseiller de EINSA à l’ex- président de la Caisse d’épargne de Madrid Miguel Blesa, informé de tous les détails de ces affaires.
Dans cette affaire, le gendre du président d’honneur du Parti Populaire, Alejandro Agag – d’origine algérienne – est également impliqué. Il est également son premier associé dans des affaires de développement de l’entreprise aux Etats-Unis.
Des députés de la gauche plurielle espagnole ont exigé mercredi dernier l’ouverture d’une enquête de fond suite à ces révélations.