Le général à la retraite, Khaled Nezzar a porté aujourd’hui de graves révélations concernant Said Bouteflika, le frère et conseiller de l’ancien chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika.
« Jusqu’à la dernière minute, le porte-parole du président – son frère Saïd – s’est accroché au pouvoir, multipliant les tentatives de diversion, les manœuvres, les manigances désespérées pour garder la haute main sur les affaires du pays », a signalé Nezzar dans un texte publié sur le site Algérie Patriotique.
Khaled Nezzar dit avoir rencontré Said Bouteflika deux fois et avoir eu une communication téléphonique avec lui. La première rencontre avait comme objet de discussion l’affaire de Nezzar avec la justice suisse. La deuxième rencontre et la communication par téléphone étaient à la demande de Said Bouteflika qui a demandé conseil au général « janviériste » afin de faire face au soulèvement populaire algérien contre le régime en place.
D’après Nezzar, le 7 mars passé la figure de proue du « clan des Bouteflika », a demandé de le rencontrer. « L’homme était visiblement dans le désarroi. Il voulait connaître mon opinion sur ce qui se passait dans le pays et sur ce qu’il pouvait entreprendre pour faire face à la contestation populaire », a noté le général dans son témoignage. Le militaire dit avoir estimé falu’illait répondre aux demandes du peuple en proposant deux feuilles de route.
«Ce sera l’état d’urgence ou l’état de siège !»
La première était de « prendre comme base de travail la lettre du président qui parle de tenir une conférence nationale, la compléter en précisant les délais quant à sa durée de vie. Donner la date exacte du départ du président qui ne devrait pas excéder 6 à 9 mois. Remplacer l’équipe gouvernementale actuelle par un gouvernement de technocrates ». La seconde était que « le président se retire soit par démission, soit par invalidation par le Conseil constitutionnel. Désignation d’un gouvernement de technocrates. Création de plusieurs commissions indépendantes qui seraient compétentes pour préparer les futures élections et mettraient en place les instruments pour aller vers la deuxième République. Ainsi que la démission du président du Conseil constitutionnel et ceux des deux chambres du Parlement. Le nouveau président constitutionnel assurerait la vacance du poste du président de la République et légiférerait par ordonnances ».
Mais « Saïd Bouteflika rejeta d’emblée cette seconde proposition, la trouvant, à son sens, «dangereuse pour eux». A la question : «Et si cette énième lettre était rejetée, que feriez-vous ?» Il me répondit : «Ce sera l’état d’urgence ou l’état de siège !» révèle le général à la retraite. À cet effet le général lui a rappelé l’aspect pacifique du mouvement populaire.
Tentative de destitution de Gaid Salah
Le 30 mars 2019, Said Bouteflika appelle Nezzar pour lui dire « que le vice-ministre de la Défense et chef d’Etat-major de l’ANP était en réunion avec des commandants des forces et qu’il pouvait agir contre Zéralda d’un instant à l’autre ». « Il voulait savoir s’il n’était pas temps de destituer le chef d’Etat-major », continue Khaled Nezzar. « Au son de sa voix, j’ai compris qu’il était paniqué », a-t-il précisé.
« Je l’en dissuadai fortement au motif qu’il serait responsable de la dislocation de l’armée en cette période critique. Je suis revenu à la suggestion déjà avancée par moi lors de notre précédente rencontre, à savoir l’application de l’article 7 réclamé par le hirak et la désignation de membres de la société civile représentatifs pour assurer la transition et, ensuite, faire savoir immédiatement après que le Président se retirait » témoigne Nezzar.
En outre, Khaled Nezzar a noté qu’il a apporté ce témoignage pour l’histoire et pour « dire jusqu’où était décidé à aller cet homme (Said Bouteflika) qui ne voulait pas comprendre, qui ne voulait pas imaginer, que le rideau était définitivement tombé ».
Par ailleurs, le général a souligné que c’est lui qui a porté à la connaissance de l’ex-DRS les prévarications de l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil, en donnant des précisions et des détails. Il dit qu’il a fait de même pour Orascom dont les agissements ont coûté « très cher au pays ».